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Marcel Khalifa à Carthage : L’émotion des retrouvailles

L’iconique chanteur libanais Marcel Khalifa a retrouvé le Théâtre romain de Carthage, jeudi 26 juillet 2018, après 5 ans d’absence, les retrouvailles avec le public tunisien étaient émouvantes.

Par Fawz Ben Ali

La soirée était l’une des plus marquantes dans la programmation de la 54e édition du Festival international de Carthage. Des chaises aux gradins, le théâtre était bien rempli bien avant le début du concert, dans l’attente du grand Marcel Khalifa qui fait cet été son grand retour sur scène, cette fois accompagné de son fils le pianiste Rami Khalifa et du percussionniste Aymeric Westrich.

Une tournée dans tout le pays

Pour son retour en Tunisie, un pays qu’il affectionne particulièrement, Marcel Khalifa a prévu une tournée énorme dans plusieurs festivals (Carthage, Hammamet, Dougga, Gafsa, Djerba, Kasserine…), un long séjour qui a plutôt mal commencé, car à son arrivée à l’aéroport Tunis Carthage, Marcel Khalifa s’est étonné de n’être accueilli par aucun responsable et surtout de devoir passer deux heures entières à attendre ses valises, un incident qu’il a relaté lors d’un point de presse en présence du ministre des Affaires culturelles Mohamed Zinelabidine, mais qu’il a heureusement vite oublié grâce à l’accueil chaleureux que le public tunisien lui a réservé dans tous les festivals où il a été jusque-là.

Carthage, une scène par comme les autres qui avait accueilli Marcel Khalifa tout au long de sa carrière et qu’il retrouve toujours avec beaucoup d’émotion et d’amour.

Pour ce nouveau rendez-vous, le grand artiste est venu partager la scène avec deux musiciens de grand talent : Rami Khalifa et Aymeric Westrich formant le duo Aufgang qui cartonne en ce moment, notamment en France.

Il faut dire que Rami Khalifa, tout comme son frère Bachar Khalifa, également musicien et chanteur (venu à maintes reprises en Tunisie pour des concerts en solo), a hérité la précision et la grande sensibilité musicale de son père.

Ce fut ainsi une soirée inédite conçue comme un dialogue musical d’abord interculturel entre musiques orientale et occidentale, puis intergénérationnel entre père et fils.

Marcel Khalifa n’a pas voulu joué à la vedette de la soirée mais s’est plutôt placé comme un maestro, orchestrant cette conversation musicale entre le oud, le piano et la percussion à la frontière de la musique orientale et du jazz, tout en se permettant de s’aventurer dans des moments de transe rythmiques intenses.

Les bonnes vieilles chansons, mais pas que…

Marcel Khalifa a ouvert le bal avec ‘‘Ya hadya al aïs’’ qu’il a souhaité dédier aux mères des martyrs en Tunisie et dans tout le monde arabe, enchaînant avec deux chansons autour de l’enfance ‘‘Qamar lemreyé’’ et ‘‘Boulis el ichara’’, puis avec un morceau entièrement instrumental intitulé ‘‘Sarkha’’, ainsi qu’une nouvelle composition très jazzy ‘‘Requiem for Beirut’’, dédiée à toutes les villes arabes qui résistent à la guerre, à la colonisation, au terrorisme … Le public réclamait évidemment les chansons iconiques du répertoire de l’artistes comme ‘‘Wa ana amchi’’, ‘‘Ommi », ‘‘Rita’’ … qu’il a pris un plaisir à chanter avec les milliers de festivaliers qui reprenaient les refrains en chœur.

Mais ce qui a surtout ravi le public, c’est une nouvelle chanson spécialement pour la Tunisie, écrite par le poète tunisien Adam Fathi, intitulée ‘‘Ya Tounes al horra’’. Marcel Khalifa ne pouvait pas ne pas penser aux deux grands poètes Mahmoud Darwich et Sghaïer Ouled Ahmed : «C’étaient mes amis, ils sont partis mais ils resteront à jamais là grâce à leurs poèmes», dit-il, en leur dédiant la chanson ‘‘Oudou ya ahbebi’’.

Comme toujours, Marcel Khalifa a su nous emmener loin avec ses beaux textes et ses rythmes reposés qui touchent en plein cœur et qui pansent les blessures. Sa carrière musicale colossale a fait de lui une icône de la musique arabe engagée, avec une identité artistique qui lui est propre.

Les années ne semblent avoir aucun effet sur la résonance de sa voix et de son oud. A 68 ans, Marcel Khalifa est toujours aussi adulé par plusieurs générations. Pour sa nouvelle tournée, il ne s’est pas reposé sur ses acquis mais a su se réinventer en nous proposant des fusions intelligentes à travers ce trio à la fois authentique et moderne.

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