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Les actions prioritaires pour sauver la Tunisie de la banqueroute

Le prochain gouvernement doit avoir le courage de prendre des décisions impopulaires et douloureuses.

La Tunisie actuelle, où tous les indicateurs socio-économiques se dégradent à grande vitesse, menant le pays vers la banqueroute et la société vers la dislocation, a besoin de mesures urgentes et fermes d’austérité, pour éviter une catastrophe annoncée.

Par Amor Abbassi *

Il n’est un secret pour personne que la Tunisie vogue, aujourd’hui, comme un navire à la dérive vers un récif destructeur. Que doit faire, dans ce cas, un capitaine chevronné et lucide afin d’éviter la catastrophe ? Tout simplement réduire la vitesse du navire en virant, suivant sa situation par rapport au récif, simultanément à tribord ou bas bord avec le plus petit rayon de giration possible ! Une fois le récif évité, le navire peut poursuivre sa route et reprendre de la vitesse.

C’est bien le cas de la Tunisie actuellement, où tous les indicateurs socio-économiques se dégradent à grande vitesse, menant le pays vers la banqueroute et la société vers la dislocation.

Pour des mesures urgentes et fermes d’austérité

Devant cette situation, il est impératif de prendre les mesures urgentes et fermes d’austérité, nécessaires pour éviter la catastrophe irréversible. Parmi ces mesures, nous suggérons ci-dessous celles qui nous semblent les plus urgentes et les plus à même d’aider le gouvernement à redresser les finances publiques et à faire face à la crise.

D’abord, il convient de réduire le déficit de la balance commerciale en interdisant l’importation des produits superflus et de luxe, qui peuvent être définis en analysant les statistiques du commerce extérieur à l’importation. Cette mesure, permettra de réduire un tant soit peu le déficit de la balance commerciale de plusieurs centaines de millions de dinars et d’aider à la reprise des petites et moyennes entreprises locales dont les activités ont beaucoup souffert des importations massives et souvent abusives (contrebande…).

Il convient ensuite de réduire, au niveau de tous les ministères et des établissements publics, les budgets de gestion, et notamment par la suppression de l’octroi et de l’utilisation des voitures de fonction en les remplaçant par des indemnités de déplacement fixées selon le niveau de chaque fonction. Pour cela, il sera accordé à chaque utilisateur d’une voiture de fonction le droit de son achat au prix de l’argus. Cette mesure devra être appliquée à tous les fonctionnaires de l’Etat et des Etablissements publics y compris les ministres et les présidents et directeurs généraux des entreprises publiques. Elle aura pour conséquence de faire économiser au niveau du budget annuel de l’Etat plus de 800 millions de dinars tunisiens (MDT)! Et de récupérer la valeur de ce parc de voitures, que nous évaluons à plusieurs dizaines de millions de dinars.

Il faut aussi réviser le projet de loi des finances de l’année 2020 de manière à en réduire autant que possible les budgets de gestion au profit de ceux d’investissement, de réduire le poids fiscal pesant sur les salariés, les petites entreprises et les futurs investisseurs. Nous suggérons, en outre, d’augmenter l’impôt sur les bénéfices des banques; cette mesure permettra de rapporter un pactole qui pourrait contribuer à réduire le déficit des caisses sociales !

Il faut prévoir aussi et surtout une incitation alléchante permettant au marché parallèle d’intégrer le régime fiscal, ce qui permettra d’augmenter les recettes de l’Etat de dizaines de millions de dinars !

Renégocier le rééchelonnement de la dette

Une autre mesure nous semble importante : la renégociation du calendrier de remboursement de la dette et des taux d’intérêts auprès envers le FMI, de la Banque Mondiale et des autres bailleurs de fonds, de manière à permettre une reprise plus aisée de notre économie.

Ces mesures, et d’autres visant la même opération de sauvetage de l’économie tunisienne, nécessitent beaucoup d’audace et de fermeté de la part des nouveaux dirigeants du pays. Mais elles nous semblent urgentes, inévitables et, surtout, salutaires. Les intérêts de nos partenaires ne seront pas lourdement affectés, mais ils permettront à notre pays de reprendre son souffle et de repartir de bon pied.

* Ingénieur général du génie maritime.

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