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Miss Tunisie 2017: Un air de glamour dans la morosité ambiante

C’est Haïfa Ghedir qui a remporté le titre de Miss Tunisie 2017, une licenciée d’anglais, traductrice et étudiante en journalisme de 23 ans. 

Par Habib Trabelsi

Dans un décor scintillant de mille feux, 16 prétendantes au titre de Miss Tunisie 2017 ont défilé dimanche soir, 8 septembre 2017, au Théâtre municipal de Tunis, entouré d’un dispositif de sécurité imposant dans un pays toujours pionnier dans le monde arabe en matière de droits des femmes, même s’il est encore confronté à la montée d’un radicalisme islamiste.

La beauté au service de la bonté

Devant un public majoritairement féminin, les 16 concurrentes, quasi-coupées du reste du monde pendant un mois dans un hôtel huppé pour un apprentissage intensif des bonnes manières, de la danse ou encore des arts de la table, étaient toutes porteuses de projets d’intérêt général, tels que la réhabilitation d’établissements scolaires ou le soutien d’une action humanitaire…

Des candidates toutes aussi belles. 

Car pour les organisateurs, la beauté n’est pas le seul critère d’élection. Elle doit rimer avec bonté, générosité, volontarisme.

Pour cette édition, chaque prétendante avait été appelée à mettre en œuvre un projet pour la restauration de la maison de culture dans son gouvernorat d’origine afin de renouer les jeunes avec la culture et les bibliothèques.

Haïfa Ghedir (23 ans), qui défend les couleurs de Béja, a décroché dimanche la couronne tant convoitée par les seize concurrentes au terme de l’entraînement marathon. Maintenant qu’elle est l’ambassadrice de la beauté nationale, cette jeune licenciée d’anglais, traductrice et étudiante en journalisme pense se consacrer à «l’amélioration de l’état des dispensaires et hôpitaux publics dans tous le pays» qui en a bien besoin.

Les établissements publics de santé souffrent en effet de mille maux (dégradation des lieux, manque d’équipements, insécurité, laxisme…) de l’aveu même de l’ex-ministre de la Santé, Slim Chaker, décédé dimanche matin d’une crise cardiaque à l’issue d’un marathon pour la prévention du cancer.

Une ambiance glamour comme on l’aime. 

Mais en matière de beauté, plusieurs autres candidates — comme Nihal Bouzid, miss Nabeul, ou encore à Khawla Baklouti, miss Monastir, des plus adulées par bon nombre des présents à la soirée finale— n’ont rien à envier à Haïfa Ghedir, dont le sacre a surpris jusqu’à ce jeune Suisse qui accompagnait le journaliste de Kapitalis. «Unexpected result ! The real beauties: Nabeul and Monastir», s’est-il exclamé… en anglais !

La beauté pour redorer l’image écornée de la Tunisie

Outre «l’harmonie corporelle», la maîtrise de langues étrangères, en particulier l’anglais, est un critère déterminant dans un pays en mal d’investisseurs et de touristes.

Quant au français, il est «obligatoire», selon Aïda Antar qui préside depuis 1978 aux destinées de ce concours national de beauté dont la première édition date de la proclamation de l’indépendance tunisienne en 1956 mais qui a connu plusieurs rebondissements au fil des régimes politiques.

Spectacle, lumière et beauté. 

C’est précisément cette image de «la femme tunisienne libre, indépendante et intelligente» qu’assure défendre Aïda Antar. «A travers elle, c’est l’image du pays tout entier qui s’en trouvera embellie», répète à l’envi la présidente de l’Association culturelle et artistique Tej, accréditée pour représenter la Tunisie à Miss Monde.

«Le pays n’a pas sombré dans l’intégrisme total. En organisant une élection de Miss, nous voulons rassurer sur l’état réel de la Tunisie et restaurer l’image du pays que certains semblent avoir oublié depuis la révolution», avait-elle déclaré en conférence de presse, en avril 2013, alors que la Tunisie renouait avec l’élection de sa Miss nationale, annulée pendant 3 ans en raison de l’instabilité politique et sécuritaire dans le pays.

Afin de ne pas susciter les émois des extrémistes islamistes, Aïda Antar avait pris soin dès 1996 de supprimer des défilés en maillots de bain, par respect pour «la pudeur des candidates».

Le quintet gagnant. 

«Nous voulons être modernes tout en gardant notre identité et nos principes», disait celle que des médias français gratifient du surnom de «Madame de Fontenay» (l’ancienne présidente du Comité Miss France, Geneviève de Fontenay).

Même si la compétition est ouverte aux jeunes filles voilées qui ne manquent pourtant ni de charme ni de grâce, la soirée finale du concours, retransmise en direct et en exclusivité par une chaîne de télévision privée, a été un festival de couleurs en matière de chevelures, d’accessoires au design épuré et de robes somptueuses au style glamour, dignes des grands stylistes.

Dimanche soir, les spectateurs, dont de rares femmes en voile, et des téléspectateurs ont même assisté à des jeunes filles brunes, châtains ou blondes, à la silhouette de rêve et au sourire des plus charmants, valser dans les bras de jeunes garçons : un spectacle inédit et de haute gamme.

Haïfa Ghedir sur son trône.

Les concurrentes – dont la signature des parents est exigée pour concourir – venaient de Jendouba, Ben Arous, Médenine, Béja, Mahdia, Nabeul, Siliana, Kasserine, Sidi Bouzid, Bizerte, Sfax, Ariana, Monastir, Tunis et Sousse, ainsi que miss Reine des Roses, de l’Ariana.

Les candidates des huit autres gouvernorats n’ont pas été retenues car «elles ne remplissaient pas les critères exigés», selon la «Madame de Fontenay» de Tunisie, une spécialiste de la beauté et de l’étiquette, qui réside à Vancouver mais qui est rompue à l’organisation de Miss Tunisie… un défi à la montée de l’intégrisme.

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