Accueil » L’Etat tunisien va céder ses parts minoritaires dans les banques

L’Etat tunisien va céder ses parts minoritaires dans les banques

D’après le ministre des Finances, Ridha Chalghoum, le secteur bancaire va connaître, en 2018, d’importantes restructurations.

Par Khémaies Krimi

Le ministre, qui a animé, le mardi 9 janvier 2018, un petit déjeuner-débat organisé à l’initiative du Conseil des chambres mixtes (CCM), a évoqué la privatisation des trois grosses banques publiques (STB, BH, BNA) et indiqué à ce sujet que leur cession sera décidée en fonction des résultats de leurs business plans déjà engagés.
Selon nos informations, ces plans de restructuration, fruit d’un full audit sanctionné par une recapitalisation des banques publiques, commencent à donner des résultats positifs et encourageants, particulièrement, pour la Banque de l’Habitat (BH).

Le ministre, qui tenait, apparemment, à informer en exclusivité le CCM de ces nouveautés à l’horizon, a déclaré également que l’Etat a décidé de céder ses parts minoritaires dans une douzaine de banques de la place.

Une initiative tant attendue par la Bourse de Tunis qui ambitionne de booster ses activités par l’ouverture des capitaux des banques où l’Etat détient des parts variant entre 20 et 80%.

Trois banques sont déjà proposées à la vente

A ce propos, M. Chalghoum a rappelé que les parts de l’Etat dans trois banques sont, aujourd’hui, en vente. Il s’agit de Banque Zitouna, Banque de Tunisie et des Emirats (BTE) et la Tunisian Foreign Bank (TFB).

Concernant, la BTE, un appel à manifestation d’intérêt a été lancé, le 11 décembre 2017, pour la cession en bloc unique de 77,8% des actions sur appel d’offres international des participations de l’Etat tunisien et d’Abu Dhabi Investment Authority (ADIA). La banque Rothschild et KPMG Tunisie ont été retenues comme conseillers exclusifs des deux cédants pour la réalisation de l’ensemble de l’opération de cession.

S’agissant de la TFB, qui est basée en France, la Commission d’assainissement et de restructuration des entreprises à participation publique (CAREPP) a autorisé l’ouverture de son capital au profit d’un partenaire stratégique.

L’ouverture sera réalisée via la cession d’un bloc d’actions et/ou une augmentation de capital, portant sur 49% du capital social et des droits de vote de la société.

Le groupe Gimar & Cie a été retenu comme conseiller financier exclusif pour assister les actionnaires dans la recherche et le choix du partenaire stratégique et dans la réalisation de l’ouverture du capital de la TFB.

En ce qui concerne la Banque Zitouna, l’Etat, majoritaire dans son capital avec 69, 15%, a décidé de céder sa part. Cette banque islamique fit l’objet de confiscation en application du Décret-loi n° 2011-13 du 14 mars 2011, portant sur la confiscation d’avoirs et de biens meubles et immeubles des proches de l’ex-président Ben Ali.

Le Groupe Finactu, leader du conseil en Afrique, est retenu pour procéder à la cession de la Banque Zitouna et de la compagnie d’assurance Zitouna Takaful dans le cadre d’un consortium dont il est le chef de file.

La Loi de Finances 2018 ne prévoit pas de recettes de privatisation

Abstraction faite de ces détails, il faut relever que les recettes prévues de ces cessions ne sont pas signalées, comme il est généralement d’usage, au titre de «recettes de privatisations» dans le cadre de La loi de Finances 2018.

Il est simplement prévu des recettes provenant des biens confisqués par l’Etat pour un montant de 500 millions de dinars tunisien (MDT). Or, sur les trois banques à privatiser, il n’y a que le groupe Zitouna (Banque Zitouna et Zitouna Takaful, spécialisée dans l’assurance) qui est concerné par la confiscation.

Il convient de rappeler que la commission de gestion des biens confisqués, relevant du ministère des Finances, avait approuvé la cession, à des partenaires étrangers, des actions de biens confisqués. Des partenaires étrangers avaient d’ailleurs exprimé, officiellement, leur désir d’acquérir des actions dans le capital de plusieurs sociétés confisquées. C’est du moins ce qu’avait révélé, le 14 mars 2017, l’ancienne ministre des Finances, Lamia Zribi, lors d’une séance d’audition à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).

Cet intérêt des investisseurs étrangers pour les biens confisqués explique peut-être ces informations fournies par l’actuel ministre des Finances Ridha Chalghoum aux représentants des chambres mixtes dont la mission est d’encourager, justement, leurs compatriotes à investir en Tunisie.

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.