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‘‘Un voyageur dans la tourmente’’ de Fathi Ennaïfer, une œuvre polymorphe

‘‘Un voyageur dans la tourmente’’ de Fathi Ennaïfer est un ouvrage nous fait redécouvrir des facettes méconnues de la personnalité et l’œuvre d’Omar Khayyâm (1048-1131), poète, mathématicien, astronome et, surtout, libre penseur.

Par Fekria Zalila Puget *

En ce début de 2019, le mois de janvier, généreux par ses 31 jours, s’est déjà avéré pour moi riche en événements et rencontres. Encore sous l’emprise de la lecture du livre ‘‘Un voyageur dans la tourmente’’, j’avais pu notamment évoquer la polyvalence de son auteur, Fathi Ennaïfer, lors d’un récent dîner entre amis.

Un Khayyâm polymorphe et très singulier

«Un scientifique doublé d’un littéraire ? Rien d’étonnant lorsque la personne est talentueuse», a commenté mon ami Hans, ingénieur en physique des particules au CERN, «mais l’inverse est rare», a-t-il ajouté. Il est vrai que Hans, féru de musique, est lui-même compositeur à ses heures, de quoi me donner quelques complexes, bien que me prévalant d’une formation scientifique et de quelques diplômes de langues.

Mais revenons à notre livre ‘‘Un voyageur dans la tourmente’’. Je l’avais lu, puis relu tant j’y avais fait de découvertes sur des facettes méconnues de la personnalité et l’œuvre d’Omar Khayyâm, mais également de son auteur, qui avait déjà réalisé ‘‘Tribulations levantines’’, une variation sur le thème du dialogue des cultures, dont il avait lui-même fait les illustrations signées sous le pseudonyme de «Felu».

Cette œuvre d’exégète par endroits nous fait découvrir un Khayyâm polymorphe et très singulier : poète, mathématicien et astronome bien entendu, mais également arabisant et hellénisant, sans oublier le philosophe et libre penseur, avec ses questionnements existentialistes ou encore touchant à la religion ou simplement à la vie en société. Et si ses travaux scientifiques avaient pu contribuer à repousser les frontières de l’inconnu, ses prises de position contre les dogmes et bousculant ce qu’on appellerait aujourd’hui le «politiquement correct» lui avaient valu invectives et anathèmes.

Le personnage au-delà du mythe

On en ressort avec un portrait réhabilité de celui qui passe dans l’imaginaire de bon nombre de critiques pour un débauché et un buveur invétéré, taxé de surcroît de mécréance, ultime opprobre pour le religieux et surtout le pieux qu’il était.

Enfin c’est aussi une œuvre de poète, si l’on se réfère aux traductions non dénuées de lyrisme des poèmes écrits en arabe par Khayyâm, ou encore au rendu de certains quatrains, dont j’ai pu goûter en particulier la rythmique et la musicalité. Il serait hors de propos de s’interroger sur la fidélité des textes à l’original, tant la traductrice que je suis connaît la complexité et les pièges de la traduction de textes poétiques en général, et de leur transposition par traduction interposée en particulier. Que dire, de plus, des «interprétations quelquefois divergentes des versions utilisées», pour reprendre les termes mêmes utilisés par l’auteur !

Effort colossal, qui au-delà de l’indulgence sollicitée en clôture, force l’admiration.

  • Fathi Ennaïfer, « Un voyageur dans la tourmente, 249 pages, 32 dinars, édité à compte d’auteur, mars 2018.

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