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Le RTPAD accuse les autorités de soutenir la pêche anarchique

Le Réseau tunisien de pêche artisanale durable (RTPAD) se dit effrayé par une série d’événements qui confirment sa peur de perdre les ressources halieutiques devant la complicité des autorités compétentes avec les «pêcheurs» anarchiques.

Dans un communiqué rendu public mardi 15 janvier 2019, le RTPAD s’inquiète de l’impuissance des autorités devant «les hors la loi destructeurs de nos écosystèmes marins» menaçant de faire perdre ainsi les ressources de poissons.

«Cette situation menace directement les moyens de subsistance de 40.000 familles tunisiennes vivant dans la pêche artisanale. Après notre condamnation du gel des lois organisant l’exercice de la pêche au chalut au golfe de Gabès dans un communiqué de presse en date du 3 décembre 2018, nous vivons actuellement une nouvelle forte attaque atteignant l’usage de la violence extrême contre les petits pêcheurs défenseurs de La durabilité de leurs activités et exigeant le respect de la loi et l’application des bonnes pratiques dans l’exploitation des pêcheries fixes du type ‘‘chrafi’’», ajoute la RTPAD dans ce communiqué que nous reproduisons ci-dessous.

«La ‘‘charfia’’ est un engin de pêche typiquement tunisien qui se rencontre uniquement dans la région sud de la Tunisie et en particulier à Kerkennah, Djerba et Chebba.

La ‘‘charfia’’ est un engin de pêche passif de la catégorie des pêcheries fixes. Une ‘‘charfia’’ est constituée de branches de palmier (palme) plantées sur les hauts fonds ou encore près du rivage de façon à former des parcours au terme desquels les poissons se trouvent piégés.

L’engin est formé de bras ou ‘‘murs’’ et de chambres de capture. Les bras sont édifiés à l’aide de palmes qui sont enfoncées dans la vase et qui servent à guider les poissons vers les chambres de captures. Ces dernières sont constituées de claies de palmes soutenues par des poutres en bois de palmier et sont munies de nasses confectionnées à partir de régimes de palmier.

Ce type de pêche en mer peut obtenir des produits de poissons de haute qualité, alors que les palmes jouent un rôle de premier plan dans la fourniture d’un environnement favorable à certaines espèces de poissons lorsque la température augmente dans les faibles profondeurs, elle n’empêche pas le renouvellement de l’eau de mer.

Chaque année, 16 pêcheries fixes sont attribuées lors d’une enchère publique réalisée au cours du mois d’octobre de chaque année, après l’enlèvement de tous les équipements des anciens locataires des ‘‘chrafis’’ et ceci avant le 15 juin.

Pêche traditionnelle avec la ‘‘charfia’’ à Kerkennah.

Depuis la saison 2015-2016, les rapports indiquent l’émergence d’un nouveau phénomène, un comportement de l’exercice de ce type de pêche engendrant l’épuisement des stocks de poissons par le ciblage des juvéniles, en raison de l’adoption d’outils de pêche utilisant d’une manière illégale des filets de type ‘‘ritza’’ au lieu des palmes et de l’expansion de la mise en place de ‘‘bras’’ et ‘‘murs’’ dans d’autres espaces marins multipliant ainsi à 75 fois l’espace maritime alloué à chaque ‘‘charfia’’.

Selon ces mêmes rapports, l’utilisation de ces filets empêche le renouvellement des stocks de poissons en capturant un très grand nombre de petits poissons non matures (représentant environ 70% du total des captures).

Cela est dû à l’usage de filet de pêche de faibles mailles, qui se remplissent rapidement par les algues. Ces ‘‘murs’’ deviennent étanches même au courant marin et engendrent ainsi un vrai déséquilibre à la vie des organismes vivants.

Certaines pêcheries sont constitués de 95% de filet à faible maille ‘‘ritza’’ au lieu de l’usage des palmes, en violation flagrante de la loi et sans action dissuasif.

