Accueil » Sitic Africa 2019 : Pour le renforcement de la coopération entre la Tunisie, l’Afrique et l’Occident dans le secteur des TICs

Sitic Africa 2019 : Pour le renforcement de la coopération entre la Tunisie, l’Afrique et l’Occident dans le secteur des TICs

En organisant la 3e édition du Salon international des technologies et de la communication dédié à l’Afrique (Sitic Africa 2019), la Tunisie a été, durant trois jours, du 18 au 20 juin 2019, la capitale du monde numérique dans le continent.

Par Cherif Ben Younès

C’est au Parc des expositions du Kram que cet événement a eu lieu. Un rendez-vous devenu incontournable pour les pionniers des technologies de l’information et de la communication (TICs), les chefs d’entreprises africaines et internationales, les professionnels de l’informatique et les décideurs, qui viennent partager leurs expériences, prendre part à des débats ou rechercher de nouvelles opportunités de coopération.

Retour sur la participation d’une jeune organisation tunisienne venant du Québec (Canada) : la Jeune chambre tunisienne du Québec (JCTQ), qui, grâce à la pertinence de ses activités, a été récemment vice-championne du concours organisé par le Regroupement de jeunes chambres de commerce (RJCCQ), ainsi que sur l’un des panels les plus enrichissants du forum : «L’intelligence artificielle au service du conseiller clientèle».

Objectif de la JCTQ : consolider les liens d’affaires entre la Tunisie et le Canada

Lors de notre visite à ce Salon, nous avons donc rencontré Chaïma Ben Miloud, présidente et fondatrice de la JCTQ, qui a été officiellement lancée, à Montréal, en 2017, et dont la mission est axée autour de 3 volets…

Le premier consiste à offrir des opportunités de réseautage professionnel. «On essaye de partager le savoir, l’expérience et proposer une vraie entraide aux jeunes qui résident au Québec», a assuré Mme Ben Miloud.

Le deuxième volet est le support au développement de carrière. Une service que procure la JCTQ, à travers des conférences, des ateliers ou des formations sur divers thèmes tels que l’import-export, l’intelligence artificielle, la rédaction de plan d’affaire etc. et ce pour tout jeune aspirant à évoluer professionnellement, que ce soit pour lancer un projet, devenir exécutif dans sa compagnie, ou pour tout autre motif professionnel.

«Puisque nous sommes des bénévoles, on ne peut pas prendre tout ça en charge, de façon directe. Nous référons, par conséquent, ces jeunes désireux d’évoluer dans leurs carrières, à des partenaires spécialisés. À ce jour, nous avons plus de 25 partenaires à Montréal», a déclaré la jeune présidente.

Enfin, le troisième volet consiste à consolider les liens d’affaires entre la Tunisie et le Canada. Cela se fait soit par des missions commerciales ou via des projets. À cet effet, Chaïma Ben Miloud nous a indiqué que l’année dernière, son association avait réalisé, en Tunisie, sa première mission commerciale. Une mission entièrement organisée par la JCTQ.

«Au cours de cette mission, nous avons réussi, en à peine une semaine, à réaliser beaucoup d’activités. On a rencontré quasiment tout l’écosystème des startups en Tunisie (caisses de dépôt, institutions financières, beaucoup de médias, etc.), et on a ramené 6 startups canadiennes. Cela a fini par porter ses fruits puisque d’une part, nous avons eu des partenariats, et que d’autre part, parmi les entreprises canadiennes qui nous ont accompagnés, il y en a eu qui avaient trouvé des mains d’œuvre en Tunisie et d’autres qui sont actuellement en train d’y ouvrir des filiales», a expliqué la fondatrice de la JCTQ.

Ce succès a permis à l’organisation d’être finaliste au concours du RJCCQ, et a encouragé ses membres à revenir cette année en Tunisie pour le Sitic Africa. «On est ici pour participer à la foire et également pour faire le suivi de notre mission de l’année passée», a assuré Mme Ben Miloud.

En outre, la JCTQ a rencontré, au cours de son séjour en Tunisie de 2019, la ministre des Relations internationales et de la Francophonie du Gouvernement du Québec, Nadine Girault, également présente à l’occasion du Sitic. «Nous avons noué des relations avec elle et lui avons adressé une lettre de motivation pour supporter l’organisation, notamment en vue du sommet de la francophonie en octobre 2020, qui se tiendra en Tunisie», a souligné la Tuniso-canadienne.

La JCTQ a, par ailleurs, signé des ententes de collaboration, à l’instar de celle avec Cogite Coworking Space, notamment dans le but d’assurer une délégation tunisienne au Startupfest, qui se tiendra à Montréal, en juillet 2020.

