Les universités privées en Tunisie sont en plein bras de fer pour les inscriptions 2018/2019. Elles font preuve d’une imagination «débordante », pour accoler à leurs formations respectives des références de Grandes Ecoles internationales réputées.
Par Rania Charfi
Ce qui est particulièrement flagrant, s’agissant par exemple du label «Sciences Po».
Pourtant «Sciences Po» est une marque exclusive déposée, qui est la propriété de la Fondation nationale des sciences politiques en France (FNSP) et de l’Institut d’études politiques de Paris (IEP) qui en dépend.
Certains petits malins en Tunisie, pour «appâter le chaland» en cette période de pré-inscriptions universitaires, n’hésitent pas à utiliser et afficher l’appellation «Sciences Po» en grands caractères publicitaires (en y rajoutant en tout petits caractères et en italique la mention complémentaire sensée lui permettre de «se couvrir» juridiquement). Ceci afin de faire croire qu’il s’agit de «Sciences Po Paris… à Tunis».
Il s’avèrerait que ce petit manège n’ait d’ailleurs pas échappé à la vigilance de l’ambassade de France en Tunisie, qui semblerait l’avoir remarqué.
La FNSP de son côté, qui est propriétaire exclusive de la marque «Sciences Po», s’apprêterait à engager une action à la rentrée, afin de remettre de l’ordre face à ces abus chez nous.
Rappelons que les dix Instituts d’études politiques de France ont signé un accord pour réglementer l’usage de la marque «Sciences Po» au plan national et international, déposée en 1988 par la FNSP que détient Sciences Po Paris.
L’appellation «Sciences Po» n’est pas seulement un nom. C’est également une marque jalousement protégée. Il y a quelques années, la FNSP avait réagit fermement aux tentatives des neuf autres IEP français de jouir de la renommée internationale de cet intitulé en se l’appropriant.
La question est désormais résolue, depuis le 30 janvier 2015, par un accord signé entre les directeurs des dix IEP français pour régulariser l’usage de la marque «Sciences Po», réglementant les rapports entre Sciences Po Paris et les IEP qui utiliseraient cette marque.
Une «instance collégiale» composée des directeurs d’IEP a également été instituée comme «lieu d’information, de dialogue et d’échanges», avec pour fonction de «veiller à l’usage du nom Sciences Po» en France et dans le monde. Une entreprise commune qui met fin à toute équivoque.
Comme exemples de cette rigueur, lors de sa création en 2014 l’IEP de Saint-Germain-en-Laye s’était longtemps vu refuser le nom «Sciences Po» qui était initialement prévu. La FNSP était également montée au créneau contre l’Université Paris 8, dont un compte Twitter de l’un des professeurs était intitulé «Sciences Po Paris 8». Et il y a été immédiatement mis fin.
Alors que dire du «squat masqué» de la marque Sciences Po avec l’adjonction du nom «Tunis», constaté dans notre pays ?
Il fallait le dire, en faisant nôtre cette citation de George Orwel : «En ces temps de tromperie généralisée, le seul fait de dire la vérité est un acte révolutionnaire»!
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