En outre, les locataires des ‘‘chrafis’’ ont illégalement élargi leurs espaces maritimes de 30 à 75 fois (de quelques milliers de m² à quelques centaines de milliers de m²), formant ainsi une barrière marine constitué de filets atteignant les 17 kilomètres au large de la côte de Maloulech. Les résultats de ce dérèglement environnemental est senti par les pêcheurs artisans des côtes de Mahdia et de Sfax qui souffrent de la chute de leurs captures.

Et devant le comportement passif et complice des autorités compétentes envers les abus réalisé au cours des 3 dernières saisons de pêche, un comportement aggravé par l’insistance du ministère de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche a entamer, pour la saison 2018-2019, les procédures des enchères publiques pour la location des ‘‘chrafis’’ sans le respect des stipulations des cahiers des charges organisant ces procédures et notamment l’arrêt de la pêche depuis juin 2018 et l’enlèvement des équipement des anciens locataires, un groupe de pêcheurs artisans affectées par l’exploitation illégale de ces ‘‘chrafis’’ ont demandé à ce que la procédure soit différée jusqu’au respect des conditions légales appropriées.

Ces ainsi que des réunions ont été organisées dont la dernière s’est tenue au siège du gouvernorat de Mahdia, le 12 décembre 2018, au cours desquelles ces professionnels ont appelé à prendre les mesures nécessaires pour la durabilité du secteur de la pêche:

– Les autorités compétentes doivent prendre les mesures appropriées et décisives pour mettre fin à l’exploitation aveugle des ‘‘chrafis’’ et qu’elles mettent fin aux violations du cahier des charges et poursuivent tous les contrevenants sans sélection en activant les dispositions de la loi et en commençant directement par mettre fin à l’activité des exploitants actuels dont les autorisations de pêche ont expiré et de tous ceux qui se sont avérés avoir une ‘‘charfia’’ en violation des conditions stipulées dans le cahier de charges, notamment en ce qui concerne l’utilisation des palmes et le respect des zones occupées pour chaque ‘‘charfia’’ ; et avertir les contrevenants et les verbaliser si nécessaire et saisir le matériel et les produits comme stipulé dans la loi sur l’exercice de la pêche en Tunisie;

– Développer les capacités des petits pêcheurs marins dans les domaines de la durabilité de la pêche et des bonnes pratiques d’exploitation des pêcheries fixes, et ce en organisant 3 sessions de formation par an pour 20 marins par session.

Mais le ministère a tenu à violer même les procès-verbaux des réunions organisées par les autorités régionales. Et le 3 janvier 2019, des enchères publiques sont tenues en faveur des exploitants actuels irresponsables qui monopolisent l’usage du domaine public maritime.

Dans cette situation, le ministère de l’Agriculture nie les stipulations du cahier des charges rédigé par lui-même et refuse de s’engager dans la mise en œuvre du «Code de conduite pour une pêche responsable» et des ‘‘Directives volontaires visant à assurer la durabilité de la pêche artisanale dans le contexte de la sécurité alimentaire et de l’éradication de la pauvreté’’ émis par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture.

Aucun effort consenti pour atteindre les Objectifs de développement durable ‘‘Objectif 14 : Conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable’’.

Nous appelons tous les pêcheurs responsables à soutenir leur nouvelle organisation, le RTPAD, qui lutte pour promouvoir une bonne gouvernance, des processus de décision participatifs et des pratiques optimales dans le secteur des pêches. Et tisse des liens avec ses partenaires pour la réalisation de projets visant à faire converger les aspects environnementaux, sociaux et économiques des ressources biologiques aquatiques pour que les communautés en retirent des avantages équitables.

Le Réseau soutient et approuve le procès-verbal de la réunion tenue au siège à Mahdia le 12 décembre 2018. Il s’engage à poursuivre juridiquement toutes les parties qui ne respectent pas la loi et ceux qui n’assurent pas leur rôle de protection des richesses de tous les Tunisiens.»

Source : communiqué.

Au Golfe de Gabès, qui sauvera la pépinière de la Méditerranée ?

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