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La circoncision est de nouveau remise en question dans le monde arabe

Image remontant à l’ère de l’Egypte antique, où les Pharaons, inventeurs de la circoncision, la pratiquèrent.

L’Organisation de la justice et du développement pour les études du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord a appelé, cette semaine, le parlement égyptien à adopter une loi criminalisant la circoncision. Une pratique religieuse très répandue, notamment dans les sociétés musulmanes, consistant en l’ablation du prépuce chez l’enfant de sexe masculin.

Par Cherif Ben Younès

Il ne s’agit pas de la première fois où la pertinence de cette pratique est remise en doute en Egypte. La médecin et militante, Nawal El Saadawi, a, à titre d’exemple, souvent appelé à y mettre fin, et ce notamment pour des raisons médicales et sexuelles, puisque, selon plusieurs études scientifiques, la circoncision peut diminuer le plaisir et la sensibilité charnels, lors du coït.

Une pratique mal perçue par les droits-de-l’hommistes

La pratique n’est, d’ailleurs, de façon générale, pas très acceptée par les droits-de-l’hommistes, étant donné qu’elle touche à l’intégrité physique des enfants, lesquels doivent avoir le droit de choisir eux-mêmes, une fois à l’âge adulte, de subir cette opération ou non, conformément à leurs propres convictions. Sauf, bien sûr, dans le cas d’une nécessité médicale.

D’autant plus que dans certaines familles, l’ablation du prépuce se fait «à l’ancienne», sans anesthésie, et parfois l’opération n’est même pas confiée à un médecin !

Mais la proposition de cette ONG égyptienne a été particulièrement atypique. Et pour cause, le motif qu’elle a avancé pour la justifier…

Mais les motifs avancés par les Egyptiens manquent parfois de pertinence

En effet, selon son porte-parole, Zaydan Kannai, «la circoncision augmente la fertilité des hommes et est, par conséquent, l’une des raisons principales expliquant l’augmentation des taux de la croissance démographique et de natalité en Egypte». Ce qui est problématique pour ce pays où une large proportion de la population souffre de pauvreté.

M. Kannai a, en fait, simplement repris une très vieille croyance populaire, qui remonte à l’ère de l’Egypte antique, à l’époque des Pharaons, qui furent d’ailleurs les inventeurs de la circoncision, comme il l’a lui-même rappelé, avant que celle-ci ne soit adoptée par plusieurs cultures et religions, dont le judaïsme et l’islam.

Il est bien beau d’avoir une idée sur les raisons originelles qui ont accompagné l’apparition de la circoncision. Mais c’est, tout de même, ridicule de les adopter au XXIe siècle, surtout lorsque l’on est dirigeant d’une organisation de la société civile puisque cela est totalement dépourvu de fondement scientifique !

C’est d’autant plus pathétique que les raisons sensées, qu’elles soient médicales, sexuelles ou philosophiques, pouvant justifier la demande de cette organisation, ne manquent absolument pas.

Bonne chance pour convaincre les conservateurs d’abandonner leurs coutumes religieuses

Quoi qu’il en soit, dans une société aussi conservatrice que celle de l’Egypte, il est inconcevable, aujourd’hui, qu’une telle proposition se matérialise, quels qu’en soient les motifs, et ce au vu de la place importante qu’occupe la pratique dans la conscience collective des musulmans, bien qu’il s’agisse d’une «sunna» (un précepte religieux optionnel, pratiqué et recommandé par le prophète de l’islam).

D’ailleurs, malgré toutes les campagnes de sensibilisation à l’encontre de l’excision, l’autre pratique religieuse qui consiste à ablater une partie de l’appareil génital, pour les enfants de sexe féminin cette fois, et qui est beaucoup plus nuisible et dangereuse, celle-ci est toujours pratiquée par plusieurs familles égyptiennes. Et ce n’est pas demain la veille que cela changera, car les mauvaises pratiques ont toujours la vie dure.

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