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La parité successorale ferait 8 millions de «vieilles filles» en Tunisie !

Le philosophe islamiste Mohamed Habib (Abou Yaâreb) Marzouki vient d’ajouter son «petit» grain de sel au débat sur l’égalité successorale en exprimant sa crainte que si la proposition de loi de M. Caïd Essebsi venait à être adoptée, les Tunisiennes ne trouveraient plus de maris…

Prenant part hier, samedi 1er septembre 2018, à une conférence organisée par la Fondation Temimi pour la recherche scientifique et l’information, l’ancien universitaire qui a servi comme conseiller auprès du premier ministre islamiste Hamadi Jebali, chargé de la Culture et de l’Education, nous a gratifiés d’une inégalable insanité: «Si le projet de loi [que soumettra prochainement le président Béji Caïd Essebsi à l’Assemblée des représentants du peuple, ARP, ndlr] est adopté, au lieu de 3 millions de femmes célibataires, la Tunisie en aura 8 millions.»

Faisons l’effort, un court instant, de suivre le délire du philosophe islamiste: le partage égal d’un héritage entre frères et sœurs enrichirait les femmes tunisiennes au point où ces dernières ne trouveraient de maris. «Dans pareille situation, quelle famille s’aventurerait à accorder la main de sa fille?», s’interroge Mohamed Habib Marzouki.

Nous ne nous attarderons pas sur les chiffres de M. Marzouki – le nombre de 3 millions de «vieilles filles»tunisiennes qui passerait à 8 millions !–, car nous ne disposons de statistiques là-dessus, mais nous choisissons d’épingler le réactionnaire Abou Yaâreb sur son traditionalisme – pour ne pas dire son sexisme ou misogynie…

Tout d’abord, si l’on a bien compris la déclaration du philosophe, le mariage en Tunisie passe toujours par l’incontournable bénédiction parentale: au final, selon l’ancien constituant nahdhaoui, c’est au père que revient la décision de «donner la main de sa fille»

De plus, la conception de Mohamed Habib Marzouki de l’union d’une femme et un homme par les liens du mariage ne serait donc plus qu’une affaire de sous, de gros sous, qui, s’il y a égalité successorale, fera réfléchir les familles tunisiennes à deux (sinon trois ou quatre) fois avant de donner leur feu vert au mariage de leurs filles. Entre-temps, ces dernières occuperaient leur attente à «tresser leurs cheveux blancs…»

On aurait le plus grand mal de trouver plus rétrograde que cette prise de position d’Abou Yaâreb Marzouki sur la parité successorale. Nous aurons droit, prochainement lorsque cette question sera soumise à l’ARP, à d’autres bijoux qui seront exprimés par des député(e)s nahdhaoui(e)s.

Pour ceux qui connaissent le philosophe islamiste, cette sortie publique n’a rien de surprenant: c’est bien lui qui, lors du 9e congrès d’Ennahdha, en 2012, avait qualifié le tourisme en Tunisie de «prostitution clandestine.»

Marwan Chahla

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