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Nidaa Tounes survivra-t-il à son alliance avec Ennahdha ?

Sofiane Toubel Hafedh Caid Essebsi Rached Ghannouchi

Sofiane Toubel Hafedh Caid Essebsi Rached Ghannouchi.

Nidaa Tounes a du mal à arrêter l’hémorragie au sein de son bloc parlementaire, désormais réduit à moins de 60 députés et la grogne de ses cadres dans les régions.

Par Abderrazek Krimi

Très mal géré et traversé par des crises successives, qui l’ont vidé de la plupart de ses fondateurs, dirigeants et cadres, ce parti censé être celui de la majorité gouvernementale continue d’offrir l’image d’une barque à la dérive et qui prend de l’eau partout et le naufrage semble imminent.

Signe de cet effritement, certains de ses députés ont préféré démissionner du bloc parlementaire, ne pouvant plus cautionner cette dérive; d’autres ont été exclus pour avoir osé critiquer des choix et des actions de la direction actuelle, représentée par le duo infernal, Hafedh Caïd Essebsi, secrétaire exécutif autoproclamé, et Sofiane Toubel, porte-parole et président du bloc parlementaire, tous deux proches du baron de la corruption et de la contrebande Chafik Jarraya, actuellement poursuivi par le tribunal militaire pour atteinte à la sûreté de l’Etat, trahison et intelligence avec une armée étrangère, par allusion aux milices islamistes armées de Fajr Libya.

Une très mauvaise passe

La campagne de lutte contre la corruption, lancée le 23 mai dernier, par le chef du gouvernement Youssef Chahed, dirigeant de Nidaa (mais pas trop !), a provoqué un séisme au sein du parti où beaucoup de morveux ont dû se moucher.

La direction du parti, malgré les «recrutements» qu’elle a faits ces derniers mois, et dont la qualité laisse beaucoup à désirer (puisqu’il s’agit d’anciennes figures de la dictature de Ben Ali, d’arrivistes et de corrompus notoires), semble impuissante face à cette hémorragie, dont elle est la principale cause, et qui affaiblit davantage le parti et réduit son poids politique, le reléguant, nettement, à la seconde place, derrière le parti islamiste Ennahdha, supposé être son rival mais qui est devenu son principal allié, sinon sa planche de salut.

Les deux partis, qui traversent une très mauvaise passe, mais pour des raisons totalement différentes, se tiennent, aujourd’hui, par la barbichette, dans une sorte d’alliance de sauvetage réciproque qui se traduira, on l’imagine, par de nouvelles grognes parmi leurs bases respectives.

Pour compenser ce déficit qui change intégralement la donne parlementaire, le génie des nouvelles recrues, à la réputation de renards en matière de politique, à l’instar de Borhen Bsaies et Samir Labidi, qui ont roulé leurs bosses des années durant au service de Ben Ali et de son régime, non pas trouvé mieux que de sceller une nouvelle alliance avec le parti Ennahdha.

Indépendamment des raisons qui ont dicté ce choix, certaines «mauvaises langues» disent même que les preuves d’implication de certains dirigeant du parti avec le baron de la corruption et de la contrebande Chafik Jarraya, en résidence surveillée depuis le 23 mai 2017, ne leur laisse aucune autre solution que de se réfugier derrière le parti islamiste, qui se réjouit certainement de la situation au sein de Nidaa.

L’alignement total au parti islamiste

Cependant, cette stratégique aurait pu être gagnante sans compter avec les bases de Nidaa Tounes et ses cadres régionaux et locaux. Pour preuve, 21 des 27 coordinateurs régionaux du parti ont annoncé, récemment, leur refus de cette alliance injustifiée avec le parti Ennahdha, qui plus est, à un moment on ne peut plus douteux. Selon eux, ce pas franchi par leur parti «consacre l’alignement total au parti islamiste» et risque même de transformer Nidaa en filiale du parti islamiste et de servir des agendas ignorés par le grand public.

En réponse à ces nouveaux remous, M. Caïd Essebsi a préféré, comme d’habitude, la fuite en avant dans le déni de la réalité, l’auto-justification et l’exclusion de toute voix discordante.

Reste que l’expérience a démontré que tous les partis qui se sont alliés avec Ennahdha l’ont payé chèrement lors des élections ultérieures. Ce fut le cas du Congrès pour la république (CpR) et Ettakatol, alliés du parti islamiste dans la «troïka», l’ancienne coalition gouvernementale qui a conduit la Tunisie de janvier 2012 à janvier 2014, et qui ont été balayés du paysage politique au lendemain des élections de 2014.

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