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Assurance-vie : L’épargne comme levier de financement de l’économie

Lotfi Haj Kacem.

Le secteur de l’assurance-vie est un vecteur important de mobilisation de l’épargne pour le financement de l’économie. Et un appui au système de sécurité sociale. 

C’est l’idée forte qui ressort de la rencontre organisée par Assurance Hayett, dans le cadre de la  célébration de son 30e anniversaire, vendredi 13 octobre 2017, à l’hôtel Les Berges du Lac Concorde, au nord de Tunis.

Autour de Lotfi Haj Kacem, directeur général d’Assurance Hayett (et DGA de la Comar), quatre experts du secteur, Eric Martin, Hafedh Gharbi, Kamel Madouri et Mehdi Ben Brahem, ont présenté des exposés autour du thème central: «Problématique de la retraite et assurance vie», en présence de hauts responsables d’Assurance  Hayett, dont Hakim Ben Yedder, directeur général de la Compagnie méditerranéenne d’assurance et de réassurance (filiale de Comar, Groupe Amen), et d’un parterre d’agents assureurs et de clients.

L’assurance est une branche majeure pour l’économie

Evoquant, dans son mot de bienvenue, le développement de l’assurance en général et de la branche l’assurance-vie en particulier, M. Haj Kacem a souligné l’importance de ce secteur économique qui constitue un investissement d’épargne à court et à long termes et doit être constamment réformé en tenant compte des besoins du marché et des évolutions et innovations qu’il connaît à travers le monde. Quant au bilan d’Assurance Hayett, il l’a qualifié de «satisfaisant», malgré la conjoncture économique difficile en Tunisie depuis 2011, en se félicitant au passage des 50.000 clients faisant aujourd’hui confiance à la compagnie.

Hakim Ben Yedder au milieu de ses invités. 

Revenant au thème de la conférence du trentenaire, M. Haj Kacem a rappelé qu’il est le même que celui du 20e anniversaire d’Assurance Hayett, qui mise constamment sur les réformes pour développer cette branche, tous segments confondus. «Nous sommes plus que jamais déterminés pour réformer, innover, digitaliser et décentraliser», a-t-il assuré, dans ce qui sonne comme une stratégie pour les prochaines années.

Hafedh Gharbi, président depuis 2012 du Comité général des Assurances (CGA), a indiqué, de son côté, que le secteur de l’assurance, avec ses 11 compagnies et celles exploitées par les banques, contribue efficacement au financement de l’économie nationale, mais le code qui gère le secteur est encore rudimentaire et nécessite une réforme de fond.

«Le cadre réglementaire est archaïque et au sein du CGA, on est en train d’examiner les moyens de le réformer pour mieux cadrer le secteur de l’assurance-vie et toutes les autres branches», a annoncé M. Gharbi. Pour aider au développement du secteur et notamment le segment de l’assurance-vie, on doit l’encourager avec une panoplie d’avantages. On doit aussi revoir les fiches «en tenant compte des menaces et risques exogènes et endogènes identifiés lors de la crise que traverse le pays», a expliqué l’expert.

«Pour mieux vendre ce service de l’assurance-vie, au sein des compagnies d’assurance et des banques, un travail en pool s’impose pour mieux sensibiliser le gouvernement à l’intérêt qu’il y a à encourager le développement de cette forme d’épargne stable. Les compagnies d’assurances peuvent appuyer des caisses sociales, qui souffrent aujourd’hui de grosses difficultés, et c’est un véritable investissement que doit prendre en considération le gouvernement», a encore souligné M. Gharbi.

L’épargne vient des assurances

Juriste et énarque, Kamel Midani, représentant du ministère des Affaires sociales, a évoqué, quant à lui, le déséquilibre dont souffrent les caisses sociales, les problèmes que présente le système de la sécurité sociale en Tunisie et les négociations en cours avec les différents acteurs pour le réformer.

«Le cumul des dettes des caisses a atteint, fin septembre dernier, les 2.675 millions de dinars (MDT), répartis entre la Caisse nationale de retraite et de prévention sociale (CNRPS, 1.455 MDT) et la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS, 1220MDT), à cause notamment du manque de liquidité, de l’amélioration de l’espérance de vie, de l’augmentation de la retraite jusqu’à 90% du salaire, de l’augmentation du nombre des retraités au fil des ans et de la hausse du nombre de départs à la retraite avant l’âge légal», a rappelé l’intervenant, en soulignant aussi, au passage, que les salariés ne font pas tous leurs déclarations et que la réforme de la sécurité sociale est devenue plus qu’une nécessité, une urgence. C’est la tâche à laquelle s’attelle actuellement le gouvernement.

Mehdi Ben Brahem, maître de conférences à l’ESSEC et chercheur au laboratoire d’économie et de gestion industrielle à l’Ecole Polytechnique de Tunis, s’est intéressé, de son côté, aux faiblesses du système de sécurité sociale devenu obsolète et ne répondant plus aux exigences actuelles adhérentes. La réforme de la retraite, et notamment la prolongation de l’âge de la sortie en retraite, est bloquée à cause d’enjeux à la fois économiques et politiques, a-t-il souligné, tout en rappelant que «que 50% des gens travaillent dans le secteur informel, alors que le taux officiel de couverture sociale en Tunisie est, officiellement, de seulement 80%. En vérité, seuls 60 ou 65% des travailleurs cotisent pendant les 4 trimestres de l’année». M. Ben Brahem pense, à ce propos, aux femmes de ménage et aux ouvriers dans les chantiers. Mais pas seulement…

Une stratégie de valorisation s’impose

Tout en déplorant que «depuis 2011, l’UGTT et le gouvernement continuent de rabâcher le même discours, tout en faisant du surplace» et que, dans les négociations en cours, chaque partie tire de son côté et défend ses intérêts, qu’il s’agisse de l’UGTT, de l’UTICA ou du gouvernement, l’expert a estimé que toutes les parties concernées doivent s’adapter à la situation et chercher d’autres moyens pour financer les caisses sociales déficitaires, comme de taxer davantage l’alcool et tabac.

«Dans une négociation, des concessions sont toujours nécessaires de part et d’autre. Et pour convaincre, il faut que les décideurs, qui bénéficient généreusement des caisses sociales, commencent par eux-mêmes pour donner l’exemple. Faire sortir des gens à la retraite anticipée et, en même temps, demander à élever la date du départ en retraite n’a pas de sens. On est en train de faire du surplace. Alors que pour combler le trou dans les caisses sociales, il faut d’abord favoriser la croissance. On peut avancer la date du départ à la retraite, mais pas de manière obligatoire», explique encore l’universitaire.

L’expert français de l’assurance vie Eric Martin, directeur Actuariat du Groupe Crédit Agricole, a évoqué, pour sa part, la situation de la sécurité sociale dans l’Hexagone, qui exige, elle aussi, des réformes, en précisant que le secteur de l’assurance peut apporter des solutions qui aident à sortir de l’impasse.

«La France compte 16 millions de retraités dont un 1/3 sont des personnes très bien payées. Le système de la Sécu en France n’est pas mieux loti que celui en Tunisie. Il est complexe lui aussi. Avec le cumul ajouté chaque année des départs à la retraite, la persistance du chômage et la baisse des cotisations, le déficit se creuse de plus en plus», a expliqué M. Martin, tout en rappelant que l’épargne, que représente l’assurance-vie, présente un avantage fiscal de poids pour l’épargnant. «C’est le chantier mis en route actuellement par le président Emmanuel Macron», a-t-il conclu.

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