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Chafik Ben Rouine : La baisse du dinar a aggravé le déficit commercial

Selon l’économiste Chafik Ben Rouine, la forte baisse du dinar tunisien (DT) n’a pas réduit le déficit commercial, comme espéré, mais l’a plutôt aggravé.

Dans un article intitulé «L’impact négatif de la chute du dinar sur le déficit commercial» publié dans le ‘‘Data Analysis’’ (n°11, 26 octobre 2017), bulletin de l’Observatoire tunisien de l’économie (OTE), Chafik Ben Rouine rappelle la pression exercée par le Fonds monétaire international (FMI) sur la Banque centrale de Tunisie (BCT) afin de faire baisser la valeur du DT. «La raison évoquée par le FMI est que la dévaluation du dinar va d’un côté améliorer la compétitivité des exportateurs et donc augmenter les exportations et de l’autre côté augmenter le prix des importations et donc réduire leur volume. Ainsi, en baissant drastiquement la valeur du dinar, le FMI espère réduire le déficit commercial à moyen terme», écrit l’économiste.

«D’autre part, la BCT décompose l’évolution des échanges commerciaux selon trois effets : l’effet de la variation du taux de change (effet change), l’effet de la variation des prix (exemple : prix du pétrole) et l’effet de la variation des volumes d’échanges», ajoute M. Ben Rouine.

Or, fait-il constater, la variation du dinar à la baisse (effet change) a eu un impact négatif sur l’évolution des échanges commerciaux de l’ordre de 1,1 milliard DT en 2016 et de 1 milliard sur le seul premier semestre de 2017.

«Cela veut dire que l’effet négatif de l’augmentation de la valeur des importations due à la baisse du dinar surpasse l’effet positif de l’augmentation de la valeur des exportations due à cette baisse. En d’autres termes, au lieu de réduire le déficit commercial comme attendu par le FMI, la baisse de la valeur du dinar a au contraire augmenté ce déficit commercial. Ainsi, la Tunisie est entrée dans un cercle vicieux où plus le dinar baisse et plus le déficit commercial se creuse dû à cette baisse et plus le FMI exige une dévaluation du dinar, d’autant plus grande que le déficit commercial se creuse», écrit l’économiste, qui s’interroge en conclusion : «Est-ce la raison pour laquelle la BCT a décidé d’agir sur le volume des importations?»

Reste à savoir si cette action va pouvoir être menée jusqu’au bout, sachant que plusieurs secteurs qui vivent de l’importation (notamment le commerce de distribution) se plaignent déjà de ces mesures dont ils craignent l’impact négatif sur leurs activités. Certains menacent déjà de licencier à bout de bras. Ambiance…

I. B.

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