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Agriculture : Gestion des sols et sécurité alimentaire en Tunisie

Une gestion intelligente des sols en milieu semi-aride et aride est une condition sine qua none de la sécurité alimentaire de la Tunisie, explique l’ingénieur pédologue Amor Mtimet.

Par Imed Bahri

Dans son ouvrage intitulé ‘‘Les sols tunisiens à l’épreuve de la durabilité, de la gestion à la gouvernance’’ (préfacé par Pr Noureddine Ennabli et Pr Abdelaziz Mougou, et publié à Tunis en novembre 2016), Amor Mtimet, ingénieur pédologue, spécialiste des sciences du sol, présente les grands ensembles pédologiques des différentes régions bioclimatiques de la Tunisie et des potentialités des terres cultivables. Il passe aussi en revue les différentes études réalisées au sein du ministère de l’Agriculture et des Ressources hydrauliques. Il propose également des recommandations qui concernent notamment le mode de gouvernance visant à mettre en place un plan stratégique pour que le sol tunisien reste un vecteur de développement durable.

«Ce livre est destiné aux étudiants et aux techniciens agronomes, aux défenseurs de l’environnement, décideurs et gestionnaires et aux agriculteurs tunisiens, afin qu’ils deviennent eux-mêmes les véritables défenseurs du sol, facteur incontournable dans la production agricole», explique l’auteur, en précisant que son ouvrage démontre que la gestion du sol doit s’appuyer sur une approche pluridisciplinaire pour relever les défis de lutte contre la dégradation des sols et leur durabilité. Selon lui, cet enjeu est de taille, d’autant plus que La Tunisie perd chaque année près de 25.000 hectares de terres à cause de l’érosion hydrique et de l’érosion éolienne, ainsi que de la salinisation et de la construction anarchique sur les terres agricole.

Les sols sont un facteur incontournable dans la production agricole, le choix des cultures et les aspects environnementaux de l’homme. Ils stockent les déchets et aussi l’eau et la purifient. Ils épurent les substances toxiques et contribuent à la séquestration du carbone et autres gaz à effet de serre.

Plus d’un milliard d’individus, très pauvres et affamés, vivent sur des terres sévèrement dégradées.

Les pratiques agricoles détériorent la fertilité des terres à travers 2 processus essentiels: disparition de la matière organique et érosion hydro structurale.

D’autres phénomènes sont également à l’origine de l’épuisement et la stérilisation des terres (tassement, salinisation et hydromorphie, pollution, urbanisation…).

S’appuyant sur des études riches et variées de géologues, de géomorphologues, des phyto-écologues et de pédologues (successivement 3 générations, des années 60-80, 80-2000, et post 2000), qui ont sillonné la Tunisie, et sur l’immense travail cartographique des institutions (plus de 60% du territoire ont été cartographiés à différentes échelles), l’ouvrage d’Amor Mtimet se présente comme un essai de synthèse des multiples diagnostics de notre espace sur plus de 50 ans, synthèse qui essaie de récapituler les grands traits de nos sols, leur rôle pour un aménagement et un développement agricole intégré, tenant compte des menaces de la dégradation, et pour une réhabilitation appropriée et moderne : 5 à 5,4 millions ha de terres cultivables, 1,1 million ha sont cultivés sur des terres sensibles, 67% des surfaces des terres arables reçoivent moins de 150 mm/an, 46% des cultures sont réalisées sur des terres à fertilité limitée.

Les leçons tirées par l’auteur des expériences des années 70, 80 et 90 nous enseignent que «rien ne pourrait être durable dans le domaine de la gestion des ressources naturelles sans une politique incitant les populations et les communautés rurales à la participation et à leur implication aux programmes et actions de développement et de protection, de lutte contre la pauvreté et contre la surexploitation, en particulier des ressources en sols.»

Aussi, explique le chercheur, «une gestion intelligente des sols en milieu semi-aride et aride est-elle une condition sine qua none de notre sécurité alimentaire, de la lutte contre la pauvreté et des déplacements des populations.» Et, dans ce contexte, «une prise de conscience des politiques du caractère limité du potentiel des sols fertiles en régions sud- méditerranéenne et présahariennes est un des éléments fondamentaux pour un développement agricole durable en Tunisie.»

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