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L’islamiste radical Habib Ellouze sort du bois ou le jeu trouble d’Ennahdha

Il ne manquait plus que lui pour compléter le tableau du dépérissement précoce de la démocratie tunisienne.

Alors qu’on l’a presque oublié, Habib Ellouze, le dirigeant extrémiste d’Ennahdha, est sorti de sa tanière, cette semaine, car il y a urgence dans la maison islamiste. La déroute d’Abdelfattah Mourou au premier tour de la présidentielle fait craindre aux stratèges de Monplaisir une déconfiture aux législatives de dimanche prochain, 6 octobre 2019…

Par Marwan Chahla

Cette réapparition soudaine d’Habib Ellouze, sous la forme d’une vidéo d’un peu plus de quatre minutes postée mercredi 2 octobre sur sa page Facebook et dans laquelle il rameute les troupes nahdhaouies et les «forces de la révolution», est le signe indéniable, parmi tant d’autres, qu’une grande frayeur a envahi la maison des Frères musulmans tunisiens.

Le loup de l’islamisme radical sort du bois

Qui mieux que Habib Ellouze, parmi les dirigeants islamistes, pouvait établir un contact direct avec les dégagistes qui ont porté l’étendard de la campagne électorale du candidat indépendant arrivé premier au premier tour de la présidentielle anticipée ? Qui, mieux que lui, pouvait emprunter, sans rougir, la terminologie et le discours de certains fans de Kaïs Saïed ?

Si l’appel insistant – et instantané – lancé par la direction d’Ennahdha auprès de son électorat afin qu’il vote massivement au second tour du 13 octobre pour Kaïs Saïed ne pouvait pas suffire, voici donc, à présent, le plus dur d’entre les durs des Nahdhaouis qui entre en scène pour promettre «l’établissement d’un gouvernement révolutionnaire.» (pas moins!)

Le donnant-donnant qu’offre Ennahdha aux «forces de la révolution» est ainsi clairement exprimé dans cette vidéo de Habib Ellouze: «Il faut soutenir Ennahdha et Kaïs Saïed sera président de la République», explique-t-il. Pour ceux d’entre les partisans du candidat indépendant qui n’ont pas encore compris, M. Ellouze brandit la menace: «Si un gouvernement mafieux est mis en place, Kaïs Saïed ne pourra rien faire.»

Piqué au vif par ses récentes dégringolades électorales – aux municipales de 2018 et au premier tour de la présidentielle anticipée du 15 septembre –, Ennahdha n’a donc pas hésité à annoncer officiellement la fin de «l’expérience consensuelle» et à faire descendre sur le ring l’homme qui incarne le mieux «le retour à l’essence de la révolution du 14 janvier 2011.»

Au diable l’islamo-démocratie et autres reniements de l’islamisme pur et dur qui ont coûté à Ennahdha son influence et pourrait mettre en danger sa survie !

Ennahdha ment et cache son jeu

En fait, au-delà des postures électoralistes – Ennahdha enfourchant le cheval de la révolution pour faire revenir la frange de son électorat qui l’a boudé –, rien n’empêchera le mouvement islamiste, dont l’hypocrisie et l’opportunisme n’ont d’égaux que la duplicité et le mensonge, de renouer avec ses penchants consensuels et le reprendre langue avec les partisans de Nabil Karoui, qui n’a jamais vraiment été un adversaire des islamistes et a même souvent été leur serviteur le plus zélé.

Parions qu’après la sortie des résultats des législatives, les dirigeants islamistes se contenteront de boucher le nez, de s’allier à Qalb Tounes pour former le prochain gouvernement et de s’engouffrer dans la nouvelle brèche qui leur permettra de rester au pouvoir et au cœur même du système de corruption qu’ils feignent aujourd’hui, hypocritement, de dénoncer.

Ces islamiste sont, on le sait, eux-mêmes, des champions toutes catégories de la corruption, et ce n’est pas Rafik Abdessalem, le gendre du président d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, qui nous contredira…

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