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 »Les Héritiers infidèles’’ de Hamda Chérif : Comme un road movie

Dans son premier roman,  »Les Héritiers infidèles’’, Zine Elabidine Hamda Chérif jette un regard tendre et nostalgique sur une période mouvementée de l’histoire tunisienne, les années 1960-1970, marquée par les révoltes estudiantines.

Par Hamdi Hmaidi

Il s’appelle Bayram. Il est de Gafsa. Il vient d’avoir son baccalauréat. Son meilleur ami, Simon Cassuto, dont les parents ont décidé de quitter définitivement la Tunisie, lui a fait, avant son départ, un cadeau d’une valeur inestimable : une Harley-Davidson qui va changer sa vie.

«À nous deux, Tunis !»

Faire Gafsa-Tunis pour entamer ses études à l’université est devenu une évidence pour le jeune étudiant, malgré la réticence de son père. Sillonner et découvrir la capitale grâce à cet engin est une aubaine qui n’est pas offerte à tout le monde. Après une escale à Kairouan, où il a vécu une première expérience d’adulte, il ne restait plus au jeune Gafsien que de se dire : «À nous deux, Tunis !»

Bayram n’a pas mis beaucoup de temps pour s’adonner à toutes les fréquentations : la faculté, les filles, les artistes, les journalistes, les bars des intellectuels… Son éducation à la fois scientifique, politique et sentimentale s’est faite naturellement et progressivement, permettant ainsi à notre néophyte d’entrer de plain pied dans la vie adulte.

À travers le cheminement du héros du roman, nous décelons aisément le contexte dans lequel s’inscrivent les faits. Il s’agit du Tunis des années soixante-dix du XXe siècle. Un bras-de-fer opposait alors le pouvoir en place aux étudiants, qui étaient fortement marqués par la vogue des mouvements communistes dans le monde, l’impact de mai 68 en France, le processus de décolonisation inscrit dans la conjoncture de la guerre froide et mus par la révolte contre le père symbolique (Bourguiba).

De beaux souvenirs d’une période mouvementée

D’autre part, une dynamique particulière caractérisait les milieux artistiques et littéraires avec des formes d’expression inédites, des débats parfois houleux et une participation vivifiante à la vie culturelle en général.

Des grèves à répétition ont fait que les cours ne sont pratiquement plus assurés à l’université. Bayram s’est donc trouvé impliqué dans les débats qui avaient lieu aussi bien à la faculté que dans les cafés et chez certains militants de gauche.

Il a également eu largement le temps d’aller voir des films et des expositions de peinture et d’assister à diverses manifestations culturelles. Il a ainsi connu l’amitié, l’amour, la déception sentimentale et vécu de multiples aventures, sa moto lui ayant nettement facilité les déplacements ainsi que la communication avec les jeunes de sa génération.

Ecrit à la manière d’un road movie (film qui relate un périple sur les routes avec utilisation de la moto ou de l’automobile comme moyen de déplacement), ce roman composé dans une langue élégante se lit avec beaucoup de plaisir, fait découvrir à ceux qui ne l’ont pas connue une période intéressante de l’histoire récente de la Tunisie et rappelle à ceux qui l’ont connue de beaux souvenirs.

*  »Les Héritiers infidèles’’, roman de Zine Elabidine Hamda Chérif, éd.Nirvana, Tunis 2018.

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