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Les «Khwenjia» ont changé la conception tunisienne de l’islam

Prière de l’Aïd sur la plage de Hammamet, en 2012.

Le seul avantage de cette Coupe du monde de Russie pour nous Tunisiens, c’est peut-être qu’elle a mis en exergue et révélé de manière on ne peut plus claire un phénomène sociétal existant aujourd’hui dans le pays et qui ne cesse de s’amplifier, à savoir le changement de la conception tunisienne de la religion.

Par Chedly Mamoghli *

Au-delà de notre participation catastrophique à cette Coupe du monde avec les deux défaites d’affilée – surtout celle de samedi 23 juin 2018 face à la Belgique (2-5) durant laquelle on a bu le calice jusqu’à la lie – ainsi que l’élimination et à travers le cas de l’imam Maaloul, conduisant les prières collectives des joueurs de l’équipe et veillant à la qualité de leur jeûne du ramadan, il ne faut pas être grand clerc pour deviner, comprendre et être interpellé par ce changement conceptuel de la religion et de la foi y afférant.

Allah, Rolex et Mercedes

En effet, la religion a perdu sa conception spirituelle. Elle n’est plus un lien transcendant entre l’être et son Créateur. La religion ne se vit plus dans la discrétion et dans un cadre parallèle à la vie et à la routine de tous les jours.

Prière publique sur la place du Bardo, en 2013.

La religion est désormais ce «quelque chose», ce «gadget», ce «truc» qu’on montre et qu’on expose ostentatoirement sur la place publique et sur les réseaux sociaux.

La religion est désormais un lien entre l’être et son semblable. Nous sommes dans l’étalage de la foi. Nous somme dans l’étalage vulgaire de la foi, la religion étant devenue du m’as-tu-vu (du show off comme disent les Anglo-saxons). Bref, un élément de l’arrivisme.

Le premier réflexe des arrivistes et des parvenus aussitôt enrichis et ce afin de satisfaire leur complexe d’infériorité et leur soif est de s’offrir une Mercedes et une Rolex qu’ils arborent au poignet. La religion a été reléguée au même titre que ces signes extérieurs de richesse sauf que c’est un signe extérieur de «piété» et de «sagesse» à leurs yeux.

Les hommes politiques manient aussi l’outil religieux. 

Le fonds de commerce de la religion

La religion a été instrumentalisée et galvaudée par des tartuffes et des faux dévots qui veulent jouer aux sages et aux seigneurs. Et incontestablement, la montée de l’islam politique, qui s’est emparée d’une bonne partie de la place publique et de la société, en est pour beaucoup car ce dernier n’a pas une conception spirituelle de l’islam mais une conception politique qui utilise et instrumentalise la religion. Et en fait un fonds de commerce.

Sans oublier que dans le cas de l’imam Maaloul, qui a une relation particulière avec le Qatar – le sponsor financier et médiatique des «Khwenjia» (Frères musulmans) partout dans le monde – et donc qui veut plaire à ses maîtres et bailleurs de fonds, en faisant preuve de beaucoup de zèle religieux.

* Juriste.

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