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De bonnes raisons pour craindre le terrorisme d’Etat iranien

Depuis qu’ils ont été visés par plusieurs attentats dirigés par Téhéran sur le sol européen, les membres de la diaspora iranienne s’inquiètent de la nouvelle insolence du régime islamiste qui n’hésite dorénavant plus à recourir à des actes terroristes en plein cœur de l’Europe.

Par Simin Nouri *

Cela inquiète bien évidemment les autorités dans les pays européens, dont la France. «C’est un acte d’une extrême gravité envisagé sur notre territoire», ont déclaré les ministres français Gérard Collomb, Jean-Yves Le Drian et Bruno Le Maire dans un communiqué commun inédit, le 2 octobre 2018, au sujet du projet d’attentat à la bombe à Villepinte contre le rassemblement de dizaines de milliers d’exilés iraniens, sympathisants du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI), la coalition de l’opposition démocratique.

Plusieurs plans d’assassinats d’exilés iraniens déjoués

Plusieurs diplomates iraniens ont été expulsés de France et d’autres pays européens pour leur rôle direct dans des complots terroristes dans ces pays. Rien qu’en 2018, au moins quatre tentatives d’attentats fomentés par les agents du ministère iranien du Renseignement et de la Sécurité (Vevak) en Europe et aux Etats-Unis ont été déjoués.

L’Albanie vient d’expulser l’ambassadeur de Téhéran de son territoire pour implication dans le terrorisme. En mars dernier les autorités albanaises avaient déjoué un attentat visant la cérémonie des opposants iraniens, célébrant le Nouvel An perse.

Près de 3000 membres des Moudjahidine du peuple sont installés en Albanie après avoir quitté l’Irak où ils étaient persécutés.

Un autre diplomate iranien basé à Vienne, chef du bureau des renseignements et des opérations du régime iranien pour l’Europe a été arrêté le 1er juillet en Allemagne et extradé en Belgique pour être jugé pour «crime terroriste». Assadollah Assadi et trois autres individus sont incarcérés en Belgique pour avoir préparé l’attentat de Villepinte qui devait provoquer, s’il avait réussi, la mort de centaines de personnes, dont plusieurs personnalités internationales réunies autour de l’opposante Maryam Radjavi.

Un agent du ministère iranien du Renseignement a été arrêté en novembre au Danemark pour une tentative terroriste, et deux autres agents des services de Renseignement ont été arrêtés et mis en examen aux Etats-Unis.

La diaspora iranienne d’Europe et d’Amérique du Nord a organisé le 15 décembre un événement international pour attirer l’attention sur cette menace et exiger une politique de grande fermeté à l’égard de Téhéran. Ces attentats qui ont été pour la plupart déjoués par les services de Renseignement occidentaux, sont une violation de l’engagement pris par Téhéran il y a quelques années, de ne plus recourir au terrorisme sur le sol européen. Une pratique funeste qui avait conduit durant les années 1980 et 1990 à plusieurs assassinats et attentats meurtriers, notamment en France, Suisse, Italie et Turquie contre des opposants iraniens et des populations civiles.

Pourquoi ce changement d’attitude?

Tandis que tous les signaux sont au rouge avec la montée du terrorisme d’Etat des mollahs, l’Union européenne, n’a pas vraiment pris de mesures sérieuses pour contrer ces menaces terroristes croissantes. C’est sous-estimer les capacités de nuisance d’un régime en fin de course qui n’hésitera devant aucun acte de violence pour se maintenir au pouvoir.

La nouvelle furie terroriste des mollahs s’explique notamment par la situation critique du régime du Guide suprême Ali Khamenei à la veille de son quarantième anniversaire. Une vague de protestations sans précédent depuis la révolution de février 1979 a gagné les villes iraniennes depuis le début de l’année.

Les révoltes et manifestations populaires qui ont embrasé quelques 140 villes du pays, avec des revendications contre la vie chère et le joug de la dictature oppressive, ont continué sans relâche à ce jour. Les grèves et mouvements sociaux des divers secteurs de la société ont mis en évidence une résilience et une mobilisation inédite, amplifiant les risques d’une insurrection générale, alors que les sanctions américaines commencent à peser douloureusement sur le régime.

Par ailleurs, la principale force d’opposition, la coalition du CNRI s’est révélée sur la scène internationale comme une alternative viable au régime des mollahs. Malgré la férocité de la répression, la capacité du mouvement à étendre ses réseaux de résistance à l’intérieur du pays inquiète le régime. Le mouvement s’est montré particulièrement efficaces ces derniers mois en influant sur le mouvement social et les protestations populaires. Sa présidente, Maryam Radjavi a rappelé lors d’une conférence, la semaine dernière, en Albanie : «Le terrorisme est la stratégie adoptée par le régime, impliquant tous ses dirigeants, pour contrecarrer sa chute».

Le Guide suprême cherchera à prolonger la vie de son régime par une répression féroce à l’intérieur et le recours au terrorisme à l’étranger. Dans sa fuite en avant, la réaction d’Ali Khamenei risque d’entraîner dans sa chute le monde dans la violence. Une politique d’extrême fermeté pour stopper ces actions terroristes en Europe est plus que nécessaire.

Les représentants et associations de la diaspora qui ont tenu samedi une conférence en multiplexe dans une quarantaine de villes du monde, dont celle tenue près de Tirana, ont tiré la sonnette d’alarme et appelé l’Union européenne et les pays membres à des mesures concret face au terrorisme d’Etat iranien : en plaçant le Vevak sur la liste des organisations terroristes et en expulsant les agents qui complotent dans les ambassades iraniennes.

Patrick Kennedy, figure démocrate américain, qui était l’hôte de la conférence a souligné : «Contrairement à la propagande du régime iranien, les démocrates et les républicains des États-Unis sont unis pour soutenir une politique ferme sur l’Iran et pour soutenir le peuple iranien dans son désir de changement et d’une république fondée sur des élections libres, la séparation de l’Etat et la religion et l’égalité des sexes». Rappelant le rôle de l’ambassade d’Iran en Albanie pour propager le terrorisme il a déclaré : «Le gouvernement Albanais devrait expulser tous les diplomates iraniens de son territoire pour leur implication dans le terrorisme.»

Cet événement qui coïncide avec l’anniversaire du déclenchement des manifestations populaires en Iran, est également l’occasion de rappeler la nécessité pour la communauté internationale de se tenir aux côtés du peuple iranien dans ses aspirations démocratiques pour un changement de régime et l’instauration d’une république pluraliste, laïque et sans armes nucléaires.

* Présidente de l’association des femmes iraniennes en France. Co-auteur de l’ouvrage ‘‘Où va l’Iran ? Regards croisés sur le régime et ses enjeux d’influence’’, éditions Autrement.

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