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Dénonciation de la corruption : I Watch munit sa plateforme Billkamcha d’un conseiller juridique virtuel

I Watch, organisme tunisien à but non lucratif (OBNL), a organisé, mercredi 10 juillet 2019, à l’hôtel Africa, de Tunis, une conférence de presse pour annoncer le lancement de la nouvelle version de son site internet de dénonciation de la corruption, ‘‘Billkamcha.tn’’.

Par Cherif Ben Younès

La grande nouveauté de cette nouvelle version du site dédié au signalement des cas de corruption par les citoyens tunisiens c’est la mise en place d’un conseiller juridique virtuel avec lequel le dénonciateur peut interagir en temps réel, afin de demander des renseignements au sujet des affaires de corruption.

Un plan d’action pour le soutien de l’intégrité des collectivités locales

La directrice de projets au sein de l’organisation, Yosra Mokadem, a indiqué, lors de la conférence de presse, que cette évolution technologique entre dans le cadre d’un projet entamé depuis septembre 2018 par I Watch, intitulé «Plans d’action sociétaux pour le soutien de l’intégrité des collectivités locales». Un projet qui vise à renforcer les stratégies sociales, ayant pour but de demander des comptes aux collectivités locales et de consolider le rôle du citoyen dans la dénonciation de la corruption administrative et financière.

«Ces collectivités locales, a-t-elle précisé, sont les conseils municipaux, les journalistes et les citoyens. Nous allons mettre des formations à la disposition de ces parties et collaborer avec les journalistes en vue de les intégrer davantage dans la guerre contre la corruption, sur le plan local. C’est dans le cadre de ce projet que nous avons mis à jour le site internet ‘‘Billkamcha’’.»

‘‘Billkamcha.tn’’ évolue grâce à l’intelligence artificielle

Lancé pour la première fois en 2014, ce site était, à ce moment-là, sur le plan technologique, «relativement primitif», comme l’a qualifié le président de l’organisme, Achref Aouadi, qui a indiqué, cependant, qu’à l’époque, on ne pouvait pas mieux faire. «On permettait aux citoyens de dénoncer la corruption via les SMS. Et même si on parle d’un passé proche, la technologie qu’on a utilisé, celle des cartes interactives, était très évoluée», a-t-il précisé.

S’en est suivi une première mise-à-jour du site, en 2016, qui avait permis, en plus des SMS, de réaliser le signalement par e-mail ou via un formulaire en ligne. Mais ce n’était pas tout, puisqu’une innovation majeure avait accompagné cette deuxième version, à savoir la mise en place d’une équipe juridique pour traiter les affaires de corruption signalées. «Avant 2016, le site ‘‘Billkamcha’’ pouvait simplement regrouper l’ensemble des affaires signalées, sans que celles-ci ne soient traitées par quiconque», a rappelé M. Aouadi.

L’idée de la 3e version de ce site, qui fait l’objet de cette conférence, est de continuer à tirer profit du progrès de l’informatique. Plus précisément, l’objectif d’I Watch, aujourd’hui, est d’introduire la technologie de l’intelligence artificielle (IA). «On a fait ce choix, d’abord parce que l’IA c’est l’avenir, et ensuite pour pouvoir traiter le plus grand nombre possible de signalements», a assuré le jeune président.

«Nous avons actuellement une équipe de 3 experts en droit, des plus compétents dans le pays. Mais qu’on le veuille ou pas, vu leur nombre, ils ne peuvent pas traiter toutes les affaires qu’on reçoit avec l’efficience espérée. Cette situation fait que notre rythme est extrêmement lent. D’autant plus que certaines affaires demandent un délai de 9 mois, voire une année pour pouvoir les entamer, le temps de finaliser toutes procédures nécessaires pour avoir le droit d’accès à l’information (DAI)», a-t-il regretté.

Achref Aouadi a, d’ailleurs, profité de l’occasion pour rappeler toutes les magouilles administratives auxquelles ils font face dans leur quête du DAI, qui est pourtant un droit constitutionnel et fondamental de l’individu et de la collectivité.

À partir d’aujourd’hui, donc, le site ‘‘Billkamcha.tn’’ va apporter des conseils aux dénonciateurs de corruption en temps réel, grâce au conseiller juridique virtuel, qui va essayer d’analyser globalement les affaires reçues et aider le citoyen à procéder au signalement de manière plus précise et plus efficace.

Cependant, il ne faut pas trop s’emballer. Ce conseiller virtuel ne sera pas doté, pour autant, d’une intelligence proche de celle de l’humain. On en est même encore loin, comme l’a rappelé M. Aouadi, qui a espéré que cela puisse être réalisé lors des prochaines versions du site. Pour le moment, il faut se contenter d’un programme qui se base sur l’historique des affaires traitées pour tenter d’aider l’utilisateur.

I Watch essaye de mieux servir des citoyens qui lui ont, jusque là, fait confiance

De son côté, Tasnim Tayari, conseillère juridique au sein d’I Watch pour le soutien et l’accompagnement des victimes de corruption, a souligné que le centre a reçu entre 2016 et 2018 près de 700 affaires. «Ce qui donne une idée sur la confiance que le citoyen accorde à l’organisation», s’est-elle félicitée.

Mme Tayari a affirmé, par ailleurs, qu’à travers cette nouvelle version de ‘‘Billkamcha.tn’’, I Watch souhaite conférer davantage de garanties à la confidentialité de la dénonciation et une meilleure protection pour le dénonciateur.

À propos de ce dernier point, elle a annoncé que tous les champs du formulaire de mise en ligne d’une affaire de corruption, relatifs à l’identification de l’utilisateur (tels que le nom, le prénom, l’adresse, etc.) sont facultatifs.

Le site vise aussi, a-t-elle poursuivi, à créer un climat propice pour la reddition de comptes et à réduire l’impunité.

Créée le 21 mars 2011, I Watch est une organisation indépendante, ayant pour objectif de détecter la corruption financière et administrative et garantir la transparence des manifestations politiques et des différentes étapes du processus électoral.

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