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Ennahdha pourrait proposer une femme à la présidence de la république

Les islamistes tunisiens réinventent la femme-alibi. 

Après avoir réussi le coup de porter une femme à la tête de la municipalité de Tunis, Souad Abderrahim, le parti islamiste Ennahdha pourrait proposer la candidature d’une femme à l’élection présidentielle de 2019.

Par Imed Bahri

C’est ce qu’a indiqué Zoubeir Chehoudi, membre du Majlis Choura, dans un entretien avec le journal londonien ‘‘Al- Quds’’, tout en s’empressant d’ajouter que d’autres personnalités du mouvement pourraient tout aussi bien présenter leur candidature tels que le président du mouvement Rached Ghannouchi, ses deux vice-présidents Abdelfattah Mourou et Ali Larayedh, ou encore l’ancien chef de gouvernement provisoire Hamadi Jebali et le député Samir Dilou. «Cette question n’a cependant pas encore été discutée au sein du Majlis Choura», a-t-il aussi précisé.

Refaire le «coup» de Souad Abderrahim

Rappelons, à ce propos, que M. Ghannouchi avait déclaré que l’élection de la candidate d’Ennahdha à la tête de la municipalité de Tunis, en mai dernier, est «un examen pour les modernistes» et le succès de Mme Abderrahim «pourrait lui déblayer le terrain pour accéder à d’autres postes politiques importants comme ceux de chef de gouvernement ou président de la république.»

Ainsi, donc, après avoir réussi le «coup» de la municipalité de Tunis, qui a redoré leur blason aux yeux notamment des responsables occidentaux, les islamistes tunisiens veulent visiblement continuer à se la jouer progressistes en présentant une femme à la prochaine présidentielle.

Ils pensent sérieusement à ce scénario qui leur permettrait, entre autres effets espérés, de se neutraliser momentanément les uns les autres et d’éviter de faire éclater leurs conflits intérieurs et leurs querelles de leadership, jusque-là feutrés , mais  qui sont à la merci d’une étincelle  que la prochaine présidentielle pourrait déclencher.

A la recherche d’une dame qui jouerait le jeu

Une candidate à la présidence de la république serait également un précédent en Tunisie. Il frapperait les esprits de ceux qui sont restés jusque-là sceptiques quant aux capacités des islamistes de progresser sur la voie de la modernité sociale et politique, et, surtout, constituerait un nouvel examen (et une nouvelle épreuve) pour les modernistes, encore trop… sexistes et qui ne semblent pas encore prêts à une telle évolution qui est pourtant dans le droit fil de leurs engagements intellectuels et idéologiques.

Par ailleurs, le président de la république n’ayant plus vraiment de prérogatives selon la constitution qu’ils ont fait voter en janvier 2014, et où l’essentiel des pouvoirs est détenu par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), les islamistes peuvent désormais se permettre de placer une femme, de préférence blonde et non voilée, au Palais de Carthage. Et il n’est pas difficile de trouver une dame prête à jouer le jeu, même parmi les soi-disant modernistes.

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