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Banque mondiale : En Tunisie, 60% des travailleurs occupent des emplois informels

La Banque mondiale organise une conférence régionale à Tunis pour débattre des transformations de la nature du travail et de la nécessité d’adapter les systèmes éducatifs pour exploiter ces opportunités.

Des décideurs du secteur public et des représentants de la société civile et du secteur privé d’Algérie, d’Égypte, de Libye, du Maroc, de Tunisie et d’autres pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (Mena) se réuniront aujourd’hui, vendredi le 21 décembre 2018, à Tunis, pour débattre des conclusions de deux rapports récemment publiés par la Banque mondiale et qui appellent à investir davantage dans les populations pour préparer les économies de demain. Ces rapports plaident en faveur de l’accroissement des investissements dans la santé et l’éducation et de l’amélioration des systèmes de protection sociale, des conditions essentielles pour s’adapter aux mutations induites par la technologie et saisir les occasions qui en découlent.

L’événement, présidé par le chef du gouvernement tunisien, Youssef Chahed, et le vice-président de la Banque mondiale pour la région Mena, Ferid Belhaj, a pour but d’engager un débat approfondi autour d’une feuille de route ambitieuse destinée à améliorer les résultats en matière d’éducation et de formation. Le ‘‘Rapport sur le développement dans le monde 2019’’, intitulé Le travail en mutation, démontre que les technologies numériques renforcent la demande de compétences cognitives avancées, d’aptitudes socio-comportementales et de capacités d’adaptation sur les marchés du travail. L’économie numérique — en particulier par l’intermédiaire des plateformes en ligne — offre par ailleurs la possibilité de créer davantage d’emplois.

Ainsi, l’application de réservation de véhicule avec chauffeur Careem est aujourd’hui une entreprise qui pèse un milliard de dollars et qui a créé des milliers d’emplois dans la région. En outre, comme la localisation des emplois importe moins aux plateformes numériques, elles offrent des débouchés dans les régions moins développées. Néanmoins, pour tirer parti des possibilités offertes par l’économie numérique mondiale, les pays de la région Mena devront étendre l’accès au haut débit et aux paiements numériques pour permettre à tous leurs citoyens de bénéficier des avantages de la technologie.

Le rapport détaille également le nouvel indice du capital humain, présenté en octobre dernier à Bali, et qui permet aux pays de mesurer l’impact de leurs investissements dans la santé et l’éducation de leur population sur la productivité future. Or les pays de la région Mena sont moins bien classés que leurs pairs, en raison notamment de la faiblesse des résultats de l’apprentissage.

«Bien que les pays de la région Mena consacrent une part importante de leurs budgets à l’éducation et qu’ils aient accompli des progrès remarquables en matière d’accès à l’éducation, les jeunes diplômés ne disposent pas des compétences recherchées sur le marché du travail. Aujourd’hui, les titulaires d’un diplôme universitaire sont plus susceptibles d’être au chômage que des personnes moins qualifiées», explique Ferid Belhaj, vice-président de la Banque mondiale pour la Région Mena. «La stratégie de la Banque mondiale pour la région vise à mieux équiper les jeunes d’aujourd’hui et de demain pour l’avenir, de manière à ce qu’ils puissent réaliser leurs ambitions et contribuer au cycle vertueux du développement durable de leurs pays».

Le nouveau rapport phare intitulé ‘‘Ambitions et aspirations : Un nouveau cadre pour l’éducation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord’’ incite les décideurs à bannir la répétition et la mémorisation et à privilégier les aptitudes prisées dans la nouvelle économie numérique, telles que la pensée critique et la résolution de problèmes, car c’est en inculquant ces nouvelles compétences et en encourageant l’innovation que l’éducation peut devenir un important accélérateur de croissance. Pour que l’éducation joue pleinement son rôle, le rapport préconise un nouveau cadre combinant une plus grande priorité accordée à l’apprentissage, une incitation au développement des compétences — y compris celles des enseignants — et un pacte rassemblant toutes les composantes de la société autour de la mise en œuvre des réformes nécessaires.

Selon le ‘‘Rapport sur le développement dans le monde 2019’’, si les pays améliorent leurs systèmes éducatifs et créent un environnement propice aux innovations numériques, la révolution technologique peut être un puissant moteur de croissance et de création d’emplois. Toutefois, concrétiser ce potentiel suppose d’adapter les systèmes de protection sociale aux évolutions de la nature du travail.

De nouvelles formes de protection sociale seront nécessaires pour tenir compte du développement continu des compétences et de changements d’emploi plus fréquents. L’économie numérique se singularise par la flexibilité de ses emplois, mais aussi par l’absence de contrats de travail et de mécanismes de protection sociale traditionnels.

«Indépendamment des progrès technologiques, l’informalité restera une caractéristique prédominante des économies de la région. Environ 70% des travailleurs au Maroc et 60% en Tunisie occupent toujours des emplois informels à faible productivité, recourant peu à la technologie et sans aucune protection sociale. C’est en améliorant l’accès à la technologie et en adaptant leurs systèmes de protection sociale que les pays pourront mieux faire face au problème actuel de l’informalité, tout en se préparant à l’économie de demain», souligne Marie-Françoise Marie-Nelly, directrice des opérations de la Banque mondiale pour le Maghreb et Malte.

Source : communiqué.

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