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Indice de liberté économique : La Tunisie toujours à la traîne du classement de Fraser Institute

Publié le 19 septembre 2019, l’indice de liberté économique établi par l’établissement canadien Fraser Institute, a classé la Tunisie au 122e rang sur un total de 162 pays listés.

Par Krimi Khémaies

C’est pour la troisième fois que le classement de la Tunisie recule. En 2015, elle était classée 117e, en 2016 127e et en 2019 122e, et ce malgré les réformes économiques mise en œuvre au cours des dernières années.
Avec un score moyen de 5,23 sur 10 la Tunisie est classée dans la catégorie des pays où on enregistre un taux faible de liberté économique.

Le think tank canadien, qui mesure, à travers cet indice, comment les politiques et institutions des pays soutiennent leur économie, définit la liberté économique comme étant la capacité des individus et des familles à prendre, en toute indépendance, leurs propres décisions économiques.

La Tunisie ne répond pas aux principaux critères

L’indice est calculé sur la base d’une dizaine de critères dont cinq méritent qu’on s’y attarde parce qu’ils concernent particulièrement le cas Tunisie.

Le premier concerne la taille de l’Etat avec ses composantes, dépenses publiques, fiscalité et entreprises publiques. Selon ce critère, lorsque la taille de l’Etat devient trop importante, ce dernier évince l’activité économique du secteur privé et taxe trop lourdement la propriété longuement acquise, réduisant ainsi les libertés.

À titre indicatif, les lois de finances 2017, 2018 et 2019, de par le harcèlement fiscal qu’elles instituent, sont un déni de cette liberté économique.

Le deuxième porte sur le système légal et sur la protection du droit de propriété. D’après ce critère, la protection des individus et de leurs biens est le but ultime de la liberté économique et de la société civile. C’est la fonction la plus importante que devrait assurer un gouvernement.

Le troisième critère a trait à la disponibilité d’une monnaie nationale saine. L’Etat peut aussi réduire la liberté économique en amenuisant, par l’inflation, la valeur des biens et revenus légalement acquis. C’est le cas actuellement en Tunisie.

Effectivement, lorsque l’inflation est non seulement forte mais aussi instable, il devient difficile pour les individus de planifier leur avenir et donc d’utiliser efficacement la liberté économique. Avec une inflation avoisinant les 7%, la Tunisie est loin d’être une économie ultralibérale.

Le quatrième critère consiste en l’accès libre au commerce international. La liberté d’échanger – dans le sens le plus large (achat, vente, conclusion de contrats…) – est essentielle à la liberté économique. Celle-ci est réduite lorsque la liberté à l’échange n’inclut pas les entreprises et les particuliers dans d’autres pays.

Le cinquième critère porte sur la réglementation du travail, du crédit et des affaires. Les gouvernements utilisent non seulement un certain nombre d’outils pour limiter le droit d’échanger au niveau international, mais ils peuvent également élaborer, de surcroît, des règlements à même de limiter le droit à l’échange à l’intérieur même des frontières nationales (situations de monopoles), le droit d’obtenir des crédits, le droit de location ou le droit de travailler pour le compte de la personne ou de l’entité que vous souhaitez, ou à gérer librement votre entreprise. En plus clair, ce critère mesure les limites de la liberté économique suite à une réglementation excessive.

Positionnement de la Tunisie dans la région Mena

Au niveau maghrébin, la Tunisie est mieux classée que des pays comme l’Algérie (159e) et la Libye (161e), mais il n’y a pas de quoi en être fier, puisque notre pays fait moins bien que le Maroc (92e), disposant d’une économie comparable.

Au plan arabe, la Tunisie est de loin devancée par La Jordanie (43e) et les Emirats arabes unis (61e).

Dans le top dix du classement, Hong Kong et Singapour sont en tête, suivis par la Nouvelle-Zélande, la Suisse, les Etats-Unis, l’Irlande, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et l’île Maurice.

«Les pays du quartile supérieur de la liberté économique affichaient un PIB moyen par habitant de 36.770 dollars en 2017, contre 6140 dollars pour les pays du dernier quartile. Et les nations économiquement libres surpassent les nations non libres en termes d’indicateurs de bien-être», explique Fraser Institute.

Les vertus de la liberté économique

Par ailleurs, l’Institut relève que les libertés politiques et civiles sont considérablement plus élevées dans les pays économiquement libres que dans les autres pays.

Aussi, le revenu moyen des 10% les plus pauvres dans les pays économiquement libres dépasse de deux tiers le revenu moyen par habitant des pays les moins libres, c’est-à-dire 10.646 dollars contre 1.503 dollars.

Autre indicateur séparant les deux catégories citées : dans le quartile supérieur du classement, 1,8% de la population souffre de pauvreté extrême (1,90 dollar par jour), contre 27,2% dans le quartile inférieur, alors que le taux de mortalité infantile est de 6,7 pour 1000 naissances dans les pays à l’économie libre contre 40,5% dans les pays moins libres.

C’est là, on l’a compris, un plaidoyer pour le libéralisme, mais les chiffres sont, tout de même, très significatifs et convaincants.

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