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Bac : Pourquoi les filles ont-elles un meilleur score que les garçons ?

Le taux de réussite à la session principale du Bac 2017 est beaucoup plus élevé chez les filles (63%) que chez les garçons (37%). Décryptage…

Par Hassen Mzoughi

Commençons par la population globale des candidats au baccalauréat, qui est de 130.280, où les filles (76.633) sont plus nombreuses que les garçons (53.647). L’année dernière, on a recensé 80.000 candidates, contre 55.000 candidats.

Ceci prouve que les filles sont plus portées sur l’enseignement et sur la réussite. Ne sont-elles pas plus nombreuses à l’université que les garçons et plus nombreuses encore à terminer leurs études supérieures? Ce phénomène sociologique est observé en Tunisie depuis une vingtaine d’années, les échecs scolaires étant plus nombreux parmi les garçons à tous les niveaux de l’enseignement.

Que nous disent encore les chiffres? Les lycéennes auraient-elles un meilleur niveau que les lycéens?

Déficit des garçons au bac ?

D’abord une précision : quand on qualifie un niveau scolaire de moyen ou de faible, cela n’est pas un jugement de valeur. Le niveau scolaire est l’expression d’un parcours scolaire où les facteurs environnement, milieu familial, encadrement scolaire et système éducatif lui-même agissent concomitamment.

En réalité, aux différents niveaux du lycée, les filles ont de meilleurs résultats que les garçons. En conséquence, ces derniers redoublent et abandonnent plus souvent leurs études. Au final, moins de garçons arrivent au Bac.

Mais cette différence de niveau scolaire est-elle la seule raison du déficit des garçons au Bac? Il semble que non.

Cruel paradoxe !

Les garçons ont tendance à être moins bien notés en cours d’année que les filles souvent à niveau égal. Les enseignants sont stricts et sévères à l’égard des garçons tenus pour être «arrogants, indisciplinés et incontrôlables». En revanche, la féminisation du corps professoral agit en faveur du «même genre».

Puis un phénomène culturel connu: la manière dont les filles sont éduquées correspond plus à ce qu’on attend d’elles à l’école : elles sont plus disciplinées, plus respectueuses de l’ordre, plus rangées.

Elles ont moins de problèmes en termes d’attention et d’écoute en cours et assimilent donc mieux ce que les enseignants leur apprennent.

Pourtant, cruel paradoxe, les filles ne profitent pas vraiment de leurs «bonnes notes». Après, tout se creuse en leur défaveur: moins d’accès aux filières sélectives, moins de postes à responsabilité dans la vie professionnelle, moins de bons salaires. On dirait que leur réussite est purement scolaire.

Dans tous les cas, l’écart de niveau scolaire entre les garçons et les filles pose un problème de société. Il rappelle que les garçons décrochent plus souvent que les filles.

Décrochage et… dérives

Selon le ministère de l’Education, l’abandon scolaire a touché 4.325.127 élèves entre 1981 et 2015. Rien que pour l’année 2015, 106.000 élèves ont quitté les bancs de l’école sans obtenir un diplôme. Et ce chiffre n’est pas près de baisser. Ce constat est valable pour tous les cycles (primaire, collège et secondaire). A Gafsa, par exemple, le taux est de 68% pour les garçons contre 32% pour les filles, alors qu’à Kasserine, il est de 56% pour les garçons contre 44% pour les filles.

L’abandon précoce des études pose un vrai problème de société. Il conduit inéluctablement à l’oisiveté, au repli sur soi, à la frustration, au désespoir, au rejet de la société et à la délinquance.

Les jeunes qui abandonnent l’école ou le lycée deviennent forcément une proie facile et le terreau dans lequel puisent toutes sortes de trafiquants, à partir des dealers en passant par les filières de l’immigration clandestine jusqu’à celle de la radicalisation et du terrorisme.

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