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Tunisie : Ennahdha perd ses nerfs et menace la liberté de la presse

Ennahdha s’emporte contre les journalistes qui critiquent ses dirigeants et menace de les poursuivre en justice. Une nervosité qui en dit long sur son marasme actuel.

Par Imed Bahri

En perdant son sang froid habituel, en bombant le torse, en montrant ses muscles et en élevant la voix contre ses détracteurs, le parti islamiste tunisien trahit son désarroi actuel, conséquence de ses errements qui l’ont conduit dans l’impasse actuelle et à la perte de toute crédibilité, au regard même d’une partie de ses troupes.

A quelques semaines des élections municipales, qui risquent de révéler à l’opinion nationale et internationale cette chute dans l’estime des électeurs, leurs dirigeants croient devoir monter sur leurs grands chevaux pour menacer les personnalités politiques, les journalistes et les médias qui dénoncent leurs mensonges, leurs hypocrisies et même leurs pratiques qui flirtent gravement avec l’illégalité, surtout en matière de financement de leurs activités.

Croyant pousser baisser la température en brisant le thermomètre, les membres du bureau exécutif d’Ennahdha, à l’issue de leur réunion du vendredi 9 février 2018, présidée par Rached Ghannouchi, se sont fendus d’un communiqué on ne peut plus ridicule, publié samedi 10 février, où ils s’emportent contre ceux qui «diabolisent» leur mouvement, en menaçant de poursuivre en justice toute personne ou média qui prendrait part à ce qu’ils ont qualifié de «campagnes de dénigrement».

Le bureau exécutif du parti islamiste affirme aussi, au cas où ces médias pas suffisamment soumis à leurs diktats n’ont pas pris peur et commencé à trembler, que les instances du parti ont déjà commencé à préparer des dossiers en vue de lancer des procédures judiciaires contre les médias réfractaires.

Ennahdha, qui gouverne le pays depuis 2012, et plutôt très mal, en le menant, aujourd’hui, au bord de la banqueroute, croit-il vraiment pouvoir faire taire des journalistes et des médias plus que jamais déterminés à jouer leur rôle critique, en débusquant les dépassements, les abus et les mensonges des dirigeants politiques, toutes tendances confondues, islamistes ou laïques, de droite ou de gauche, quel que soit le prix de cette insubordination.

Que les Nahdhaouis se rassurent : maintenant qu’ils commencent à perdre leur sang froid et risquent même de commettre de nouvelles bêtises, tous leurs faits et gestes continueront à être scrutés et leurs écarts dénoncés avec la même verve et la même insolence. Leurs menaces, même mises à exécution, n’y feront rien… Car il y va de l’avenir de la démocratie tunisienne et des libertés si chèrement payées et qui ne sauraient être reprises et confisquées, par aucun pouvoir, fut-il islamiste et violent.

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