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La mauvaise qualité du linge, talon d’Achille de l’hôtellerie tunisienne

Durant mon dernier séjour en Tunisie, j’ai passé plusieurs nuitées dans 4 hôtels 4 et 5 étoiles à Hammamet et à Sousse où j’ai été désagréablement surpris par la très mauvaise qualité du linge des chambres que j’ai occupées, grisâtre voire légèrement dégradé.

Par Habib Glenza *

Par respect et déontologie, je préfère m’abstenir de nommer les hôtels en question. Toutefois, j’attire l’attention des responsables concernés par le secteur touristique tunisien, en tant que Tunisien d’abord, ex-président de la Chambre nationale des buandiers-nettoyeurs à sec, relevant de l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica) et enfin ingénieur en buanderie, sur la nécessité d’améliorer la qualité du linge de nos hôtels, qui reste encore l’un des maillons faibles des services hôteliers, ce qui risque de porter atteinte non seulement à l’image de marque de l’hôtellerie tunisienne, mais également à l’image de marque du tourisme tunisien au moment où l’on s’attend à recevoir, cette année, 8 millions de touristes.

Formation en buanderie et emploi des jeunes

Le linge que j’ai entre les mains n’est pas conforme au standing des hôtels 4 et 5 étoiles. Sa mauvaise qualité est due essentiellement à l’absence de formation professionnelle adéquate et pertinente en buanderie. Les responsables des hôtels en question le reconnaissent, mais ils expliquent également que les buanderies hôtelières sont gérées par un personnel dépassé par l’évolution fulgurante de cette activité au plan mondial.

Il est donc du devoir du ministère de la Formation professionnelle d’assumer sa responsabilité en mettant à la disposition des hôteliers des ouvriers et des techniciens qualifiés capables de répondre aux besoins de nos buanderies en matière de traitement d’un linge dont la composition est devenue de plus en plus difficile à laver et surtout en matière d’entretien préventif et curatif des équipements.

Pour cela, il est indispensable de former en premier lieu des formateurs, qui auront pour tâche de former des ouvriers qualifiés (CAP), techniciens (BTP), techniciens supérieurs (BTS).

Pour répondre à l’entretien de 750 tonnes de linge hôtelier par jour, il faut disposer dans l’immédiat de 20.000 à 30.000 ouvriers et techniciens en buanderie, ce qui représente une opportunité pour l’emploi des jeunes.

Le défi de la formation de base

Dans les années 2000 à 2010, la Chambre des buandiers que je présidais avait entrepris un cycle de formation continue en buanderie, en collaboration avec le Centre national de formation continue et de promotion professionnelle (CNFCPP). Cette formation s’est soldée par un échec en raison du niveau du personnel du secteur de la buanderie-nettoyage à sec, ce qui confirme que la formation continue ne peut remplacer la formation de base.

Si nous tenons, aujourd’hui, à relever le défi de l’amélioration du service du linge hôtelier, objet de nombreuses réclamations, et préserver l’image de marque de notre secteur touristique, pourvoyeur d’emploi et source de rentrées de devises, il faut s’atteler, sans plus tarder, à pourvoir une véritable formation en buanderie.

Il convient de savoir, dans ce contexte, qu’un jeu de linge d’un hôtel 5 étoiles de 500 lits peut coûter jusqu’à 800.000 DT!

* Conseiller à l’exportation, agréé par le ministère du Commerce. 

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