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Tourisme alternatif : Comment faire parler le patrimoine

On multiplie les rencontres pour encourager le tourisme alternatif, qui prend de plus en plus de place parce que le tourisme balnéaire a montré ses limites.

Par Hamma Hanachi

Développer le tourisme alternatif, tel est le thème d’une journée de découverte et de rencontre- débat organisée au Kef, samedi 14 août 2017. Le sujet est récurrent et revient plus fréquemment sur la scène depuis que le tourisme de masse est en déclin.

Un salon coordonné par Mohiedine El Jaziri accueille les visiteurs d’un jour : la Fédération tunisienne des agents de voyages (Ftav) ayant mobilisé ses membres pour soutenir cette initiative, près d’une centaine d’entre eux sont venus de Djerba, de Sfax, de Sousse, de Nabeul , de Tabarka ou de Tunis.

Le gouverneur du Kef, le consul d’Algérie à Tunis (la région est frontalière) ont fait le tour des stands et souligné l’importance de ce type de tourisme.

Boutheina Gharbi, architecte du Circuit Magon.

Des richesses naturelles peu, mal ou pas exploitées

Des artisans de la région exposent les produits locaux d’artisanat, des tapis tissés main, des variétés de miel et sirops biologiques, des condiments de cuisine sans conservateurs, des herbes et plantes aromatiques, des huiles essentielles… et une masse visible de documentation sur les différents types de tourisme alternatif dans la région (solidaire, écologique, archéologique, pédestre…). Où l’on remarque une présence forte d’organisations internationales qui ont pris entièrement ou partiellement en charge les projets des petits promoteurs artisans, des éleveurs, des petites coopératives agricoles, des communautés d’entraide et des associations solidaires.

Il faut souligner que la région regorge de richesses et de potentiel naturels peu, mal ou pas exploitées du tout.

Luciano Borin, président de l’Association pour la valorisation de l’héritage culturel.

Devant un public curieux et apparemment attentif, trois spécialistes en tourisme alternatif se sont succédé au stand de la Ftav animé par Hamda Abdellaoui, président de la Fédération régionale Djerba-Zarzis des agents de voyages.
Abdehamid Fehri, docteur en tourisme et conservateur du musée de Kerkenah, a rappelé les dates clé de la naissance du tourisme solidaire, les chartes régissant ce tourisme et son expérience propre dans l’île. «Le tourisme solidaire en Tunisie, dit-il n’a pu voir le jour que lorsque le tourisme traditionnel (entendez balnéaire) a monté ses limites suite à des crises successives non maîtrisées», explique-t-il. «Le tourisme solidaire, local, participatif profite aux classes défavorisées, il vaut mieux dans ce cas dire visiteur plutôt que touriste», ajoute-il.

Des infrastructures et des circuits à mettre en place

Luciano Borin, ancien directeur à la Banque mondiale (BM) et à la Banque africaine de développement (BAD), président de l’Association pour la valorisation de l’héritage culturel, s’adresse aux voyagistes : «Il faut créer des circuits culturels au nord-ouest, organiser des visites régulières», et de citer les nombreuses cités antiques : Dougga, la Table de Jugurtha, le Kef ou Althuburos, à 40km au sud du Kef, visité par le groupe, étonnante cité de par sa dimension punico-numide, romanisée, qui comprend beaucoup de monuments publics et de somptueuses villas.

Althuburos, un site sans visiteurs.

Boutheina Gharbi, architecte du projet Magon, route des vins, décrit les richesses du Kef qui était une capitale et de sa région, 70% des vestiges archéologiques se trouvent à l’intérieur du pays. «Il manque des réseaux pour commercialiser les nombreux produits comme les circuits numides, Chemtou, la Table de Jugurtha… Par ailleurs, les textes législatifs manquent pour monter des projets relatifs au tourisme alternatif», explique-t-elle.

L’ensemble des intervenants s’accorde sur un constat : la réussite du tourisme alternatif renforce le tourisme balnéaire qui constitue la colonne vertébrale du tourisme en Tunisie et n’a pas vocation de le remplacer.
La présence des voyagistes montrent l’intérêt qu’ils portent au développement des régions. «Il y a tant de niches à exploiter ici, à Kasserine et dans d’autres régions, mais depuis toujours l’administration n’y accorde pas d’importance. Il y a un manque de volonté politique manifeste», remarque Abdellaoui. Soit!

Abdelhamid Fehri, spécialiste du tourisme alternatif.

Des questions restent suspendues : pourquoi, après d’années, de tentatives pour développer ce tourisme, nos sites, nos musées régionaux mis en relief sur les papiers sont vides, et manquent d’infrastructures pour accueillir les visiteurs, pas de sanitaires, pas de d’espaces d’accueil, etc. ? Mais de ces manques, on en parle peu, tant du côté de l’administration que de celui des professionnels. Cachez-moi ce…

 

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