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Loi de finances 2018 : L’Utica tacle l’UGTT

Youssef Chahed va devoir arbitrer durement entre Noureddine Taboubi et Ouided Bouchamaoui.

La centrale patronale fait assumer à la centrale syndicale une grande responsabilité dans la situation très difficile des entreprises, notamment publiques.

Par Khémaies Krimi

En discutant le projet de la Loi de Finances 2018, l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica), s’est permis le risque de proposer au gouvernement Youssef Chahed deux solutions «de tendance belliqueuse» pour alléger la pression sur les finances publiques.

La première consisterait à renégocier avec l’’Union générale tunisienne du travail (UGTT), la centrale syndicale, le report du versement, prévu pour l’exercice 2018, de la deuxième partie des augmentations salariales dans la fonction publique.

Dans un long document comportant les propositions de la centrale patronale pour la Loi de Finances 2018, ont lit notamment : «Dans un Etat de droit, il importe que des engagements pris soient honorés. Néanmoins, et compte tenu de la situation des finances publiques, un report des augmentations salariales, si ce n’est total, au moins partiel, devra être négocié, avec au besoin une compensation».

Et l’Utica de préciser dans sa deuxième proposition, la nature de cette compensation. Il s’agirait d’«une compensation par des droits et des avantages à l’entrée au capital d’entreprises publiques».

Moralité : avec ces deux propositions, l’Utica cherche à faire assumer à l’UGTT sa double responsabilité dans l’augmentation inacceptable de la masse salariale, qui représente désormais 15% du PIB contre 12% souhaité par le FMI, et du soutien inconditionnel qu’elle apporte à la préservation du statut des entreprises publiques qui traînent un déficit de 5,5 milliards de dinars compensé par le budget de l’Etat, donc par les contribuables, y compris les salariés et adhérents de l’UGTT.

Cette attaque feutrée à l’endroit de l’UGTT serait une réponse aux critiques virulentes formulées, le 12 septembre 2017, par la commission administrative nationale de la centrale syndicale à l’encontre de certaines chambres syndicales patronales.

Ladite commission administrative a, en effet, «dénoncé, à cette occasion, le refus de certaines chambres syndicales relevant de l’Utica d’accorder aux travailleurs leur droit à la majoration salariale durant des années», exprimant à cet égard sa solidarité avec les mouvements des fédérations des mines, du transport, de la poste et de la santé.

Elle appelle, en outre, «l’Utica à respecter ses engagements concernant le démarrage des négociations pour les majorations salariales en avril 2018, invitant également le gouvernement à tenir ses promesses au sujet du lancement des négociations sociales pour la majoration salariale dans la fonction publique et le secteur public au titre de l’année 2018», une année qui s’annonce très dure pour toutes les parties, y compris surtout pour les entreprises.
Conclusion: des empoignades se profilent à l’horizon entre patrons et syndicalistes.

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