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Les islamistes et les jeunes : Les raisons d’une rupture

Zied Ladhari invite les jeunes à s’engager davantage dans la vie politique, feignant d’oublier que ce sont ses frères islamistes qui sont la cause de leur désespoir.

Par Hassen Mzoughi

C’est un ministre à la limite choqué par l’indifférence et la défiance des jeunes à l’égard de la classe politique. De passage, samedi 28 octobre 2017, sur les ondes de Mosaïque FM, Zied Ladhari, ministre du Développement, de l’Investissement et de la Coopération internationale, a souligné l’importance pour les jeunes de s’engager dans la vie politique. «Il faut qu’ils participent, car on ne peut pas décider à leur place et puis nous sommes tous dans le même bateau. Nous essayons de faire du concret, mais on ne peut non plus tout changer en un jour. Cinq ou six ans dans la vie des peuples n’est pas grand-chose», a-t-il martelé.

Cet aveu d’impuissance est irrecevable de la part de ce ministre islamiste qui, à défaut de pouvoir faire quelque chose pour les jeunes pour leur redonner espoir et confiance, les appelle à bouger… Dans son appel, Zied Ladhari n’exclue pas, on l’imagine, ceux de son camp, quoique ceux-ci sont plus argentés, car payés par des officines obscures pour harceler leurs opposants. Et cela, il est bien placé pour le savoir…

Il y a quelques années, le gouvernement Ennahdha accusait l’UGTT de «mettre les bâtons dans les roues» et d’empêcher le gouvernement de la «troïka», qu’il conduisait, de faire du bien au pays.

Aujourd’hui, Zied Ladhari s’emporte contre les jeunes qu’il somme de participer à la politique et, pourquoi pas, à intégrer son propre parti, pour espérer améliorer leur sort.

Si c’est pour grossir les rangs d’Ennahdha en vue des prochaines élections municipales et plus tard législatives et présidentielles, les jeunes auxquels le ministre nahdhaoui s’adresse ont sans doute mieux à faire.

La jeunesse tunisienne, qui a été le charbon de la révolution du 14 janvier 2011, a compris que la classe politique ayant confisqué le pouvoir après la chute du régime de Ben Ali n’a rien fait pour l’écouter et l’a moins aidée à sortir de la marginalité, du chômage et de la pauvreté dans lesquels elle est confinée.

A commencer par Ennahdha, au pouvoir depuis 2012, dont l’échec sur tous les plans, politique, économique et social, est aujourd’hui cuisant.

Ennahdha au gouvernement, on en a aujourd’hui une idée très clair : beaucoup d’argent de l’Etat dilapidé en dédommagements des islamistes pour de prétendues injustices subies, une armée d’islamistes (nahdhaouis ou apparentés) parachutés dans la fonction publique, des promesses de développement et de création d’emplois pour les régions évaporées, des libertés individuelles élémentaires gravement menacées, l’aggravation des phénomènes du rackette des hommes d’affaires, de la contrebande, de la corruption, et du marché parallèle, qui ont détruit l’économie, aujourd’hui au bord de la faillite.

Comment les jeunes que M. Ladhari invite à s’impliquer dans la politique vont-ils encore faire confiance à cette caste de privilégiés, incompétents, opportunistes et corrompus, pire que ceux auxquels ils ont succédé ?

 

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