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10 décembre 2018 : 70e anniversaire des droits de l’homme

L’adoption, en 2018, d’une loi criminalisant la discrimination raciale, est un grand acquis en Tunisie. 

La Déclaration universelle des droits de l’homme, dont on fête cette année le 70e anniversaire, a été adoptée à Paris le 10 décembre 1948. Elle est la pierre angulaire de tous les mécanismes internationaux de défense des droits de l’homme.

Par Najet Zammouri *

Chaque année, cet anniversaire est une occasion nouvelle de rappeler que les droits de l’homme ne sont pas simplement des valeurs à adapter aux références culturelles et aux identités locales, mais aussi que le respect des droits de l’homme n’est pas un choix et des slogans scandés par les hommes politiques avant de se lancer dans des batailles électorales, mais un ensemble d’obligations et de principes universels garantis par des traités et des déclarations juridiquement contraignants.

L’universalité des principes d’égalité, de justice et de dignité humaine

Aujourd’hui, alors que nous célébrons le 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, nous admettons que le monde a réalisé d’importants progrès qui confortent la réalité des droits de l’homme, protègent les libertés et consacrent les principes de la Déclaration, qui ont amélioré la vie quotidienne de millions de personnes et révélé les souffrances de l’humanité à l’opinion publique mondiale.

Cependant, les réalisations des sept dernières décennies en matière des droits humains se sont fragilisées, et la montée de l’extrémisme violent, les conflits armés, le terrorisme généralisé, l’aggravation de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire et une forte augmentation du flux des réfugiés et des migrants en situation irrégulière portent à croire que la Déclaration des droits de l’homme n’est pas respectée, mais le fait qu’elle soit valable pendant 70 ans ne témoigne-il pas de la nature cosmique constante de ses principes établis d’égalité, de justice et de dignité humaine ?

Progrès des droits de l’homme en Tunisie depuis 2011

Alors que nous célébrons le 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme en Tunisie, nous constatons avec satisfaction que de nombreux progrès, tant législatifs que réels, ont été accomplis: la Constitution de la République tunisienne de 2014 consacre les nombreux droits énoncés dans la Déclaration. La situation des droits de l’homme en Tunisie s’est considérablement améliorée après 2011, notamment avec l’adoption des lois criminalisant la discrimination raciale, une première dans ce pays où les actes racistes contre la minorité noire et les étrangers subsahariens sont encore nombreux, une loi générale pour l’élimination de toutes les formes de violence à l’égard des femmes, une loi liée à la déclaration des biens, des services et de lutte contre la richesse illicite et le conflit d’intérêt… ces acquis sont couronnés par l’adoption du projet de loi sur l’égalité successorale par le conseil des ministres dans l’attente de son approbation par l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) avant d’entrer en vigueur.

Des acquis menacés par la crise économique et sociale

Cependant, les défenseurs des droits de l’homme suivent avec inquiétude, ces dernières années, la situation des droits de l’homme et les risques qui menacent ces acquis fragilisés par une situation socio-économique sans précédent tant dis que le gouvernement s’apprête à piocher dans la caisse du contribuable pour indemniser 65.000 islamistes pour des années dévouées non pas pour l’instauration d’un Etat démocratique et pluraliste mais pour des fins partisanes. D’autant plus que le contexte transitionnel est caractérisé par une fragilité institutionnelle et une incertitude de la politique, puisque les instances constitutionnelles indépendantes qui œuvrent au renforcement de la démocratie tardent à voir le jour.

* Membre du comité directeur de la LTDH.

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