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Octobre musical : Pleins de notes «tchèques» dans la tête

C’est une rencontre sympathique entre un violoniste qui a écumé les scènes prestigieuses et une jeune pianiste virtuose que l’Octobre musical a accueilli : Lucie Toth au piano et Jaroslav Sveceny au violon.

Par Hamma Hanachi

À eux deux, les deux virtuoses tiennent fermement la barre et nous embarquent dans les eaux d’un programme où Dvorak et Smetana, les deux géants incontournables de la musique classique tchèque, sont mis en relief.

Beethoven pour commencer, ‘‘Le Printemps de la 5e sonate’’ entamée au pas de course. Sveceny est à son affaire, concentré, la joue collée à son violon, il prend les quatre mouvements (Allegro, Adagio, Scherzo et Rondo allegro) en main. Lucie Loth accompagne avec soin; elle est moins expansive.

Dans une ligne mélodique prégnante

Place à Anton Dvorak, compositeur célèbre pour ses symphonies et particulièrement la ‘‘Symphonie N 9’’, dite «du Nouveau Monde». Le duo a choisi une sonatine dans le répertoire de l’Octobre, vive, enthousiaste avec des consonances folkloriques : quatre mouvements, des envolées enjouées et un violon qui fait du yoyo. Sveceny pousse sur l’archet dans une ligne mélodique prégnante. La substance du concert est entre ses mains, le public est toute attention, les yeux rivés sur ses gestes et son jeu passionné. Et Lucie Toth ? Elle est concentrée sur la partition et dodeline de la tête.

Un scherzo de Brahms, divertissant, des accents folkloriques, des intonations gaies. Le violoniste tient ses phrases; il donne un sentiment sûr et tient le tempo, un phrasé fluide. À la pièce, il donne un caractère enjoué. Le public succombe au charme éloquent, discret. Les lignes définies sont clairs. Des flux et reflux du rythme. Bref un tempo habité.

Où l’on apprend également que le violoniste est aussi collectionneur et grand connaisseur dans la fabrication des violons. Il expose ses instruments anciens (pièces datant du XVIIe au XXe siècle) et organise des concerts «violino» exécutés avec ses nombreux violons. Autrement dit, il a épousé cet instrument.

Scènes de l’Est, sons du monde

Et le programme de l’Octobre nous apprend que Sveceny est lui-même compositeur, il joue un morceau ‘‘For NY’’. Une pièce tout en fantaisie, le violoniste remanie à volonté les tempos avec des touches perlés et use des pizzicati. ‘‘For NY’’ prend la forme d’un bonbon sucré, un peu trop – les puristes peuvent pousser les critiques et hurler contre l’emphase, l’exubérance et le «m’as-tu vu?» – : les appels du pied du violoniste au public sont évidents, celui-ci est servi, ravi même et ne boude pas son plaisir, debout, il applaudit à tout rompre. Courbé Sveceny, qui joue sans bouler, sans négliger, salue humblement «son public».

Un saut en Tchécoslovaquie, naturellement, on y rencontre Bedrich Smetana, le compositeur patriote, emblématique de ce pays. Le duo a choisi ‘‘From homeland-two concerts duo’’, une œuvre tardive, nationaliste, composée en 1880 à l’approche de la dépression du compositeur. Sveceny s’y met, il laisse le temps à Toth de mieux s’exprimer et… le concert prend fin.

Décidément, le tonnerre d’applaudissement rappelle le duo à un bis. Ça sera ‘‘Vocalise’’ de Sergei Rachmaninov (composée en 1912), romantique à souhait, fréquemment chantée. Jeu sobre, les envolées lyriques du morceau enflamme la tension des musiciens et excite l’appétit du public qui quitte difficilement les lieux, pleins de notes «tchèques» dans la tête.

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