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À propos d’Ennahdha et de son chef de liste juif à Monastir

L’apparence peut être trompeuse par l’affichage d’une fausse opposition – excessive dans son expression – entre les sectes musulmanes et juives. Qui se ressemblent s’assemblent…

Par Fathi B’Chir *

Un citoyen de confession juive tête de liste du parti islamiste Ennahdha aux prochaines municipales? En théorie, pourquoi pas?

Il y a bien eu un juif au premier rang du camp des progressistes tunisiens et, comme le rappelle Boujemaa Remili sur sa page Facebook, les islamistes avaient alors hurlé dénonçant la mécréance. Et au fond, le problème n’est pas la religion du candidat mais le contenu de ce que son attitude suppose ou propose.

Une normativité de 14 siècles ou de 5000 ans

Un juif peut, comme un musulman, se retrouver pleinement dans la promesse, plus ou moins lointaine, plus ou moins réalisable, d’une société tunisienne conservatrice noyée dans la nostalgie d’une normativité de 14 siècles ou de 5000 ans. Tant pis pour le décalage de civilisation.

La démonstration est facile, il suffit d’aller sur divers sites de journaux israéliens ou communautaires juifs européens. Les sites militants ou médias. Une pression monte graduellement et nourrit de fortes polémiques entre les «hommes en noir» séfarades ou ashkénazes et les citoyens normaux, les citoyens plus ou moins pratiquants, même attachés à Israël.

Dans cet Etat religieux, le mariage civil demeure interdit. Le samedi est appelé à être un jour de black-out absolu. Le messianisme le plus rétrograde est carrément au pouvoir, consolide le gouvernement aveugle de Netanyahou et la haine du Palestinien. Comme aussi la détestation du juif «libéral» pour qui samedi est une banale journée de weekend et qui n’a envie de trucider ses contemporains ni de les spolier.

Comme au sein de l’islam, dans le judaïsme ou même dans certains courants chrétiens, le retour à des époques révolues et à un certain ordre moral mais plus généralement à une idéologie obscurantiste, est à l’ordre du jour.

Israël du Likoud de Netanyahou et les adeptes de Libermann n’ont-ils pas pour alliés fervents les Évangélistes américains soutiens de Donald Trump.

Cette prétention est même devenue assez perceptible dans le quotidien en Israël et ailleurs, comme peuvent en témoigner les femmes dont le statut chèrement acquis est sournoisement ou même parfois ouvertement, mis en question et la «rabine» Delphine Horveiller en est l’exemple; comme peuvent en témoigner les minorités sexuelles rejetées.

Juifs, musulmans ou chrétiens de l’extrême ont la même prétention de régenter l’intime et le contenu des slips.

Fausse opposition entre les sectes musulmanes et juives

La communauté des croyants, toutes religions confondues, prône ainsi ouvertement aujourd’hui le retour à l’ordre moral strict, puisant cependant, de façon «immorale», dans les ressources de la corruption et du soi-disant commerce libéral (plutôt informel) parfois déguisé en produit halal ou casher. Il n’y a pas de profit quand Dieu fait l’objet d’un commerce profitable. Indigne mais juteux.

Nulle surprise au fond de voir à Monastir un juif sur la liste du parti qui prône la loi divine puisqu’il s’y retrouve dès lors qu’elle porte un message conforme aux édictions de la foi telle qu’il la perçoit.

Nulle surprise aussi de la part de cette communauté des «Tuns», les juifs tunisiens ou tunisifiés (Grana) dont la plupart sont des soutiens affirmés du Likoud et de partis à la religiosité parfois plus prononcée que celles étiquetées islamiques. Il suffit de lire certaines de leurs pages Facebook.

L’apparence peut être trompeuse par l’affichage d’une fausse opposition – excessive dans son expression – entre les sectes musulmanes et juives mais elle n’est qu’apparence, tant le fond idéologique est commun.

Certains juifs européens se veulent même plus israéliens que les Israéliens et certains musulmans, plus Palestiniens que les Palestiniens, se livrant à de guignolesques démonstrations purement démagogiques. Qui se ressemblent s’assemblent.

Listes mixtes ? Inchallah ! BeEzrat Hashem !

* Journaliste tunisien basé à Bruxelles.

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