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Présidentielle 2019 : l’énergie nucléaire, proposée par Mohsen Marzouk, est-elle la meilleure solution pour remédier au stress hydrique en Tunisie ?

Interpellé, lors du 2e débat présidentiel organisé, dimanche8 septembre 2019, par la chaîne publique Watania 1, sur les solutions qu’il peut apporter au stress hydrique en Tunisie, Mohsen Marzouk, candidat du parti Machrou Tounès, a proposé le recours à l’énergie nucléaire civile pour dessaler l’eau de mer et subvenir aux besoins du pays en eau.

Par Khémaies Krimi

«L’eau est une problématique majeure et je suis pour la mise en place de tous les moyens possibles pour y remédier, même l’énergie nucléaire pacifique», a-t-il dit, sans aucune hésitation et même avec enthousiasme.

Une centrale à usage civile serait-elle la panacée ?

Concrètement, Mohsen Marzouk a évoqué l’enjeu pour la Tunisie de construire, sur le moyen terme, une centrale nucléaire à usage civil.

Réagissant, sur le plateau, à cette proposition, son concurrent Hatem Boulabiar, candidat indépendant, a mis en garde contre cette option et rappelé les drames générés par les accidents nucléaires de Chernobyl, en Ukraine, en 1986, et de Fukushima au Japon, en 2011.

Cet intérêt pour l’énergie nucléaire civile n’est pas nouveau. Au temps du président déchu Ben Ali, plus exactement, en 2008, le département de l’Energie avait entamé, à l’époque, en partenariat le Centre national des sciences et technologies nucléaires (CNSTN) et la Société tunisienne de l’électricité et du gaz (Steg), une étude de faisabilité technico-économique du projet d’une centrale d’une capacité de 1000 mégawatts. Objectif : subvenir aux besoins du pays en eau à l’horizon 2030.

Il avait même procédé à l’organisation de séminaires pour s’informer des technologies disponibles en matière d’électronucléaire. Parmi les expertises exposées et présentée à Tunis figuraient les technologies nucléaires civiles sud-africaine et canadienne.

Cet intérêt pour le nucléaire n’est pas nouveau

Mieux, ce même département avait établi un calendrier bien précis pour la réalisation, sur 13 à 15 ans, de cette centrale nucléaire à usage pacifique.

Cette période est répartie sur la phase d’études (4 et 5 ans), la phase de lancement de l’appel d’offres (3 ans) et enfin la phase d’installation proprement dite de la centrale (7 et 8 ans). Au final, la centrale, qui devait être implantée aux environs de Gabès, devait être fin prête en 2020. Depuis silence radio sur ce projet en raison du soulèvement du 14 janvier 2011.

Mohsen Marzouk, qui vient de dépoussiérer ce dossier, donne l’impression de jouer le jeu de certains lobbys et experts fossilistes (gaz de schiste) et partisans de l’énergie nucléaire du temps de Ben Ali.

Car, depuis 2011, d’autres experts farouches défenseurs des énergies vertes ont proposé de meilleures solutions respectueuses de l’environnement.

Le solaire d’Imed Derouiche serait le mieux indiqué ?

C’est le cas, entre autres, de l’ingénieur et militant de développement, Imed Derouiche (nous en avons longuement parlé sur Kapitalis), qui a proposé un projet, presque clé en main, pour résoudre le problème de la pénurie d’eau au centre et au sud du pays.

Il a tout prévu : la technologie propre, le financement, le respect de l’environnement et le retour d’investissement.

Pour lui, la solution la plus efficace pour remédier à l’épuisement de la nappe phréatique réside en un mégaprojet de dessalement de l’eau de mer qui fonctionnerait à l’énergie solaire et au gaz naturel et qui ferait de la Tunisie «une oasis à ciel ouvert».

«C’est un procédé révolutionnaire qui permet d’extraire l’eau de mer, de la dessaler pour la rendre potable et de l’injecter dans les nappes profondes entre 100 et 700 mètres pour constituer sa réserve sans limite de stockage ni infrastructure de tuyauteries», explique-t-il.

Autre avantage qui milite en faveur de la viabilité et de la pérennité du projet, la disponibilité en abondance et de manière illimitée en Tunisie des deux éléments naturels sur la base desquels sera réalisé ce projet : un ensoleillement de 200 jours en moyenne par an et l’eau de mer sur un littoral de 1300 kms.

Pour Imed Derouiche, même si le coût de ce mégaprojet risque d’être trop élevé, il y a des possibilités de financements pouvant être mobilisés en Tunisie et à l’extérieur.

Dans cette perspective, il a évoqué la possibilité de lancer un emprunt national et de recourir aux fonds de la COP 21, aux crédits fournisseurs (Japon, Allemagne), à la FAO, aux fonds de Kyoto et à la contribution des sociétés pétrolières, installées au sud du pays, et aux mécanismes d’aide des Nations unies. Soit autant de mécanismes financiers qui permettront de boucler le schéma de financement de ce mégaprojet.

Par ailleurs, le retour d’investissement serait, selon lui, assuré du fait de ses retombées positives sur les secteurs agricole, industriel et touristique, et surtout, sur la consécration de l’indépendance hydrique du pays.

Au plan social, ce mégaprojet aura également des incidences positives dans la mesure où il permettra, selon Imed Derouiche, de créer quelque 25.000 emplois et contribuera à la sédentarisation des communautés du centre et du sud du pays.

Pour revenir à Mohsen Marzouk, qui a déjà proposé, dans le cadre de sa campagne présidentielle, la plantation intensive du cannabis en Tunisie, en Tunisie, pour des fins de santé, il a tout intérêt à tempérer ses ardeurs nucléaires et à privilégier des solutions moins dangereuses, plus soft et plus pratiques.

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