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MBS, chien de garde de Trump dans le monde arabe

Mohammed Ben Salmane (MBS) est imprévisible, dangereux, brutal et belliqueux. Il est en passe de devenir le Kim Jong-un du monde arabe.

Par Chedly Mamoghli *

L’héritier du trône saoudien, MBS n’a rien du gouvernant audacieux et indépendant comme ses relais et sbires dans la sphère politico-médiatique arabe et occidentale veulent nous faire croire. En réalité, ce n’est qu’un exécutant dépendant de son maître américain. C’est le chien de garde de Donald Trump dans le Moyen-Orient. Il a le soutien total et inconditionnel de ce dernier en contrepartie des 380 milliards de dollars de contrats d’achat d’armement américains, signés en mai 2017, et de l’alliance avec Israël contre l’Iran.

Un amateurisme politique très dangereux

Maintenant, MBS se sent puissant et invincible, ce qui est un faux calcul car Trump ne durera pas. Le jour où ce dernier ne sera plus président, Ben Salmane sera jeté comme une vieille chaussette par les Etats-Unis. Hypothéquer son avenir entre les mains d’un pouvoir éphémère, c’est la preuve ultime du manque d’intelligence et de l’amateurisme politique.

Il ne faut pas se tromper, Mohamed Ben Salmane ne se comporte pas en chef d’Etat mais en bandit. Et de ce fait, il constitue un danger pour la stabilité de toute la région. Brutalité et confrontation sont ses maîtres mots et plusieurs épisodes en sont les preuves concrètes.

Saad Hariri annonçant sa démission depuis Riyad, sous la pression de MBS. 

D’abord, il kidnappe et séquestre un chef de gouvernement d’un autre Etat tout en le forçant à démissionner. Qu’on apprécie ou pas Saad Hariri, on ne peut pas cautionner et approuver les méthodes de voyous. Tant que la démission n’a pas été remise au chef de l’Etat et accepté, elle n’a aucune valeur constitutionnelle et il reste le chef du gouvernement libanais. Et admettons qu’un chef de gouvernement démissionne, il reste en poste et expédie les affaires jusqu’à la formation du nouveau gouvernement. Même si Hariri n’occupait pas ce poste, séquestrer est illégal. Sans parler du fait qu’il lui ont coulé son entreprise Saudi Oger en la privant de tous les marchés et en la laissant crouler sous les dettes. Ce qui lui est reproché n’a rien à voir avec le Hezbollah qui est représenté dans son gouvernement. Ce n’est que le prétexte idéal pour l’affaiblir. Ils lui reprochent sa grande proximité avec des princes aujourd’hui tombés en disgrâce dont Abdelaziz Ben Fahd, ami d’enfance de Saad Hariri.

La tête d’Al-Walid offerte sur un plateau à Trump

Ce qui est arrivé aux princes et hommes d’affaires arrêtés est pathétique et pitoyable. En vingt-quatre heures, MBS sort de sa poche un décret instituant une commission anti-corruption et s’autoproclame président de cette commission. Il est juge et partie.

Il a arrêté Al-Walid Ben Talal sur ordre personnel de Donald Trump. Les relations d’affaires ont été tumultueuses entre Trump et Al-Walid qui se connaissent depuis trois décennies. Le prince saoudien est bien introduit dans les milieux d’affaires new-yorkais et y figure parmi les grands investisseurs. Leurs relations ont connu des hauts et des bas mais ont fini par devenir exécrables, et l’Américain voulait sa tête.

Al Walid Ben Talal pris en otage. 

Al-Walid est un des plus grands investisseurs internationaux. Beaucoup de gens ne le supportent pas ou l’envient mais il reste un des premiers arabes à avoir bâti une fortune non pas à l’échelle locale ou régionale mais mondiale et à avoir bâti une holding d’une taille internationale et aussi diversifiée qui va de la fiance aux médias en passant par l’hôtellerie de luxe et les nouvelles technologies. Le seul à avoir eu une fortune à l’échelle mondiale avant lui était Adnan Kashoggi mais sa fortune provenait de son métier d’intermédiaire dans le commerce des armes et de la représentation des grands groupes américains au Moyen-Orient.

En arrêtant un des plus importants investisseurs, quel message envoie MBS aux opérateurs économiques internationaux, lui qui se présente comme celui qui va transformer l’économie saoudienne ?

Yémen, le Vietnam de l’Arabie saoudite

Quant au Yémen, une vraie catastrophe humanitaire dont le belliqueux MBS est responsable. Le droit international humanitaire est bafoué et les civils meurent tous les jours. Les épidémies ont fait leur apparition ainsi que la famine, 120.000 enfants sont menacés de mourir de faim. Les rapports de l’Onu et des organisations humanitaires sont plus accablants et alarmants les uns que les autres. Et lui, il continue cette guerre mais le Yémen est désormais le Vietnam des Saoudiens.
Aveuglé par tous les pouvoirs qu’il concentre et par le soutien de Donald Trump qui le pousse d’ailleurs, il veut régler le compte à l’Iran.

Le Yémen, un pays arabe détruit par un autre pays arabe. 

Je ne soutiens pas le régime théocratique de Téhéran mais les Iraniens sont des stratèges, des gens intelligents qui savent planifier et non pas des écervelés comme MBS, comme l’exprime le proverbe tunisien, «Dakhilha b’forka w oud htab» (qu’on pourrait traduire par la méthode du bâton). La politique est subtilité, pour Ben Salmane elle est brutalité. Et les Saoudiens veulent qu’on les soutienne parce qu’ils sont sunnites, ils peuvent attendre…

Ce type est imprévisible, dangereux, brutal et belliqueux. MBS est le Kim Jong-un du monde arabe. Il faut se méfier de lui comme de la peste. Et pour nous Tunisiens qui avons assez de soucis et un trou noir comme pays frontalier à l’est qui nous cause tant d’ennuis, il faut éviter la proximité avec les Arabes, ce sont des sacs à problèmes. Gardons des rapports corrects avec eux ni plus ni moins. Pas de proximité et pas de relations étroites, ils nous entraîneront dans leur enfer.

* Juriste.

 

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