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Relation médecin-malade : Le consentement éclairé aux soins

Dans la relation médecin-malade, on est en train de passer d’un modèle paternaliste où le praticien décide de tout à un modèle autonomiste où la participation du malade est exigée.

Par Dr Karim Abdessalem

Depuis quelques temps on observe un changement dans la relation médecin-malade : ce dernier ne veut plus se fier aveuglement au savant; il veut recevoir des informations claires sur son état de santé pour participer à la décision médicale. On passe d’un modèle paternaliste où le praticien décide à la place du patient à un modèle autonomiste qui fait de l’information au malade et de son consentement des exigences.

Paternalisme du médecin et autonomie du patient

Dans la relation classique, la décision médicale ne peut reposer que sur le seul jugement du médecin. Sans avoir besoin d’informer ou de se concerter, il sait ce qu’il faut faire pour protéger la santé de son patient et réaliser son bien-être. Le praticien considère que le malade est incapable de prendre des décisions au sujet de son état de santé et que des informations graves peuvent lui être dissimulées lorsqu’elles risquent de heurter sa sensibilité ou de freiner sa guérison.

Dans ce rapport paternaliste, le patient est dépendant d’un médecin en qui il accorde sa confiance et vis-à-vis duquel l’expression de sa volonté propre n’est pratiquement d’aucun poids.

A contrario, dans la relation moderne, le médecin n’est plus seul à décider de ce qui est le mieux pour le malade. Il doit lui donner des explications claires sur son état de santé pour lui permettre de bien comprendre sa maladie et de participer aux décisions relatives aux investigations et aux traitements.

Sans être soumis à l’autorité du praticien, le patient autonome choisit ce qui lui semble la meilleure ligne de conduite. Chaque personne a le droit de prendre les décisions qui la concernent, et d’abord celle d’accepter ou de refuser le traitement qui lui est proposé.

C’est le principe du consentement, valeur essentielle de respect sans laquelle aucun acte médical ne peut être pratiqué et cela quelque soit sa nature : examen radiologique, prélèvement biologique, traitement médical ou intervention chirurgicale.

Adapter la loi et le code de déontologie médicale

Contrairement aux pays avancés, où l’information, le consentement aux soins et son corollaire le droit de refuser des soins sont garantis, en Tunisie, ces dispositions ne figurent ni dans la loi ni dans le code de déontologie médicale.

Le code déontologique, ensemble de normes morales régissant la pratique médicale, actuellement en vigueur, n’a fait l’objet d’aucune modification depuis son abrogation en 1993. Il devrait être révisé pour s’adapter au respect des principes libéraux qui s’appliquent à la médecine comme au reste de la société.

La diffusion de la règle du consentement éclairée se heurte à deux écueils principaux.

D’abord, celui de la difficulté de compréhension de l’information : pour qu’un consentement aux soins soit valide, le sujet doit bien comprendre le diagnostic de la maladie, la nature de l’intervention proposée, ses bénéfices et risques, les autres choix possibles de traitements et les conséquences d’un refus ou d’une non-intervention. Ce qui est loin d’être simple parce que le patient peut manquer du minimum de compétence médicale nécessaire à la compréhension des informations et parce qu’il n’est pas évident de la part du soignant de rendre compréhensible des données cliniques complexes.

Ensuite, en révélant toute les données, celui d’augmenter les souffrances psychiques du malade dans les cas où il est confronté à une pathologie grave notamment cancéreuse.

D’après notre expérience, quand le pronostic est sombre, la plus part des médecins choisissent de dissimuler la vérité, ou du moins à ne la divulguer que très progressivement, particulièrement lorsque le malade semble incapable de la comprendre et de la supporter.

Bon gré mal gré, le principe du consentement aux soins s’impose dans la relation médicale. La législation et la formation des soignants doivent s’adapter à ce changement.

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