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Le respect de l’environnement est devenu un important enjeu touristique

La propreté et l’hygiène sont des composantes essentielles pour attirer de plus importants flux touristiques. Il faut s’en occuper de manière professionnelle et régulière et non… occasionnellement, à la faveur de campagnes de circonstance.

Par Khémaies Krimi

Le ministre des Affaires locales et de l’Environnement, Mokhtar Hammami, a réuni, le 17 février 2019, la police environnementale et l’a exhortée à faire en sorte que la capitale soit propre, en prévision de  la 30e session ordinaire du Sommet arabe, prévu le 31 mars 2019 à Tunis.

Cette campagne ciblera,  également, certaines autres régions de la république que visiteront les délégations officielles.

En assignant à cette campagne de propreté, un caractère circonstanciel et des objectifs conjoncturels bien déterminés, les responsables de cette campagne n’ont fait que perpétuer une fâcheuse tendance. Celle qui consiste à conditionner le respect des règles d’hygiène et de propreté dans le pays à l’organisation, dans le pays, d’une grande manifestation d’envergure internationale ou régionale.

En 2005, au temps de Ben Ali, c’était, à titre d’exemple, à l’occasion du Sommet mondial sur la société d’information (SMSI). Cette année, c’est à l’occasion du Sommet arabe et, dans une année, ce sera également à l’occasion du Sommet de la francophonie.

Conséquence : Tunis et les grandes villes tunisiennes ne seront vraiment propres que l’espace des quelques jours au cours desquels des rendez-vous internationaux et régionaux ont lieu.

La préservation de l’environnement, une tendance mondiale

C’est dommage, car de nos jours, la demande environnementale est devenue une tendance lourde partout dans le monde. Elle est consacrée, chaque année, par la tenue des fameuses Conférences des parties (COP), des réunions qui se tiennent sous l’égide des Nations unies pour «décider d’actions concrètes à mener afin de réduire, entre autres,  le réchauffement climatique».

La Tunisie,  qui projette d’accueillir, en 2019, 9 millions de touristes, du moins selon l’actuel ministre du Tourisme et de l’Artisanat René Trabelsi, est en mesure d’accueillir un plus grand nombre de touristes pour peu qu’un intérêt stratégique, et non conjoncturel, soit accordé à la propreté et à la sauvegarde de l’environnement.

Cette relation intrinsèque entre tourisme et propreté a été débattue lors d’un séminaire organisé, début février 2019, sur le thème : «La situation des flux touristiques néerlandais sur la Tunisie» par la Chambre tuniso-néerlandaise pour le commerce et l’industrie (CTNCI) en partenariat avec l’Observatoire du Tourisme et l’Union nationale de l’industrie hôtelière (UNIH).

Un chiffre cité au cours de cette rencontre mérite qu’on s’y attarde. Avant 1990, les Hollandais étaient plus de 100.000 à visiter annuellement la Tunisie. Ils n’étaient que 18.000 en 2018.

Selon les professionnels su secteur, l’origine de ce recul se trouve dans la dégradation de l’environnement dans les zones touristiques tunisiennes.

Quant on sait que 80,7% de la population les Pays-Bas partent en vacances, dont plus de la moitié à l’étranger, ce marché doit intéresser une destination méditerranéenne comme la Tunisie.

La mise en garde du ministre du tourisme pour la prochaine haute saison

René Trabelsi, qui a participé à ce séminaire, a profité de cette opportunité pour rappeler dans le même contexte que l’île de Djerba  était visitée, avant 2000, par plus d’un million de touristes allemands. Ils ne sont plus qu’environ 400 à 500.000.

À l’origine de cette baisse, il y a certes l’impact de l’attentat-suicide, perpétré le 11 avril 2002, devant la synagogue de la Ghriba, par un kamikaze du groupe terroriste Al-Qaïda, dont les victimes étaient en majorité allemandes, mais, surtout, la dégradation de l’environnement et des conditions d’hygiène dans l’île des Lotophages.

Djerba reste pourtant attractive. En juin 2018, l’île des rêves a été classée, par Mastercard, 3e destination dans le monde  en matière de tourisme et de divertissement. Elle vient juste derrière le Punta Cana (République dominicaine) et Cuzco (Pérou).

Le ministre a été très clair à ce sujet. Il a révélé que les TO allemands menacent de réduire l’effectif de leurs touristes à destination de Djerba si rien n’est fait pour améliorer la situation environnementale dans l’île, avant la haute saison touristique de 2019.

Le message est on ne peut plus clair. La propreté et l’hygiène sont des composantes essentielles pour attirer de plus importants touristiques. Il faut s’en occuper professionnellement, régulièrement et non de manière circonstancielle.

Comme quoi l’entretien des zones touristiques et l’effort à déployer pour y faire respecter la propreté et l’hygiène est un enjeu pour l’économie du pays et non un simple jeu de mode.

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