Décès de Naim Barhoumi, Monsieur Univers et champion de la lutte contre les produits dopants

Le champion mondial tunisien de body building, Naïm Barhoumi, décédé hier, dimanche 8 septembre 2019, d’une crise cardiaque, était un sportif hors pair, doublé d’un fervent défenseur de son sport.

Pompier dans la vie en France, dirigeant dans un club de fitness à Mantes-la-Ville, aux Yvelines, région parisienne, Naim Barhoumi était avant tout un athlète de haut niveau, un passionné de culturisme, et un chantre de la lutte contre les produits dopants importés notamment de Chine en Tunisie et très répandus dans le milieu du body building.

Dans son blog, il donnait quotidiennement des conseils utiles aux culturistes pour manger correctement et surtout éviter de consommer les produits bon marché et dangereux qui circulent sur le marché. Les stéroïdes comme le dianabol, très prisé par les culturistes parce ce que non seulement à la portée des bourses (30 dinars la boîte) mais aussi permet de gagner rapidement en masse musculaire, sont à 99% suspects.

Barhoumi a toujours essayé de toucher les décideurs afin d’interdire l’arrivée sur le marché de ces produits mortels (que de victimes en salle de musculation dont on ne parle pas) et de réduire les taxes sur la distribution de compléments propres, comme les protéines en poudre ou la créatine, plus chers mais sans danger pour le foie et les reins. Il comptait sur le soutien logistique du ministère de la Jeunesse et des Sports pour organiser une vaste tournée en Tunisie afin de sensibiliser les bodybuilders aux bonnes méthodes de préparation. En vain !

Monsieur Univers 2015 IFBB (International Federation of Bodybuilding and Fitness), médaillé de bronze au championnat du monde 2016, premier Tunisien qui a été aussi loin, Barhoumi peine face aux contre-temps administratifs dans son pays. Comme d’ailleurs pour sa préparation au championnat du monde en ce mois de septembre 2019 à Alicante et à l’Arnold Classic, le mois prochain à Barcelone.

Footballeur, nageur puis handballeur dans son club de cœur, l’Espérance sportive de Tunis (EST), sa mère l’encourage à pratiquer le culturisme. Elle hypothèque ses bijoux pour couvrir les frais d’entraînement et de diète de son enfant. La passion est née chez ce garçon de Bab Souika. Le soutien de sa mère l’a construit. Il comprit que pour réussir, il faudrait aimer ce qu’on fait ! Une leçon de vie qui lui a permis de monter petit à petit et d’être félicité, le jour de sa consécration, par le grand champion de culturisme (5 titres) et acteur de cinéma, Arnold Schwarzenegger, devenu gouverneur de la Californie de 2003 à 2011.

Naim Barhoumi parti, son sport demeure mal organisé avec des salles pas convenablement équipées, des pratiquants pour la plupart sans véritable formation adéquate, une fédération qui démarre difficilement et une autorité de tutelle peu réactive. Y a-t-il un autre Barhoumi pour prendre le relais ?

H. M.