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Pour mieux connaître les maladies psychiatriques

Parce qu’on a peur de ce qu’on ne connaît pas, les maladies psychiatriques alimentent des mythes et des préjugés que l’auteure tente de dissiper.

Par Dr Wafa Abdelghaffar *

En tant que médecin psychiatre, j’ai remarqué que de nombreuses personnes ont des peurs, des idées reçues négatives à propos des maladies psychiatriques et les personnes qui consultent en psychiatrie sont parfois montrés du doigt et stigmatisés et ceci se répercute sur leur santé.

J’ai également remarqué que ces idées négatives sont souvent dues à une ignorance dans ce domaine.

Il faut dire que la psychiatrie est un domaine très vaste et il existe plusieurs types de troubles, donc l’amalgame est vite fait. Et ce qui n’arrange pas les choses c’est que le seul hôpital psychiatrique de la Tunis, l’hôpital Razi, est assimilé dans l’inconscient collectif à diverses légendes macabres qui n’ont rien à voir avec la réalité.

Partant du principe que les gens ont toujours peur de ce qu’ils ne connaissent pas, j’ai décidé d’écrire cet article pour présenter de façon simple et vulgarisée les principaux troubles psychiatriques.

De façon générale, ces troubles peuvent toucher chacun d’entre nous. Leur origine exacte n’est pas encore connue mais les études ont montré que plusieurs facteurs entrent en ligne de compte : génétiques, psychologiques et environnementaux.

Névroses, psychoses et schizophrénie

Classiquement divisées en «névroses» et «psychoses», la classification de ces maladies a changé plusieurs fois durant les siècles derniers et reste du domaine des spécialistes. Nous allons donc décrire les principaux troubles sans préjuger de leur classification.

Commençons par la «schizophrénie». Il s’agit d’une «psychose chronique» qui peut donner un délire (des idées fausses dont le patient est convaincu) et des hallucinations souvent auditives (le patient entend des voix).

Cette maladie peut abolir le sens de discernement de la personne et altérer son contact avec la réalité. Elle était souvent assimilée à la «folie» puisqu’elle amène le patient à avoir des comportements qui semblent saugrenues et inexplicables pour son entourage.

Plusieurs personnes font un amalgame entre la schizophrénie et les autres maladies psychiatriques et considèrent tous ceux et celles qui consultent en psychiatrie comme des «fous».

La schizophrénie est, actuellement, considérée comme une maladie curable et non comme une «folie». Si elle n’est pas traitée, elle peut avoir une évolution grave et débilitante et aboutir à la marginalisation de la personne et parfois à des actes agressifs.

Par contre, si elle est traitée de façon précoce et adaptée, l’évolution est favorable et le patient peut avoir une rémission durable, être actif et profiter de la vie.

Le traitement se base sur les médicaments anti-psychotiques (ou neuroleptiques), les psychothérapies et la thérapie sociale, c’est-à-dire le fait d’aider la personne atteinte à se réinsérer dans la vie sociale et professionnelle.

Dépression, trouble bipolaire et anxiété

La «dépression», quant à elle, est un trouble de l’humeur qui associe essentiellement une tristesse de l’humeur, une perte de l’envie de travailler ou de s’amuser, une fatigue et une baisse de l’estime de soi, des idées négatives sur l’avenir et sur le monde et parfois une envie de mourir.

Il s’agit d’une maladie curable sous un traitement approprié associant médicaments antidépresseurs et psychothérapie. La personne peut reprendre une vie normale.

D’autres troubles de l’humeur peuvent associer des périodes d’excitation et d’euphorie appelées «épisode maniaque» pendant lesquelles la personne peut faire des actions qu’elle regrettera plus tard (dépenses excessives, prises de risque de tout genre, etc.) constituant ainsi un «trouble bipolaire» de l’humeur.

Ce trouble chronique doit être traité de façon précoce et adaptée par des traitements régulateurs de l’humeur et des psychothérapies.

Un autre chapitre important est représenté par les «troubles anxieux» qui peuvent selon leur sévérité constituer une souffrance plus au moins importante chez la personne atteinte.

Plusieurs entités peuvent se voir : phobies, anxiété généralisée, trouble panique, trouble obsessionnel compulsif ou symptômes survenant suite à un traumatisme.

Toutes ces maladies doivent être diagnostiquées précocement et traitées adéquatement pour pouvoir s’améliorer et guérir.

La dépression et les troubles anxieux ne provoquent pas habituellement d’abolition du discernement comme c’est le cas de la schizophrénie mais peuvent, dans certains cas sévères, constituer un handicap et empêcher la personne atteinte de vivre sa vie normalement.

Traitements : médicaments et insertion sociale

Le traitement des maladies psychiatriques fait appel à plusieurs axes : les médicaments, les psychothérapies et l’insertion sociale.

Contrairement aux idées reçues, la plupart des médicaments psychiatriques n’induisent pas de dépendance. Seuls quelques rares médicaments comme la classe des «benzodiazépines» peuvent, s’ils sont pris sans l’avis d’un médecin, et après une longue utilisation, présenter un risque d’induire un phénomène de dépendance.

Les psychothérapies qui ont le plus de preuves d’efficacité actuellement sont les thérapies cognitives et comportementales (TCC) qui comportent une action sur les pensées avec restructuration cognitive et des exercices comportementaux pour changer les comportements négatifs.

Je vais insister sur le dernier point qui est l’insertion sociale et qui joue un rôle capital pour permettre aux personnes atteintes de guérir. En effet, l’amélioration du pronostic des troubles psychiatriques passe par l’acceptation de ces personnes par leur environnement familial et professionnel et la lutte contre la stigmatisation. Ainsi, un patient qui a un bon soutien familial et qui travaille régulièrement aura plus de chances de guérir de sa maladie.

* Assistante hospitalo-universitaire en psychiatrie.

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