La Jeune chambre a réalisé une autre entente pertinente, à savoir celle avec la Caisse des dépôts et consignations tunisienne (CDC) : «Nous avons trouvé cela particulièrement intéressant pour la Tunisie de procurer, pour la 1ère fois, des fonds publics pour des projets en partenariat public privé (PPP), en privatisation. Et le but de notre entente avec la CDC est de lui faciliter le contact au Canada. En effet, avant de venir à cette mission, nous avons rencontré le ministre des finances canadien pour initier ce contact et planifier une visite de prospection de la CDC à la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), notamment pour l’échange de bonnes pratiques, de prototypes et, pourquoi pas, dans l’avenir, pour la création de projets communs ou le co-investissement».

Forum sur l’intelligence artificielle dans le monde des finances

L’autre volet important, au Sitic Africa 2019, est l’organisation de forums et de «workshops» (ateliers collaboratifs) sur des sujets d’actualité, relatifs aux affaires des TIC. Parmi lesquels, un débat sur l’intelligence artificielle (IA) s’est tenu mercredi, 19 juin 2019, et avait pour principal objectif de présenter et de discuter les défis et les opportunités de l’application dans le monde des finances des méthodes issues de ce nouveau concept informatique incontournable.

La présentation de Zied Touzani, responsable des partenariats en intelligence artificielle, au sein de l’entreprise montréalaise Dataperformers, sur l’IA et son lien avec le domaine financier, a été particulièrement intéressante d’un point de vue pédagogique.

Le jeune conférencier a d’abord signalé le caractère antinomique du terme «intelligence artificielle», puisque le premier concept qui le compose, celui de l’intelligence, fait référence à l’humain, tandis que le deuxième, l’artificiel, est l’opposé de tout ce qui est humain. «Cela génère beaucoup de confusion et d’angoisse dans l’esprit des gens quand on parle d’intelligence artificielle. D’ailleurs, nous-mêmes, les informaticiens, nous préférons le mot «machine learning» (l’apprentissage automatique), qui est une sous-partie de l’intelligence artificielle», a-t-il expliqué.

À partir de ce constat, M. Touzani a choisi la définition du mathématicien et homme politique français, Cédric Villani, pour initier les présents à la signification technique de l’IA : Il s’agit d’un vaste programme «fondé autour d’un objectif ambitieux : comprendre comment fonctionne la cognition humaine et la reproduire».

«Traditionnellement, la programmation [informatique] se faisait de façon exclusivement manuelle : des êtres humains qui écrivent des algorithmes. L’IA a révolutionné ce paradigme par une approche totalement nouvelle. Désormais, la machine apprend toute seule. On a toujours des algorithmes, mais qui servent à l’entraîner et à lui montrer le chemin à suivre», a-t-il développé.

M. Touzani a, par ailleurs, mis l’accent sur l’impact de l’IA sur le secteur financier. A cet effet, il a assuré que d’ici 2020, les institutions financières investiront près de 10 milliards de dollars dans l’IA, et que 76% des «chiefs experience officer» (CXO) des banques conviennent que l’adoption de celle-ci est essentielle à la capacité de leur entreprise de se différencier. C’est donc un domaine qu’il faut bien exploiter, dès maintenant, a estimé le jeune informaticien.

Tentant de répondre à la question de savoir comment l’IA remodèlera les services financiers, Zied Touzani a estimé que cela se fera d’abord à travers l’externalisation de l’ensemble des activités de supports, de contrôle et d’administration (back-office) du secteur, et ce pour des raisons de coût et d’interopérabilité.

L’autre transformation qu’il prévoit consiste en une bataille des entreprises pour la fidélisation des clients, du fait du degré élevé de personnalisation que permet l’IA. Un aspect qui entraînera également, selon le conférencier, une autonomisation des clients.

D’autre part, la lutte contre la fraude et le blanchiment d’argent sera bien plus facile grâce à l’IA, laquelle est «très forte pour détecter les anomalies» selon M. Touzani, qui a rappelé que les grandes compagnies internationales de cartes bancaires, comme Visa ou Master Card, ou encore le système Swift, utilisent des modèles fondés sur l’IA pour faire ce genre de détections. Dans le même ordre d’idées, l’entreprise ComplyAdvantage estime pouvoir réduire de 94% les faux positifs lorsque ça a trait aux alertes ayant rapport avec le blanchiment d’argent.

Enfin, les partenariats pour le partage des données est un autre aspect qui devrait considérablement se développer grâce à l’IA, relève M. Touzani, qui a comparé les données au pétrole qui permet de développer les modèles de l’IA. Par conséquent, plusieurs compagnies choisiront de s’unir dans le but de les partager. A titre d’exemple,. Amazon a déjà entrepris une alliance avec JPMorgan et Berkshire pour pouvoir partager entre elles les données.

Des centaines de rencontres B2B

Outre la foire et les forums, le Sitic Africa 2019 a été l’occasion pour de nombreux entrepreneurs Africains et internationaux de s’entretenir, via des rencontres «business to business» (B2B), et ce dans le but de favoriser l’investissement, le partenariat et l’exportation, dans le cadre d’une coopération triangulaire entre la Tunisie, l’Afrique et l’Occident.

Donnez votre avis

Votre adresse email ne sera pas publique.