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Emouvantes retrouvailles du Trio Joubran avec le public tunisien

Dans le cadre du Festival arabe de musique engagée, le Trio Joubran, groupe d’instrumentistes palestiniens à la renommée internationale, a offert un moment de grande musique au public tunisien, le soir du mardi 4 février 2020, à la salle de l’Opéra, à la Cité de la culture de Tunis.

Par Fawz Ben Ali

Le Festival arabe de musique engagée qui avait démarré le 1e février et qui s’est clôturé hier soir, jeudi 6 février, avec la chanteuse syrienne Faïa Younan, a investi cette année, pour la première, la Cité de la culture de Tunis, en plus des deux maisons de culture, Ibn Rachiq et Ibn Khaldoun.

Les ambassadeurs de la Palestine dans le monde

La date phare de cette édition a été celle du Trio Joubran, attendu depuis plusieurs années en Tunisie où les trois musiciens palestiniens comptent un grand nombre de fans; d’ailleurs les billets s’étaient envolés deux jours seulement après leur mise en vente.

C’est donc à guichet fermé que le trio de frères palestiniens originaires de Nazareth s’est produit sur la scène de l’Opéra, la plus grande salle du pays. Depuis leur premier concert en 2004 donné au Jardin du Luxembourg à Paris, Samir, Wissam et Adnan Joubran ont sillonné les plus grandes scènes d’Europe et d’Amérique; ils sont désormais les ambassadeurs de la culture et de la cause palestiniennes dans le monde.

Après une longue absence, les trois virtuoses du oud ont retrouvé avec beaucoup d’émotion le public tunisien. Une date avec laquelle ils ont choisi de clôturer une longue tournée mondiale où ils s’étaient fait accompagner notamment pas le percussionniste palestinien Youssef Hbeisch, qui fait désormais partie de la troupe. «Heureux de revenir en Tunisie, là où il y a eu la plus belle révolution arabe, et qui représente pour nous un deuxième pays et une deuxième famille», a confié le trio lors d’un point de presse, quelques heures avant de monter sur scène.

Le oud représente un héritage culturel mais aussi familial pour les frères Joubran, puisqu’ils sont issus d’une famille de luthistes sur quatre générations. L’ensemble de leurs compositions tourne autour de cet instrument emblématique de la musique arabe dont ils ont su préserver l’authenticité tout en l’emmenant vers des registres plus modernes et plus jazzy où la mélodie orientale rencontre les sons de la contrebasse et des percussions dans une parfaite harmonie.

Mahmoud Darwich, toujours là…

Depuis le tout début, la musique du Trio Joubran a été associée à la figure du grand poète palestinien Mahmoud Darwich qui a toujours occupé une place importante dans tous les albums, et dont la poésie a donné voix aux compositions instrumentales du trio, on retiendra notamment le célébrissime ‘‘L’art d’aimer’’ (Intadher’ha), ayant cumulé des millions d’écoutes sur les réseaux sociaux et déclenché la notoriété du groupe. «Nous ne pourrons jamais nous détacher de Mahmoud Darwich», soulignent-ils.

Au sommet de leur art, les frères Joubran nous ont offert un délicieux récital aux allures d’un show ayant pour vedette un trio de luths comme on en entend très peu désormais dans le monde arabe. Le concert était majoritairement consacré à la découverte du nouvel album ‘‘The long march’’ qui sort après cinq ans d’absence.

Durant cette soirée, on a écouté des titres de ce 6e album qui représente un tournant dans la carrière du Trio, puisqu’il est marqué par une collaboration inédite avec le chanteur, guitariste et cofondateur du légendaire groupe britannique Pink Floyd. En tant que fervent défenseur de la cause palestinienne, Waters a donné sa voix dans cet album à des titres comme ‘‘Carry the earth’’ (qui rend hommage aux enfants tués en 2014 sur une plage à Gaza alors qu’ils étaient en train de jouer), ou encore ‘‘Supremacy’’ (en réponse au président américain Trump qui avait reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël), deux titres parmi d’autre qui reprennent des poèmes de Darwich traduits en anglais.

Le trio palestinien dont on se rappelle encore la belle performance au Théâtre romain de Carthage en 2012, a promis de revenir très prochainement en Tunisie, ce pays qu’ils semblent tout particulièrement chérir.

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