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‘‘L’ivresse des profondeurs’’ : Quand la danse s’empare du théâtre

L’espace 4e Art au centre-ville de Tunis a présenté le weekend passé la pièce de théâtre ‘‘L’ivresse des profondeurs’’ d’Imen Smaoui.

Par Fawz Ben Ali

La pièce a été jouée trois soirées de suite, vendredi, samedi et dimanche, et le public a répondu, à chaque fois, présent pour découvrir la dernière œuvre de la chorégraphe et metteur en scène tunisienne Imen Smaoui.

Il s’agit de l’une des dernières productions du Théâtre national tunisien (TNT), un spectacle qui marie la danse contemporaine à l’art dramatique. C’est le fruit d’une collaboration entre Imen Smaoui et les membres de la deuxième promotion de l’École de l’Acteur du Jeune Théâtre National.

Une autre façon de faire du théâtre

Comme Nawel Skandrani, Imed Jemaa, Sihem Belkodja ou encore Rochdi Belgasmi, Imen Smaoui est une figure importante du théâtre dansant tunisien. Chorégraphe, danseuse, metteur en scène et comédienne, elle est diplômée du Centre international de danse de Paris et a travaillé notamment avec Taoufik Jebali.

Pour son dernier spectacle ayant auparavant été représenté à la dernière édition du festival «Tunis Capitale de la Danse», Imen Smaoui a réuni une dizaine de jeunes artistes pour nous «parler», à la manière du corps, de la vie et du désir dans toute leur complexité.

La salle était plongée dans une obscurité totale avant que la lumière ne commençait à s’infiltrer subtilement, nous permettant d’entrevoir les premières silhouettes collées au sol au milieu d’un décor fait d’une multitude de sachets en plastique parsemés un peut partout sur scène. Les mouvements lents, qui étaient accompagnés d’un son ressemblant à celui d’un vent fort ou de vagues, se montraient de plus en plus rythmés et déchaînés, allant de pair avec la lumière qui s’intensifiait progressivement et inondait la salle.

Une dizaine d’artistes (hommes et femmes) occupaient les planches et on ne saurait dire s’ils sont plus acteurs ou danseurs, car ils maîtrisent autant les prouesses chorégraphiques que leur jeu d’acteurs.

Imen Smaoui nous propose une autre façon de faire du théâtre tout aussi poétique, vive et émouvante. La danse a longtemps été marginalisée avant de se réconcilier avec le 4e art et de s’inviter sur les planches comme une autre composante de l’art dramatique. Aujourd’hui, c’est non seulement une expression artistique à part entière, mais elle a également réussi à s’imposer dans les différentes manifestations théâtrales comme les Journées théâtrales de Carthage (JTC) dont la programmation de ces dernières années comprenait une variété de spectacles de danse.

Le dialogue des corps

Imen Smaoui fait partie de cette école qui s’attache à faire valoir la danse contemporaine, ce qui permet une réelle dynamique et une grande diversité dans le paysage théâtral tunisien. ‘‘L’ivresse des profondeurs’’ nous rappelle que le théâtre ne se limite pas à un échange de paroles, ainsi l’artiste a pris le parti de faire dialoguer les corps car c’est aussi le moteur de son œuvre, non seulement parce qu’il s’agit d’un spectacle de danse mais aussi parce que c’est le thème qu’elle a souhaité développer : le corps et la liberté de s’approprier ses orientations sexuelles et ses désirs dans une société qui continue d’écraser les libertés individuelles et notamment la liberté sexuelle.

Il n’y a pas la moindre parole, mais le spectacle n’est pas pour autant muet puisque l’artiste a déployé un support sonore omniprésent durant près d’une heure (le temps qu’a duré la pièce) entre bruitage et musique qui se sont merveilleusement bien mariés avec la chorégraphie, les mouvements et la mise en scène.

Le spectacle se voulait une évocation des désirs humains depuis la naissance, et la chorégraphie illustrait bien ce cheminement de l’absence de sens à l’ivresse sensuelle. Une réelle alchimie se dégageait de l’énergie qui circulait entre les danseurs.

Ce qu’on pourrait cependant reprocher à ce spectacle c’est qu’il nous livre un message assez vague. Manquant de repères déchiffrables par le spectateur, ‘‘L’ivresse des profondeurs’’ puise dans l’imaginaire beaucoup plus que dans le concret.

‘‘Ivresse des profondeurs’’ d’Imèn Smaoui au 4e Art

 

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