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Le poème du dimanche : Une trentaine de haïkus de Matsuo Bashō

Considéré comme l’un des quatre maîtres classiques du haïku japonais (avec Buson, Issa et autres Shiki), Matsuo Bashō, plus connu sous son seul prénom de plume Bashō, signifiant «Le Bananier», est un poète du XVIIe siècle (début de l’époque d’Edo).

Né en 1644 à Iga-Ueno et mort le 28 novembre 1694 à Ōsaka, Bashō a laissé environ 2 000 haïkus, Bashō a fondé ce genre de poésie subtile qui crée l’émotion par ce que suggère le contraste ambigu ou le spectaculaire d’éléments naturels simples opposés ou juxtaposés. «Limite-toi à la poésie; ne perds pas ton temps en propos futiles. Si la conversation s’égare, somnole pour économiser ta force créatrice», disait-il dans une sorte d’éloge de la création poétique, dont il reste plus de quatre siècles après sa mort l’une des valeurs universelles.

1
La fraîcheur
J’en fais ma demeure
Et m’assoupis.

2
Rien dans le cri
des cigales suggère qu’ils
sont sur le point de mourir

3
Automne obscurité
descend sur cette route
Je voyage seul

4
Avec de jeunes feuilles
j’aimerais essuyer
vos gouttes de larme

5
De quel arbre en fleur ?
Je ne sais pas.
Mais quel parfum !

6
Ce couchant d’automne
On dirait
Le Pays des ombres.

7
Mes larmes grésillent
En éteignant
Les braises.

8
Viens
Allons voir la neige
Jusqu’à nous ensevelir !

9
Au printemps qui s’en va
Les oiseaux crient
Les yeux des poissons en larmes.

10
Pause entre les nuages
la lune repose
dans les yeux de ses spectateurs.

11
Ce chemin.
seule la pénombre d’automne
l’emprunte encore.

12
Le papillon
parfumant ses ailes
amoureux de l’orchidée

13
Laissez-nous poser
ces belles fleurs dans le bol
car il n’y a pas de riz

14
La première neige molle
les feuilles de la jonquille
émerveillée et prosternées

15
Le premier frisson de pluie
pauvre singe, vous pourriez vous aussi utiliser
une cape tissée de paille

16
Ce matin de neige,
cris du corbeau je méprise
Ah, mais si beau !

17
Allons- nous rencontrer à nouveau ?
ici, à votre tombe fleurie
deux papillons blancs

18
Ces fleurs d’été flétries !
les seuls vestiges
des guerriers invincibles et leurs rêves …

19
Parmi les graffitis
un nom illuminé
Le tien

20
Assis tranquillement, sans rien faire,
le printemps arrive,
l’herbe pousse, par elle – même.

21
Entre nos deux vies
il y a la durée de vie
d’une fleur de cerisier

22
Sur une branche nue
un corbeau est perché
soir d’automne

23
Enfant de la pauvreté
il commence à moudre le riz,
et regarde la lune

24
Combien je désire !
dans ma petite sacoche,
la lune, et des fleurs

25
Dans ma nouvelle robe
ce matin,
quelqu’un d’autre.

26
Neige qui tombait sur nous deux
Es-tu la même
Cette année.

27
Mes larmes grésillent
En éteignant
Les braises.

28
De temps en temps
Les nuages nous reposent
De tant regarder la lune.

29
Arc pour battre le coton
aussi apaisant qu’un luth
derrière les bambous.

30
Ivre de fleurs
la femme armée d’une épée
porte une veste d’homme.

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