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La triste histoire du Dr Gammoudi face aux lobbies de la corruption


Dr Anis Gammoudi en compagnie du professeur Saâdeddine Zmerli.

A l’hôpital de Sidi Bouzid, un médecin est dans le collimateur des lobbies de la corruption et les autorités restent muettes. Récit…

Par Dr Moez Ben Khemiss

Depuis le matin du 12 novembre 2017, tous les réseaux sociaux relaient en boucle les déclarations de ras-le-bol du Docteur Anis Gammoudi, spécialiste en chirurgie urologique et praticien à l’hôpital régional de Sidi Bouzid depuis 2013.

Docteur Gammoudi a fait ses études à la faculté de médecine de Sousse. Il a brillé par son sérieux et son assiduité et il était un des meilleurs de sa promotion. Déjà étudiant il était homme de principes et de paroles. Tous ses collègues et amis diront que c’est un homme généreux et bienveillant.

Il a par la suite réussi au concours national de résidanat, et a choisi la chirurgie urologique comme spécialité. Il a eu une formation exemplaire dans les meilleurs services universitaires tunisiens notamment à l’hôpital Charles Nicolle de Tunis où il a côtoyé les pionniers de la discipline et où il a brillamment réussi et exercé en tant qu’assistant hospitalo-universitaire.

Manifestation populaire de soutien au Dr Gammoudi, le lundi 13 novembre 2017.

Il a refusé de rentrer dans leurs magouilles

En 2013, il choisit de s’installer dans sa ville de cœur. Il prend ses fonctions à l’hôpital régional de Sidi Bouzid. Emporté par un élan patriotique sans égal et poussé par les vents de liberté et d’émancipation tant espérés par la révolution de 2011, il aspirait à un avenir meilleur et prospère pour l’hôpital public et pour les citoyens de tout un gouvernorat longtemps jetés aux oubliettes.

Hélas le docteur Gammoudi se heurte à une réalité affligeante. L’hôpital était depuis belle lurette pris en otage par une horde de charognards, qui pour assouvir leur appétit d’argent et de pouvoir marchandaient avec la vie de citoyens désarmés. Docteur Gammoudi, fraîchement arrivé, a refusé de rentrer dans leurs magouilles dangereuses et sordides; même si bien lucratives. Il voulait juste travailler dur et apporter tout son savoir et compétence à la population de la région. Population qui pour avoir des soins médicaux spécialisés devait se déplacer tant bien que mal à Sfax et à Sousse.

Dr Gammoudi broyé par une machine de corruption adossée à un parti obscurantiste. 

Docteur Gammoudi dérange. Docteur Gammoudi est devenu rapidement persona non grata. Tous les moyens étaient permis pour l’empêcher d’accomplir sa noble mission.

On lui refuse l’activité chirurgicale à partir de 13h. On ne lui accorde pas des gardes de nuit. On lui interdit même l’accès à l’hôpital à partir d’une certaine heure. Comme si la santé des citoyens devait suivre un horaire administratif exclusif.

Son tort : avoir opéré après 13 h !

Dernièrement, ayant opéré avec succès un patient en urgence extrême à cause d’un sainement majeur qui menaçait sa vie Docteur Gammoudi a été martyrisé puis mis à pied. Son seul tort c’est d’avoir opéré après l’heure fatidique de 13h et de sauver un pauvre homme peut être !

Deux ministres successifs de la Santé publique ont eu connaissance de cette affaire de règlement de compte nauséabonde que subit le docteur Gammoudi mais aucun n’a jugé bon d’ouvrir une enquête. Sans parler de l’autorité locale représentée par le directeur régional de la sante à Sidi Bouzid que les courriers réguliers et insistants du brave Docteur Gammoudi n’ont pas réussi à éperonner.

Aujourd’hui, le docteur Anis Gammoudi subit des pressions insurmontables d’une poignée de personnes qui de part leur appartenance politique – religieuse notamment – tiennent tous les rouages de hôpital public d’une laisse de fer. Il est saboté, diffamé et privé de travail sans que le ministère de tutelle ne bouge le petit doigt.

Cet exemple nous rappelle bien d’autres où marchandage, petits arrangements, pots de vin et détournement de patients de l’hôpital public vers les consultations privées complémentaires ou les établissements privés sont monnaies courantes. Et gare à celui qui ose pointer du doigt cette gangrène grandissante. Bien entendu le silence des autorités et des hautes instances reste assourdissant.

Nous sommes tous Anis Gammoudi.

 

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