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Octobre musical : Conversations mélodiques polonaises

Katarzyna Duda et Hanna Holeska ont gratifié le public de l’Octobre musical de l’une des soirées les plus mémorables de cette édition 2017.

Par Hamma Hanachi

L’Acropolium de Carthage a fait le plein malgré un temps peu favorable pour monter sur la colline, le samedi 28 octobre octobre 2018. Deux virtuoses polonaises, Katarzyna Duda, au violon, et Hanna Holeska, au piano, s’y produisent pour la première fois, «avec un plaisir évident», nous dira gaiement Katarzina Duda.

Au programme des compositeurs polonais, cela va de soi, mais aussi Maurice Ravel, Georges Gershwin, interprété par le génial Jascha Heifetz, et Pablo de Sarasate.

De la mélodie au swing

Duda en robe verte mousseline est une remarquable personnalité de Pologne. A son compte, de nombreux concerts dans des salles de prestige comme le Lincoln Center et le Carnegie Hall de New York (Etats-Unis, pas moins !), le Kawai Omotosando Hall à Tokyo (Japon) ou la salle Rossini à Padoue (Italie).

Hanna Holeska est lauréate des premiers prix de Musique de Katowice et de l’Université de Berne, lauréate des premiers prix du Concours international de Piano de M. Magin, du Concours des bourses F. Chopin à Varsovie, etc. Deux grosses pointures donc.

Une sonate de Ravel (1975-1937), la ‘‘N°2 pour violon et piano en trois mouvements’’, sa dernière œuvre de musique de chambre, une composition dépouillée que le musicien a dédié à son amie violoniste Hélène Jordan-Morange, une composition manié, remaniée, mûrie, épurée pendant cinq ans.

Départ avec l’Allegretto où l’on saisit sans difficulté, au premier abord la complicité des deux musiciennes et la qualité de l’interprétation.

Duda, en éminence, a le beau rôle, à l’aise au premier plan. Elle domine la scène avec délicatesse, suivent ‘‘Blues Moderato’’ (mouvement swing inspiré du séjour américain de Ravel) et ‘‘Perpetuum mobile. Allegro’’, simple, limpide, audible, d’un équilibre subtile. Bref du Ravel mélodique bien exécuté en technique parfaite.

Naturellement les deux polonaises nous embarquent dans leur terre en compagnie de Karol Szymanowski, compositeur orientaliste (ou orientalisant), impressionniste qui a visité l’Afrique du Nord, dont notre pays. Très influencé par les mystiques (Hafiz, Erroumi), il est connu pour avoir composé l’illuminé ‘‘Chant du muezzin passionné’’.

Du bonbon sucré pour le public

Le public de l’Acropolium a eu droit à ‘‘Mythes. Source de l’Aréthuse’’ (6’), où l’on s’imagine accompagnant la fille de Nérée transformée en fontaine. Le duo inocule sans modération des frémissements réguliers et douloureux.

Retour à Ravel et au morceau ‘‘Tzigane’’ (10’), œuvre en un seul mouvement, influencée des musiques folkloriques hongroises dont Bella Bartok a fait son jus.

Deux morceaux de Henri Wieniawski (1835- 1880), ‘‘Legend op.17’’ et ‘‘Kujawik’’ (5’ chacune).

La première pièce est célèbre composée pour violon et orchestre variée. Elle se déploie avec des changements de rythmes et usages abondants de pizzicattos sur les cordes.

‘‘Kujawik’’, une mazurka pour violon et piano, animée, lancinante, tout en glissandos et vibratos, ce que nos deux virtuoses affectionnent. Elles sont à leur aise, du bonbon sucré pour le public.

Jascha Heifetz, le Paganini du piano, est au programme dans une composition de G. Gershwin, un extrait du célèbre ‘‘Porgy and Bess’’, déchirant !

Et on termine par Pablo Sarasate en couleurs espagnoles : une fantaisie sur le thème de la rebelle ‘‘Carmen’’ de Bizet. Ollé !

 

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