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La logorrhée identitariste nauséabonde de Salem Labiadh

Salem Labiadh fait partie des intellectuels culturalistes-identitaristes, développant une logorrhée anti-bourguibiste, anti-francophone, anti-Occidentale, anti-féministe, anti-laïque…

Par Mohamed Sadok Lejri *

La dernière déclaration de Salem Labiadh, député du Mouvement du Peuple (Haraket Ech-Chaâb), provoque un fort tapage sur les réseaux sociaux.

Lors de la séance plénière du vendredi 21 juillet 2017, l’ancien ministre de l’Education a déclaré que le projet de loi de lutte contre les violences faites aux femmes annonce l’avènement d’un féminisme radical qui pourrait être à l’origine de l’effondrement des piliers de la famille et de la légalisation de l’homosexualité en Tunisie.

Féminisme, dévirilisation et homosexualité

Le lien établi entre le féminisme et l’homosexualité en a étonné plus d’un. En réalité, il n’est pas aussi farfelu qu’on pourrait le croire. Il faut savoir que les idéologues de l’extrême droite ont toujours fait le lien entre féminisme et homosexualité; c’est une vieille rhétorique de l’extrême droite.

Ils estiment que lorsque l’homme n’est plus le chef de la famille, il ne joue plus son rôle d’homme et, à terme, sa virilité est remise en cause. Les femmes, en prenant beaucoup de pouvoir, notamment au sein de la cellule familiale, deviennent en quelque sorte des superwomen qui peuvent se passer des hommes. Cette dévirilisation de la société est, selon eux, une porte ouverte à toutes les «turpitudes», y compris à l’homosexualité. D’où le lien établi par Salem Labiadh entre le féminisme et l’homosexualité.

Salem Labiadh fait partie de ce que l’on appelle les «sociologues culturalistes». Qui sont-ils? Ce sont des universitaires qui produisent des représentations monolithiques de la société tunisienne avec des implications profondément identitaires et homogénéisantes. Ce sont des conservateurs, unilingues pour la plupart d’entre eux, qui ont gardé une rancœur tenace vis-à-vis de la modernisation volontariste qui a été entreprise par Bourguiba. Ils sont convaincus que la modernisation de la Tunisie, qui, pour eux, est synonyme d’occidentalisation, et le choix de la langue française pour l’enseignement, ont provoqué une rupture foudroyante avec le «soi authentique», c’est-à-dire avec l’identité tunisienne qui ne saurait être qu’arabe et musulmane.

Ces «sociologues culturalistes» sont devenus, par la force des choses, imperméables aux concepts et aux paradigmes produits sous d’autres cieux et estiment que l’influence occidentale, même si elle est de nature scientifique, est néfaste pour l’«authenticité arabo-musulmane» de la Tunisie.

En conséquence de cela, ces «sociologues culturalistes» s’évertuent à recentrer la recherche en sciences sociales sur la question de l’identité et la place de l’islam, et ce, en rédigeant leurs textes exclusivement en langue arabe.

Le prisme culturaliste et identitariste

Cette façon d’analyser les choses à travers le prisme culturaliste et identitariste ne se limite au domaine de la sociologie, mais s’étend aux autres disciplines qui relèvent des sciences humaines. Pour dire les choses de manière crue et directe, les culturalistes-identitaristes ne ratent pas une occasion pour déverser leur haine sur tout ce qui touche à la modernité et à l’Occident. Ils sont tournés vers le passé et plus particulièrement vers l’Orient du Moyen Age.

Comme beaucoup de gens que l’on peut voir dans nos contrées «arabo-musulmanes», ils se nourrissent de rancune et vivent en dehors de l’Histoire; ils s’accommodent de leur triste sort en jetant l’anathème sur ce Grand Satan qu’est l’Occident et en lui imputant tous les maux de la terre. Ils voient dans l’Occident une grosse machine d’acculturation qui s’acharne à détruire l’«authenticité» des sociétés ancrées dans la civilisation arabo-musulmane.

Les culturalistes-identitaristes ont constamment les yeux rivés vers le passé; ils n’envisagent le futur qu’à partir d’un passé fantasmé, ils sont prisonniers d’un passé mythique et mythifié. Plusieurs d’entre eux n’arrivent pas à se libérer de certains délires psychédéliques qui leur font croire que les Arabes seraient à l’origine de toutes les découvertes et innovations scientifiques, techniques, médicales etc., voire précurseurs de la démocratie en Occident, de la tolérance et des libertés.

D’ailleurs, leurs pairs, soit les collègues de ces universitaires culturalistes-identitaristes, ne leur reconnaissent aucun mérite académique, sauf une logorrhée nauséabonde anti-bourguibiste, anti-francophone, anti-Occidentale, anti-féministe, anti-laïque…

En somme, les universitaires culturalistes-identitaristes sont des personnes aigries et animées d’un zèle aveugle et intransigeant pour notre fameuse «hawiya», qui vivent dans leur petit monde borné et bourré d’idées rétrogrades, fumeuses et haineuses. Une chose est sûre, il ne faut pas trop compter sur eux pour que l’université tunisienne atteigne les cimes de l’excellence.

* Universitaire.

 

 

 

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