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Environnement : Nouvelles menaces sur Zembra

Parc national et réserve marine de pêche, l’île de Zembra a jusque-là été préservée de l’appétit vorace des affairistes, mais les menaces sont toujours là.

Par Hassen Mzoughi

Au début des années 80, le Prince Karim Agha Khan, richissime philanthrope, a voulu acheter l’île de Zembra. La réponse de Bourguiba était immédiate : «La Tunisie n’est pas à vendre»!

En avril 2008, l’île a failli être vendue à un richissime chinois par la famille Ben Ali. Il avait promis 600 millions de dollars pour transformer ce véritable paradis en un gigantesque complexe touristique haut de gamme pour riches touristes chinois et américains amateurs d’exotisme (golf, marina, casinos, buildings, routes…) dans un site de 389 hectares, qui est le plus ancien parc national de Tunisie.

Les écolos et les intellectuels s’étaient alors unis pour sauver Zembra. Ils y ont réussi grâce, disait-on à l’époque, aux Américains qui, pour des raisons stratégiques, s’étaient opposés à ce que les Chinois débarquent dans un endroit aussi stratégique.

Autorisations délivrées avec «légèreté»

Aujourd’hui, les nouvelles menaces viennent de l’intérieur, de ces nouveaux «requins» qui ne reculent devant rien et personne pour gagner du fric, quitte à détruire un trésor historique et naturel qui bénéficie du plus haut niveau de protection réglementaire (en 1973, classé réserve marine de pêche; en 1977 classé parc national) et de la reconnaissance internationale (en 1977, classé réserve de biosphère par l’Unesco; en 2001: classée aire spécialement protégée d’importance méditerranéenne du PAM/PNUE; Zico)

Selon des témoins, les excursions sont de plus en plus nombreuses vers les îles Zembra et déplacent des «plaisanciers» peu respectueux de la fragilité de l’écosystème îlien.

L’accès à l’île étant soumis à l’autorisation préalable du ministère de la Défense nationale et de la Direction générale des forêts, la fréquence jugée «excessive» de ces excursions laisse supposer que les autorisations seraient délivrées avec une certaine «légèreté» ou complaisance.

Zembra et Zembretta: des sites exceptionnels qui ne sont jamais assez protégés. 

Il devient donc urgent de contrôler la conformité de ces «sorties» aux règles en vigueur. Primo pour contrer des «croisières sauvages» et secundo pour ne pas exposer les citoyens à des dangers en mer avec la multiplication des fréquences de traversées et les excès possibles.

N’oublions pas que la perspective d’une demande accrue des vacanciers vers des sites moins fréquentés (comme Zembra) que les stations classiques bondées excite l’appétit de plusieurs affairistes issus généralement du secteur de la pêche.

Ce serait pire que Ben Ali

Des restaurateurs cherchent, eux, à prendre pied sur l’île. Ils tenteraient d’obtenir des concessions afin de pouvoir s’installer sur ses côtes. Le comble, car on risque de voir pousser des cabanes minables servant de «gargotes» de riches! Imaginez le «décor».

Evidemment, nous souhaitons vivement que leurs «démarches» ne soient pas satisfaites. Sinon, ce serait la mort de ce paradis.

Aux autorités compétentes de couper la route à ces opportunistes à l’affût de l’argent facile. Leur permettre de réaliser leurs affaires, c’est faire pire que Ben Ali.

Rappelons que l’archipel, formé de l’île de Zembra et de l’îlot de Zembretta est situé à l’ouest de la pointe du Cap Bon. Il se trouve à 15 km de Sidi Daoud et 55 km de La Goulette.

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