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‘‘Assoiffés tunisiens’’ de Ridha Tlili: un voyage au cœur de la pénurie d’eau

À l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, le documentaire ‘‘Assoiffés tunisiens’’ de Ridha Tlili a été projeté dans le cadre du Festival du film environnemental (Envirofest), le vendredi 22 mars 2019.

Par Fawz Ben Ali

Après avoir fait le tour de plusieurs villes et villages du sud, du centre et du nord du pays, suscitant de grands débats avec les citoyens, le long-métrage documentaire ‘‘Assoiffés tunisiens’’ du cinéaste Ridha Tlili a été projeté deux jours de suite à la capitale, d’abord le jeudi 21 mars au cinéma Le Rio, puis le lendemain à la Cinémathèque tunisienne dans la programmation officielle de la 2e édition du Festival du film environnemental de Tunisie (Envirofest), et ce à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau, célébrée le 22 mars de chaque année depuis 1993, une initiative de l’Organisation des Nations Unies (Onu).

Un supplice quotidien

Réalisé dans le cadre d’une compagne de sensibilisation sur le droit à l’eau, le film est une initiative de l’association tunisienne Nomad08 qui a pour vocation première de mettre la lumière sur les problèmes liés à l’eau, surtout dans les zones rurales, avec le soutien de la fondation Rosa Luxemburg Stiftung-North Africa.

Filmé un peu à la manière d’un road-movie, ‘‘Assoiffés tunisiens’’ est une immersion bouleversante dans le quotidien de tunisiens privés d’accès à l’eau potable. Après ‘‘Revolution under 5 minutes ‘’, ‘‘Controlling and punishment’’, ‘‘Forgotten’’… , Ridha Tlili, connu aussi sous le pseudonyme d’Ayan Ken (titre de son premier court-métrage) signe un nouveau documentaire poignant où il sillonne le pays du sud jusqu’aux zones les plus proches de la capitale pour filmer le supplice quotidien de citoyens victimes de mauvaises gestion, exploitation et distribution des ressources hydriques.

Il s’agit de zones marginalisées, complètement oubliées par l’Etat où chaque jour s’annonce comme une vraie lutte pour la survie : «Lorsqu’il s’agit d’élections, ils viennent nous voir pour voter…», s’alarme l’un des protagonistes du film, sur les fausses promesses des dirigeants politiques.

Pour une existence meilleure

Sans voix-off, le documentaire nous livre une série de témoignages teintés de désespoir et de colère d’hommes, de femmes, de jeunes et de moins jeunes qui vivent dans des conditions intolérables : des coupures d’eau qui peuvent durer pendant des mois en plein été, des familles malades pour avoir bu de l’eau sale faute d’avoir accès à l’eau potable et un impact direct et irréversible sur la terre, là où on vit essentiellement d’agriculture.

D’ailleurs, le film montre que beaucoup d’agriculteurs se trouvent contraints d’abandonner leurs terres.
Même à Ksar Ouled Soltan, célèbre zone touristique à Tataouine, les canaux d’irrigation et les réservoirs d’eau sont dysfonctionnels; que dire des autres régions dont beaucoup de dirigeants politiques ignorent même l’existence.

Environ 300.000 personnes n’ont pas accès à l’eau, selon l’Observatoire tunisien de l’eau. L’une des scènes les plus bouleversantes du film est probablement celle d’une femme âgée, obligée de faire quotidiennement des allers-retours à un puits bien loin de chez elle pour s’approvisionner en eau. «On vit à peine !», crie-t-on.

En plus de tous ces drames liés à l’eau, le film dénonce également de nombreux autres problèmes qui pèsent sur le quotidien de ces citoyens oubliés, notamment l’infrastructure des routes et l’état des écoles dont certaines risquent de s’effondrer. Le portrait d’une partie de la population isolée que le film met en lumière dans l’optique de sensibiliser les autorités et de faire changer le cours des choses pour une existence meilleure où tous les citoyens puissent vivre dignement dans le respect des droits humains les plus essentiels.

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