Accueil » Inauguration de la place virgile : Le «Vivre ensemble» se cultive à Sousse

Inauguration de la place virgile : Le «Vivre ensemble» se cultive à Sousse

C’est dans le cadre de la semaine «À la découverte de Sousse et du Sahel, patrimoine, culture et traditions» que se tient du 28 avril au 5 mai 2019, qu’a été inaugurée la place Virgile à proximité du musée archéologique de la Perle du Sahel.

Par Franck Pohu, correspondant à Sousse

Cet événement, sur le thème du «Vivre ensemble», s’est tenu, hier et aujourd’hui, avec la présence remarquée d’historiens de renom, du gouverneur de Sousse et de René Trabelsi, ministre du Tourisme et de l’Artisanat.

Malgré les 20 siècles qui nous séparent de Virgile, premier poète latin et père de la citoyenneté, nombreux sont les Tunisiens, les Français et amis de Sousse, venus de France, qui ont participé ce 2 mai à l’inauguration de ce lieu où la mosaïque a été découverte en 1896.

Aujourd’hui, si l’original est conservé dans le musée du Bardo, cette copie honorée à cette occasion, rappelle de manière symbolique l’histoire d’un pays qui s’est construit au fil du temps par une accumulation de strates culturelles, mêlant l’Orient, l’Occident et les trois religions monothéistes, dans un dialogue et des échanges constants pour un enrichissement mutuel.

Pour Slaheddine Ben Ahmed, président du syndicat d’initiative de Sousse, organisateur de cette semaine historique et culturelle, le symbole de Virgile reste un exemple plus que jamais d’actualité du «Vivre ensemble» en Tunisie. «À l’époque de ce grand poète romain, les citoyens se réunissaient, afin de gérer la cité, dans le respect de la religion et des croyances de chacun. Lorsque Rome a détruit Carthage, Virgile a jugé cet acte inexcusable. La Tunisie d’aujourd’hui doit beaucoup à l’héritage citoyen de Virgile».

Enseigner l’histoire pour vivre ensemble

Dans la salle de conférence du musée archéologique de Sousse, cette histoire culturelle des héritages successifs accumulés depuis plus de deux millénaires, a été retracée de manière magistrale par Mhamed Hassine
Fantar, Professeur d’histoire ancienne et d’archéologie, spécialiste des langues ouest sémitiques. «La mosquée a succédé à un temple romain, et le temple romain a succédé au temple punique. Quand le Sacré s’est installé sur un lieu, il ne bouge pas, quelque soit sa forme. C’est la succession de cultures, de traditions et de leurs interconnexions qui fait qu’un pays s’enrichit. Ces successions architecturales matérialisent le vivre ensemble et l’enseignement de l’histoire occupe une place essentielle dans la formation du citoyen».

Parmi les autres historiens invités à prendre la parole lors de cette conférence, Claire Rubinstein-Cohen, docteur en histoire et spécialiste de l’histoire des communautés juives de Sousse a rappelé toute l’importance de la conservation du patrimoine et de sa transmission pour favoriser le «Vivre ensemble».

Vivre ensemble, c’est regarder autrement

Multiculturelle et multiconfessionnelle, cette rencontre autour de Virgile a aussi donné la parole à un député français qui pendant toute cette semaine a participé aux déplacements et visites organisées par Slaheddine Ben Ahmed et son équipe. «Certes, nous sommes tous différents, nous n’avons pas forcément les mêmes idées politiques et religieuses, mais ce que je retiens de ce voyage, ce sont les rencontres, les échanges et la tolérance entre nous», a expliqué Bertand Sorre, député de la majorité présidentielle du président Macron, venu du département de la Manche. «Pour la France, la Tunisie est un pays important, un modèle pour la démocratie où les femmes ont leur rôle à jouer. Pour moi, le ‘‘Vivre ensemble’’, c’est regarder autrement», ajoute-t-il.

L’important, c’est l’humain

Cette journée a enfin été marquée par la présence de René Trabelsi, ministre du Tourisme et de l’Artisanat qui lui aussi a tenu à apporter son témoignage après avoir inauguré la mosaïque de Virgile. «Dans ma jeunesse à l’école, on n’a jamais regardé la religion ni la couleur de peau. L’important, c’est l’humain. Notre pays est devenu un grand pays démocratique, et cet événement aujourd’hui à Sousse est la réponse aux extrémismes. Le ‘‘Vivre ensemble’’ ce n’est pas un slogan, c’est aujourd’hui une réalité en Tunisie», a rappelé le ministre.

Le grand sociologue Marcel Mauss concluait son ‘‘Essai sur le don’’ par cette phrase : «Soit les hommes s’écartent, se méfient et se défient, et c’est la guerre, soit ils se traitent bien, se confient et c’est la paix». Ce 2 mai à Sousse, au-delà du symbole de la mosaïque de Virgile, tous les participants à cet événement dans leurs diversités ont ainsi matérialisé par leur simple présence cette volonté du vivre ensemble.

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.

error: Contenu protégé !!