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‘‘Benzine’’ sort en salles : Le drame d’une famille et d’un pays

‘‘Benzine’’ de Sarra Abidi, qui sort aujourd’hui, mercredi 24 janvier 2018, dans les salles tunisiennes, peint une réalité morose marquée par le chômage des jeunes tentés par l’émigration.

Par Fawz Ben Ali

C’est le tout premier long-métrage de fiction de Sarra Abidi, qui s’était jusque-là contenté de quelques courts-métrages et d’une brève expérience en tant qu’assistante sur quelques films.

Avant de sortir dans les salles tunisiennes, ‘‘Benzine’’ a d’abord fait parler de lui dans de nombreux festivals internationaux comme le Festival international du film francophone de Namur (Belgique) ou encore le Festival international du film de Dubaï (Émirats arabes unis).

Fatma Ben Saidane et Sondos Ben Hassen.

Un nouveau regard sur l’immigration clandestine

Le film nous ramène au sud de la Tunisie, quelques mois après la révolution du 14 janvier 2011, pour aborder, à travers une fiction d’une heure et demie, la question de l’immigration clandestine, qui, contrairement à toute attente, a atteint son summum après quelques semaines de ladite «révolution de la dignité».

Contrairement à beaucoup de films, documentaires et reportages qu’on a pu voir jusque-là sur ce sujet, Sarra Abidi ramène sa caméra non vers les immigrés mais vers leurs familles abandonnées.

Le chômage, l’émigration ou la contrebande de carburants.

Gros plan sur deux visages aux traits endoloris et au regard vague. Il s’agit de Halima (jouée par Sondos Belhassen) et Salem (joué par Ali Yahyaoui) : deux parents ayant perdu leur fils unique qui a pris le large après des années de chômage. «Est-t-il noyé ou bien arrivé à l’autre rive?», une question qui accompagnera tout le film sans nous donner de réponse, et qui continue de tourmenter plusieurs familles qui ne savent s’ils doivent faire le deuil de leurs enfants ou espérer leur retour.

Un quotidien morose

En même temps, et à travers le quotidien de cette famille, la cinéaste met l’accent sur la misère et la corruption, notamment le trafic du carburant illégal, d’où le nom du film qui fait aussi allusion à l’immolation par le feu de beaucoup de jeunes, emboîtant le pas à Mohamed Bouazizi, le jeune marchand ambulant qui, en mettant le feu à son corps, le 17 décembre 2010, a déclenché l’étincelle des révoltes qui vont obliger l’ancien dictateur Ben Ali à fuir, le 14 janvier 2011.

Des mères qui attendent indéfiniment des fils parti en mer.

‘‘Benzine’’ peint une réalité morose marquée par la nonchalance des jeunes chômeurs qui passent leur journées à glander dans les cafés et à ne s’enthousiasmer que pour un match de foot devant un écran ou une partie de cartes. «Existe-t-il un autre moyen pour gagner sa vie en dehors de la contrebande ou de l’immigration clandestine?», se demande-t-on tout au long du film. La cinéaste semble sceptique et nous embarque dans un récit sombre sur fond de crise socio-économique qui écrase les rêves des jeunes diplômés, notamment dans ces régions enclavées du pays.

Rien ne semble bouger

Cependant, et à force de vouloir coller à cette réalité morose et à cette attente interminable des familles, le film est tombé dans une sorte de lenteur et de platitude fortement ennuyeuses, car quand les scènes se ressemblent, que les événements se font rares et que rien ne semble bouger, le spectateur ne peut que finalement se détacher du film. A moins que ce soit là l’effet recherché par la cinéaste…

Gros plan sur deux visages aux traits endoloris et au regard vague.

Avec le manque de dynamisme aussi bien dans la narration que dans le mouvement de la caméra, la cinéaste fait un autre mauvais choix, celui de donner à Fatma Ben Saïdane un rôle presque inutile lors d’une brève apparition sans intérêt pour l’intrigue du film. On commence d’ailleurs à croire que certains cinéastes lui font appel seulement dans le but de rajouter un grand nom à l’affiche, histoire de mieux vendre le film. Ou alors pour la baraka !

‘‘Benzine’’ est en ce moment dans les salles Le Colisée, Le Palace, Le Mondial (centre-ville de Tunis), Ciné-Jamil (El-Menzah VI), Alhambra, L’Agora (La Marsa).

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