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Quelle fête célébrons-nous ce 14 janvier 2019 en Tunisie ?

Dans le post facebook que nous reproduisons ci-dessous, l’auteur brosse un tableau sombre mais très véridique d’une Tunisie à la dérive qui célèbre, aujourd’hui, le 8e anniversaire d’une révolution dont les fruits sont encore amers.

Par Dr Mohamed Douagi *

Habituellement un jour férié correspond à une fête. On fête quoi le 14 janvier :

– un pays à la dérive, divisé entre les pour et les contre;

– un pays vidé de son élite;

– un pays qui voit ses enfants mourir en mer;

– un pays qui produit des terroristes qui tuent leurs concitoyens;

– un pays où le travail n’a plus de valeur et où la semaine de travail s’arrête le vendredi matin;

– un pays où les plus incompétents gouvernent et décident de l’avenir des jeunes et de l’élite;

– un pays en faillite économique où l’euro est passé de 1,8 dinars tunisiens (DT) en 2010 à 3,5 DT ce jour ;

– un pays endetté pour des dizaines d’années;

– un pays où arriver à avoir du lait, du beurre ou des œufs devient une prouesse;

– un pays où un simple boucher ou un inculte appelé Yaacoubi peut décider de l’avenir de nos enfants et où l’UGTT de Hached a perdu sa route;

– un pays où nos télés et médias sont dominées par des émissions poubelles où K2rhym, Najla ou Samir l’escroc sont des vedettes;

– un pays où le sport a perdu sa noblesse et où arriver à organiser un match devient un événement risqué et finit par une guerre avec les policiers, avec les adversaires ou même entre supporteurs de la même équipe;

– un pays où le citoyen ne pourra plus se soigner d’ici dix ans dans un hôpital public;

– un pays où on est passé d’une famille de voleurs à des voleurs à tous les coins et où ceux qui se sont attaqués avant 2011 à mon pays sont récompensés par des instances destouriennes;

– un pays où le contrebandier est appelé homme d’affaires et où le médecin risque sa vie en étant au travail…

Ah, me diront certains, on fête l’instauration d’une démocratie, qui permet d’insulter l’autre, d’entraver le travail, de bloquer les routes, de fermer des usines, d’exiger plus que ses droits sans répondre de ses devoirs, de transformer l’Assemblée en une arène de cirque, de condamner en comparution immédiate des jeunes qui échangent un baiser, de récompenser ceux qui ont des B3 sales, de laisser en liberté des terroristes…

Je pourrai continuer cette énumération des jours entiers, mais je m’arrête là et je sais que ce pays, mon pays, se relèvera grâce à ses jeunes et ses femmes, mais ce jour-là, serais-je encore là pour fêter mon pays?

* Médecin à l’hôpital militaire de Tunis. 

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Excuse-nous Adem Zaag !

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