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À propos de la recrudescence des violences urbaines

Tous les jours, des jeunes voire des mineurs, auteurs de violences et de braquages, sont arrêtés par la police.

La violence dont on parle depuis quelques semaines (braquages, vols à l’arraché, vols à la tire, etc.) ne s’explique pas seulement par les conditions économiques difficiles et le sentiment d’injustice, elle s’inscrit également dans une «culture de rue» qui est porteuse d’une vision positive de la violence. Cette culture qui valorise la violence est omniprésente dans nos quartiers.

Par Mohamed Sadok Lejri *

Il faut également souligner le caractère ludique de certains comportements de violence. En effet, la violence répond à certaines valeurs et modalités, tantôt elle résulte d’une volonté de domination, tantôt elle relève plus de l’ordre du jeu que de l’expression d’une haine éprouvée par une population à la fois jeune, sans formation, en bas de l’échelle sociale et d’origine rurale. Car, il faut avouer, que les jeunes délinquants en question se sentent le plus souvent quadruplement dominés et «ethniquement» ou socialement différenciés : «battal» (chômeur), «barrani» (étranger), «zaouali» (pauvre) et «jabri» (ringard).

De la «tolérance zéro» au dialogue avec les jeunes

De nombreuses études ont été effectuées sur ce thème, les rackets de toute sorte et les pratiques des «dépouilles» font l’objet d’une grande attention de la part de bon nombre de sociologues, anthropologues et psychologues. En Occident, cette violence est sans cesse analysée par les services de police, les juges, les travailleurs sociaux et les pouvoirs publics. En guise de réponse au phénomène de violence, les autorités hésitent toujours entre la «tolérance zéro» et le dialogue avec les jeunes, notamment entre les jeunes et la police (de proximité par exemple) avec le concours des responsables associatifs.

Une chose est sûre cependant, c’est qu’avec les nouvelles technologies et la multiplication des médias audiovisuels, la violence qui constitue le sujet de toutes les conversations ces derniers jours (les «braquajet») devient socialement visible et entraîne une panique collective. Autre chose qui fait l’unanimité parmi les chercheurs et les spécialistes de la question : il existe des causes sociologiques pérennes à cette violence, des causes que tout le monde connaît, à savoir la sous-éducation, le chômage et la misère.

Exode rural et urbanisation mal contrôlée

Il y a aussi la tentation suscitée par la société de consommation. Dans un monde où la célèbre formule cartésienne a été remplacée par «Je consomme, donc je suis», plus la consommation devient faible, plus le sentiment de frustration, voire d’humiliation, s’exacerbe.

P.-S. : Les vagues d’exode rural vers les grandes villes côtières et l’urbanisation mal contrôlée y sont également pour quelque chose; mais ceci est une autre paire de manches.

* Universitaire.

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