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Tunisie : Le tourisme religieux pour quoi faire ?

Nos plages ressemblent déjà à ça… Où veut-on vraiment aller ?

Quel tourisme religieux la Tunisie peut-elle offrir aux musulmans d’Arabie et du Golfe? Et ce tourisme-là est-il vraiment un modèle pour notre pays.

Par Rachid Barnat

J’ai lu avec consternation qu’un colloque s’est tenu en Tunisie avec le concours du gouvernement tunisien que dominent les Frères musulmans du parti islamiste Ennahdha, avec pour sujet : «Le tourisme religieux en Tunisie».
La Tunisie deviendrait-elle le laboratoire expérimental pour les islamistes? Après la démocratie spéciale au rabais à l’usage des «Arabes», ce pays va expérimenter le tourisme religieux… toujours avec la bénédiction du parti soi-disant laïc Nidaa Tounes !

Cet événement souligne la bêtise absolue qui s’est emparé de beaucoup de Tunisiens qui ne se rendent pas compte qu’ils sont manipulés par certains pays de la péninsule arabique et par leur idéologie religieuse régressive; et qui veulent imposer leur manière de croire par tous les moyens.

Après la finance islamique, le tourisme religieux

Comment ne pas voir dans cette nouvelle idée un moyen détourné de propager encore l’islamisme et le wahhabisme qui le fonde, comme si le mal causé par cette idéologie n’était pas suffisant !

Après la «finance islamique» qui n’est qu’une manipulation marketing, voilà le «tourisme religieux» alors que l’homme de simple bon sens verrait dans le rapprochement de ces termes une insulte à la religion.
J’avais la naïveté de penser et c’est, je crois, ce que pensaient la plupart des Tunisiens que la religion, la foi, la piété étaient choses personnelles et sérieuses; et que le tourisme religieux n’est qu’une fumisterie destinée à imposer, petit à petit, aux Tunisiens le wahhabisme en lieu et place de leur malékisme ancestral et le modèle sociétal qui va avec.

Les Ibn Saoud ont fait du pèlerinage à la Mecque  une vaste industrie qui ne recule devant rien; puisque ces marchands du Temple ont rasé tous les lieux de la mémoire collective des musulmans tels que la maison d’Aïcha, épouse du prophète Mohammad, et celles de ses compagnons sous prétexte que le wahhabisme rejette le culte des saints, pour ériger des hôtels de luxe et autres centres commerciaux; tout en transformant le pèlerinage en un endoctrinement en règle au wahhabisme et une occasion pour les pèlerins de faire allégeance aux fils d’Ibn Saoud, puisque son nom est régulièrement associé à Allah et son prophète, suscitant des amen de la part des fidèles.

Et, au lieu de préserver les lieux saints, ils les ont détruits presqu’en totalité ou complètement dénaturés montrant, par-là, que leur véritable objectif n’était pas la religion mais la préservation de leur pouvoir. C’est ainsi qu’ils accueillent de plus en plus de touristes dans des lieux qui n’ont plus grand-chose à voir avec la Mecque, devenue un immense parc d’attraction et dont le seul intérêt est de rapporter de l’argent.

Quel tourisme religieux la Tunisie peut-elle «vendre» ?

Est-ce vraiment un modèle? Et la Tunisie, quel tourisme religieux peut-elle instaurer? En dehors de sites déjà très connus tels que les mosquées Zitouna, à Tunis, et la grande mosquée de Kairouan, qu’a-t-elle à offrir comme lieux remarquables sur le plan religieux; et doit-on les détacher du reste du patrimoine du pays trois fois millénaire? Et qui peut croire que ces Arabes nouveaux riches en pétrodollars vont choisir la Tunisie pour leurs vacances, alors que tout le monde sait qu’ils n’aspirent qu’à une chose : aller respirer la liberté en Occident tant décrié, pour y jouir de toutes les libertés qu’ils n’ont pas chez eux?

Ces gens, on le sait, fréquentent de préférence les endroits les plus prisés du tourisme mondial tel que la France, la Suisse, l’Angleterre, l’Espagne… Que viendraient-ils chercher en Tunisie, ces nouveaux riches trop habitués au luxe et aux palaces et dont la jeunesse dorée cherche les pays où le sexe, l’alcool et la drogue sont libres?

Rached Ghannouchi, le président d’Ennahdha, et ses «Frères» ont tout fait pour détruire l’industrie touristique, secteur vital pour la Tunisie. Ils bernent les Tunisiens en leur faisant miroiter un tourisme religieux en provenance d’Arabie et des pays du Golfe, qui remplacerait avantageusement les Occidentaux qui corrompent la jeunesse tunisienne (sic !).

Ceux qui les ont cru en ont eu pour leur frais : les hôtels sont vides et le peu d’Arabes en provenance de la péninsule arabique y viennent juste pour «zaouaj el moutaa», «mariage» uniquement pour la copulation, cette prostitution «halal»; comme ils le pratiquent dans d’autres pays touristiques tels que l’Egypte, le Yémen, le Maroc… avec tous les drames sociaux qu’ils laissent derrière eux : des filles déshonorées, engrossées et abandonnées.

La Tunisie a toujours pratiqué une foi sérieuse mais modeste et sans ostentation, conformément au malékisme et au soufisme qui l’ont façonnée durant des siècles.

Depuis que l’islamisme s’installe en Tunisie aussi, on se demande à quand l’édification d’une mosquée plus grande que celle des voisins? Après celle du Maroc et de l’Algérie, la Turquie est en phase d’achèvement de la leur à la gloire d’Erdogan… avec 6 minarets (excusez du peu !) Qui peut croire vraiment que Dieu est attentif à ces manifestations de démesure, réalisées aux dépens de dépenses plus utiles pour les hommes; alors que nous savons qu’elles ne sont que pour la gloriole des hommes au pouvoir à l’ego surdimensionnés?

Apparences trompeuses et attitudes hypocrites

A l’inverse, je comprendrai que l’on organise des circuits destinés à montrer les lieux des multiples civilisations qui se sont succédé en Tunisie : les Carthaginois, les Berbères, les Romains, les Andalous, les Turcs, les Espagnols, les Italiens …

Le pouvoir serait bien inspiré, s’il veut vraiment développer le tourisme, de former mieux le personnel, d’améliorer l’hôtellerie en la montant en gamme et de se contenter des richesses naturelles du pays, au lieu de vouloir faire venir des religieux à l’esprit étroit, fermé sur eux-mêmes pour propager leur obscurantisme sacré; et qui n’ont, en réalité, de religieux que l’apparence et les attitudes hypocrites.

Développer ce tourisme religieux, qui n’est en réalité que le tourisme des marchands du Temple, sera également un bon moyen pour éloigner à jamais les vrais touristes qui ne mélangent pas religion, plaisir et affaires. Ceux qui vivent du tourisme le savent déjà, puisqu’il est en berne depuis que les Frères musulmans ont mis la main sur le pays.

Blog de l’auteur. 

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